Lors de la deuxième journée du nouveau salon tech de Loïc le Meur, Leaders, Maddyness animait une conférence sur la réalité virtuelle. Timoni West designer en chef d'Unity Labs, et Helen Situ, éditrice chez Virtual Reality Pop, sont revenues sur ses réussites et ses écueils et ont dessiné quelques pistes pour son avenir.
A l'occasion du salon Tech Leade.rs Paris, une conférence réunissait Timoni West, designer en chef d'Unity Labs, et Helen Situ, créatrice du magazine Virtual Reality Pop, pour dresser un état des lieux et évoquer le futur de la réalité virtuelle. Difficile aujourd'hui de se faire une idée de la pénétration des casques dans la population. A fin 2016, seul le Samsung Gear VR dépassait le million d'exemplaires expédiés des entrepôts, avec 4,51 millions d'exemplaires écoulés. Mais Samsung ayant réalisé plusieurs offres promotionnelles offrant un casque pour l'achat d'un smartphone, cela ne traduit pas nécessairement un engouement réel des consommateurs. Combien de casques prennent aujourd'hui la poussière sur des étagères ? Juste derrière Samsung, PlayStation a écoulé 750 000 exemplaires de son PlayStation VR, soit près du double de HTC, troisième avec 420 000 HTC Vive écoulés. "Les gens achètent... mais on ne sait pas s'ils l'utilisent vraiment, relativise Timoni West qui remet les choses en perspective en comparant l'adoption de la VR avec celle du smartphone. "Avoir un smartphone, c'est indispensable aujourd'hui pour rester en contact avec ses amis ou pouvoir consulter ses mails n'importe où. Mais un casque de réalité virtuelle ? Quand il trouvera son utilité, comme le fait qu'on puisse identifier instantanément un interlocuteur par exemple, ce sera différent. "
D'autant que ce qui fait le charme de l'expérience en réalité virtuelle pourrait bien ne pas durer. "Au départ, on voulait rendre les expériences en réalité virtuelle les plus immersives possibles, en gommant tout ce qui pouvait rappeler la réalité, explique Timoni West. Mais aujourd'hui, il faut mettre à disposition de l'utilisateur des manettes avec plein de boutons. C'est indispensable pour espérer faire quelque chose d'un peu complexe lors d'une expérience en réalité virtuelle, même si de prime abord ça peut être effrayant tant on pense ne pas savoir les utiliser."
La pornographie comme relais de croissance ?
Par quel moyen alors la réalité virtuelle pourrait-elle se démocratiser ? Impossible bien sûr de passer à côté de la pornographie, une industrie qui s'est emparée très rapidement de cette technologie. A l'international bien sûr mais aussi en France où Marc Dorcel a fait preuve de beaucoup de pugnacité dans le domaine, de même que Jacquie et Michel, qui a lancé Jacquie et Michel Immersion en 2015. Répondant à une question du public évoquant la pornographie comme outil d'adoption massive de la réalité virtuelle, Helen Situ estime ainsi que "le porno repousse toujours plus loin les limites et fait partie des secteurs les plus innovants". Néanmoins, "le fait que le porno s'empare de la réalité virtuelle permet simplement de tester la technologie mais ça ne veut pas forcément dire que celle-ci sera plus largement adoptée ensuite".
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Devant le danger de favoriser l'expérience immersive à la réalité, les deux expertes sont toutefois claires. "La réalité virtuelle n'est pas plus addictive que d'autres expériences, tranche Helen Situ. Ca ne peut être addictif qu'à partir du moment où l'on aimerait toutes les expériences en réalité virtuelle et ce n'est pas le cas. Il ne faut pas sous-estimer le fait que les gens détesteraient être coincés dans un endroit où ils ne voudraient pas être." A ce titre, l'éditrice estime qu'une publicité en réalité virtuelle "est beaucoup plus efficace et moins contraignante que la vidéo". "Vous n'aimez pas ? Vous enlevez le casque. Vous n'avez pas la sensation d'être coincé comme dans ces publicités vidéo que vous ne pouvez pas passer sur les sites web."
Plonger au coeur de la réalité
La publicité constitue d'ailleurs l'un des principaux relais de croissance pour les technologies liées à la réalité virtuelle. Mais les domaines d'application sont nombreux. "Imaginez ce que ça donnerait dans le domaine de l'éducation : vous voulez expliquer à vos élèves ce qu'est une cellule sanguine ? Hop, vous les plongez au coeur même d'un corps, comme dans Le Bus Magique", s'enthousiasme Helen Situ, évoquant la célèbre série des années 1990. La réalité virtuelle peut aussi être vectrice de lien social, "permettant à des personnes isolée de voyager ou d'entrer en contact avec leur famille qui réside loin", explique l'éditrice.
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Finalement, la réalité virtuelle pourrait-elle remplacer la réalité ? "Non, jamais complètement, estime Helen Situ. Mais c'est un moyen de mieux la comprendre. Ca ne fait que nous plonger un peu plus profondément dans la réalité mais ça ne la changera ni ne la remplacera jamais."