Le recrutement d'un nouveau collaborateur est une étape cruciale pour une jeune entreprise. Une étape qui peut être vécue comme un moment douloureux pour certains entrepreneurs, soit par manque d'expérience, soit à cause de traumatismes causés par de mauvais recrutements. Maddyness inaugure une série d'interviews de professionnels qui vous aideront à faire les bons choix et à savoir comment - et ou - recruter.[hr]
Le premier à s'y prêter est Pierre-Henri Deballon, le co-fondateur de Weezevent, qui nous livre son expérience des recrutements :
#1 Quelles sont les premières étapes à faire lorsque l'on souhaite recruter? Comment prévoir et préparer pour un recrutement?
La première étape est d'avoir une fiche de poste. Oui, cela peut paraître bête, mais dans une start-up, surtout lors du lancement, on a tendance en tant que co-fondateur à être au four et au moulin, et c'est bien normal ! Par conséquent, on en fait beaucoup, mais on sait qu'on pourrait faire encore plus. Le manque de temps est criant, du coup le constat est implacable : il faut recruter. On sait pourquoi : pour se décharger de certaines tâches et/ou pour prendre les chantiers à l'abandon, apporter d'autres compétences, ... mais on ne sait pas toujours ce que cela implique très concrètement. Pour m'être fourvoyé un paquet de fois, je pense qu'il est essentiel que la fiche de poste soit très voire trop détaillée. La mise en oeuvre une fois le recrutement effectif sera d'autant plus aisée. Sinon, le risque est de se retrouver avec quelqu'un plein de bonne volonté et avec pleins de chantiers à mener en parallèle mais sans savoir par où attaquer.
La deuxième étape est de faire un travail psychologique : à savoir se préparer à déléguer. On a souvent à tort l'impression de faire tout mieux que tout le monde, tout du moins que ce n'est jamais aussi bien que lorsqu'on le fait. C'est assez logique, quand on créé une société, on s'implique à 1000% dedans, on veut que ce soit parfait. Du coup, il faut accepter que celui qui va prendre le poste et les tâches que vous faisiez précédemment les fasse au moins différemment de vous et ce n'est pas toujours facile à accepter. C'est donc important d'avoir cela en tête, on ne peut qu'avoir de bonnes surprises.
La troisième étape qui me paraît importante est d'accepter de perdre du temps en premier lieu pour en gagner par la suite. Recruter ce n'est pas seulement ajouter une compétence, c'est aussi former. Certes la personne vient avec son bagage, mais il faut se préparer à investir du temps et de l'énergie sur elle : pour présenter le secteur, l'écosystème, l'équipe, sa mission, ses interlocuteurs... Du coup il faut bloquer une fenêtre de temps qui servira à former cette personne et à lui transmettre les clés pour son intégration.
#2 Quelles sont les erreurs à ne pas faire lorsque l'on poste une annonce? Où la poster?
Ce qui me vient en tête tout de suite c'est de ne surtout pas mettre le salaire offert (quand c'est possible), cela permet d'éviter des tensions en interne et j'aime savoir combien un candidat estime être son prix de marché ce qui diffère souvent de son souhait. Cela permet d'être sur une discussion un peu plus rationnel et moins émotionnel sur la rémunération.
Une autre erreur est de poster une annonce pour des candidats qui ne les lisent pas. Dans nos métiers, recruter un développeur est un vrai défi, le marché du travail est sous tension. De fait, les candidats même mauvais se font démarcher, par conséquent ils ne prennent plus la peine de consulter les offres car elles viennent à eux... C'est donc une vraie perte de temps que de poster des annonces, vous allez vous exposer aux nombreuses sollicitations des cabinets de recrutement. Bref une perte de temps complète !
Du coup, pour les développeurs ou les perles rares, la question du "où poster ?" est remplacée par "avec quel chasseur de tête travailler ?" ou encore par "quelles relations ou réseaux puis-je activer ?"
#3 Vient l'étape de l'entretien, quelles questions faut-il poser?
Je ne sais pas quelles sont les bonnes questions, mais voilà celles que je pose. Ce n'est pas toujours très fair-play j'en conviens, mais cela a le mérite d'être clair.
Est ce qu'ils connaissent ce que l'on fait ? Si ils n'ont pas pris le soin de checker un minimum, on ne donne pas suite.
Qui es-tu, que fais-tu et où vas-tu ? (cela sonne mieux avec qui suis-je, que fais-je, où vais-je) Avec cette question j'aime comprendre d'où vient le ou la candidate, ce que font ses parents, quels sont ses rêves, a-t-il de l'ambition, du mérite... cela permet surtout de sentir s'il a un minimum de recul sur lui même, est-il au moins conscient de ses actes et du pourquoi du comment de ceux-ci ?
Je leur demande s'ils sont prêts à me supporter (en précisant que je suis lunatique, exigeant et colérique : ce qui est en partie vérifié dans les faits) ? La question est saugrenue mais elle permet de creuser un peu, ont-ils du répondant, du caractère, ... et a minima cela permet de les prévenir.
Parmi les questions un peu atypiques, je leur demande ce qu'ils pensent des 35 heures et c'est une question éliminatoire ;-), quand on veut bosser dans une start-up il faut quand même comprendre où on met les pieds !
#4 Y a t-il des signes qui permettraient de faire un bon recrutement?
Malheureusement je ne les ai pas encore trouvés...
#5 Est-ce que la recherche d'associés repose sur le même fonctionnement?
A mon sens la recherche d'associés est déjà un non sens, je ne crois pas du tout au meetic des associés : je veux qu'il soit intelligent, travailleur, sympa, ... Ma vision c'est que l'équipe est plus forte que le projet. Du coup, chercher un associé pour un projet qu'on porte ne peut qu'être source de déception. Je prends le problème à l'inverse. Déjà la recherche doit être constante, il y a des personnes qu'on croise dans différentes occasions et qu'on trouve brillantes, je crois que c'est ces personnes qu'il faut garder dans un coin de sa tête comme d'éventuels associés. C'est une recherche passive, un peu comme pour trouver sa femme.
La logique de dire, je veux une femme, je la cherche est décevante. En revanche un jour vous tombez dessus, vous ne savez pas pourquoi ni comment, mais généralement moins on cherche plus on trouve dans ce genre de situations.