Article initialement publié en février 2018
Reclus depuis juin 2012 dans l’ambassade d’Equateur à Londres, Julian Assange aura fait forte impression ce midi, lors de la Maddy Keynote 2018. Durant une heure, le fondateur de WikiLeaks a égrainé tous ses sujets de prédilection, et a brossé le portrait d'une société on ne peut plus gangrenée par ses névroses technologiques.
Le pouvoir n'est aujourd'hui plus entre les mains des politiques mais de la technologie
Julian Assange a ainsi commencé par rappeler l'importance de la cryptologie pour protéger au mieux les citoyens et assurer leur liberté, dans une société toujours plus numérique : "la cryptologie est une force protectrice et le moyen de la liberté dans notre société numérique", précise-t-il. Selon lui, les internautes qui laissent encore les acteurs du numérique comme WhatsApp, Google ou encore Facebook n'ont aucune conscience des risques qu'ils encourent, et devraient arrêter de confier leurs informations, quelles qu'elles soient, à ce type d'acteurs, qui basent leur modèle économique sur l'extraction de leurs données.
Un signal d'alarme qu'il réitère au sujet des fake news, inventées selon lui par les GAFAs afin de mettre la main sur les informations divulguées sur les réseaux sociaux : "Les GAFA utilisent le prétexte des fake news pour réguler ce qui se dit sur les plateformes social media". Mais il rappelle que "les fake news ne sont pas un phénomène nouveau" et refuse de faire peser l'entière responsabilité du phénomène sur la technologie. "Les êtres humains sont des menteurs par nature", assène sans détour Julian Assange. Tout en reconnaissant qu'il faut que nous apprenions à "faire la différence entre la réalité et la réalité fabriquée". D'autant que, là encore, il n'hésite pas à pointer du doigt les GAFAs.
Les GAFAs utilisent le prétexte des fake news pour faire intervenir l'IA dans le contrôle de l’information
L'intelligence artificielle est une technologie qui inquiète tout particulièrement Julian Assange, qui alerte sur cette "arme nucléaire pour les États" : "l'IA est la bombe nucléaire de notre siècle et un outil de surveillance de masse privilégié pour les #GAFA et les gouvernement", précise-t-il. Face aux États-Unis et à la Chine, très avancés dans le domaine, l'Europe ne ferait pas le poids : "les quelques entreprises européennes qui réussissent sont rachetées par des entreprises américaines ou chinoises... Il faudrait un géant européen de la tech mais ce n'est pas possible à cause de la diversité du continent".