On a eu l'occasion de parler de Jérémie Herscovic - et surtout de sa startup SoCloz - il y a quelques jours pour sa levée de fonds réussie (ici) et c'est à son tour de répondre à nos questions. La première partie parlait de l'aventure humaine, Jérémie Herscovic nous livre maintenant ses conseils pour faire une bonne levée de fonds :
#1 Comment on fait pour amorcer une levée de fonds? Quelles sont les premières étapes?
Le premier conseil que je donnerais serait de ne pas y aller seul. Les rencontres sont clés dans une levée de fonds. Une rencontre peut déclencher des réactions en chaine menant à un investissement.
Il y a donc un certain nombre de personnes et de sociétés permettant d’aller rencontrer directement les bonnes personnes et apportant également une expertise sur la stratégie dans la levée.
Etre accompagné peut faire gagner plusieurs mois.
Je dois notamment rendre hommage à Clipperton Finance qui a fait le choix de nous accompagner relativement tôt.
#2 L'élément central, c'est la valorisation, comment la faire?
Une bonne proposition ne tient pas qu’à une valorisation élevée. En effet, plusieurs clauses peuvent avoir un impact majeur si elles ne sont pas étudiées.
Dans notre cas, la valorisation s’est faite sur la base du montant à lever et du % du capital que nous étions prêts à céder. Les calculs de multiples, ou un DCF ne nous ont servi en rien.
#3 Tu contactes les investisseurs ou ils viennent d'eux-mêmes s'intéresser à toi?
Les deux peuvent exister. Dans notre cas, et pour des raisons de timing, nous avons pris les devants et avons décidé de ne pas attendre de nous faire courtiser. Au final, la valorisation et autres clauses ne se font pas sur la base de qui a démarché qui, mais plutôt sur l’engouement de votre dosseur sur la place.
#4 Comment les convaincre? Tu parlais de faire "monter la mayonnaise" : ça marche?
Il nous a fallu plusieurs éléments :
- Montrer que notre vision était la bonne. Pour cela, il faut raconter une Histoire !
- Montrer notre capacité à délivrer de manière structurée et simple : donner quelques objectifs à court-terme et montrer lors de la prochaine discussion qu’ils ont été réalisés
- Draguer un maximum d’investisseurs afin de créer une émulsion sur le marché. Faire monter la mayonnaise, oui !
Tout ceci doit se faire en faisant preuve d’une forte capacité d’écoute afin de prendre un maximum de recul
#5 Qu'est-ce que tu penses d'ailleurs du climat actuel autour des levées de fonds et des investissements en France?
Il est devenu très compliqué de lever des fonds surtout depuis le début de l’année, faute à la conjoncture.
De manière plus générale, nous avons constaté qu’il est très difficile pour un projet innovant de lever des fonds en France. En effet, de nombreux investisseurs réfléchissent en termes de génération de chiffres d’affaires et non en termes de constitution d’un actif. Ce type d’investisseurs demandent que vous réalisiez déjà un chiffre d’affaires, et que votre modèle soit défini. Or, souvent les projets les plus innovants n’ont pas pu encore rencontrer leur modèle, malgré l’actif formidable qui a pu être créé. A titre d’exemple, le chiffre d’affaires de Facebook a mis du temps à décoller malgré la valeur formidable de son actif. Il n’est pas sur que Facebook aurait trouvé un investisseur en France.
La capacité à innover, et à créer des starts up française est certainement aussi bonne que celles de la Silicon Valley. La vraie différence tient dans la capacité du Capital Risque français à accompagner des modèles novateurs. Ce sont souvent des BA qui accompagnent ces projets mais avec des montants limités les mettant souvent ces star-ups hors du timing marché. Entre 300 K et 1000 K, c’est la galère !
Cependant, nos investisseurs, Alven et FaDièse, font mentir cet adage. Nous avons trouvé des interlocuteurs qui ont parfaitement saisis la puissance de l’actif que nous créons et la valeur que nous commençons à en retirer. Nous sommes fiers d’être accompagnés par eux.