Camille Strozecki (du site internet comitam-obseques) vient nous présenter les évolutions d’un secteur que l’on ne rapprocherait pas forcément d’Internet au premier abord et encore moins des startups : le funéraire. Contrairement à ce que l’on croit, il s’agit clairement de l’un des nouveaux fronts du numérique ou plus précisément, d'un rattrapage en cours sur un marché largement inexploré. Il en profite pour répondre à Guillaume Bort de Fioulreduc qui parlait ici il y a quelques jours de la quête du sexy.
Pourrais-tu commencer par présenter ce que tu fais ?
Comitam est un site internet de devis d'obsèques, nous proposons aux familles de recevoir rapidement les devis de pompes funèbres proches de chez eux gratuitement et sans engagement. Le système de leads se prête bien au secteur. D’un côté les familles sont perdues à un moment difficile comme cela et ont besoin d’être assistées (nous les rappelons systématiquement pour répondre à leurs premières questions et les rassurer). De l’autre côté les pompes funèbres ont un business très local, peu de possibilités de démarcher des clients (on comprend pourquoi !) et beaucoup de coûts fixes.
Quels sont les principales nouveautés sur Internet dans les pompes funèbres ?
Le funéraire est assez à la traîne sur Internet. C’est vrai qu’on ne pense pas immédiatement modernité quand on pense funéraire. Mais récemment il y a eu une phase de rattrapage très intéressante. On peut différencier deux types d’acteurs, ceux qui sont vraiment uniquement sur internet et ceux qui ont pu lancer leur service grâce à ce « nouveau » média.
Parmi les pure players, nos préférés sont le groupe mémoire des vies, e-obseques, épitaphe et Comitam bien sûr ! Côté développement via Internet on peut citer en sa mémoire qui a une très belle trajectoire.
Mémoires des vies : C’est l’un des pure players les plus intéressants. Il a développé toute une gamme de services (souvenirs au défunt, avis de décès, information funéraire, …). Mais surtout ils sont en train de mettre en place avec succès une solution permettant la retransmission vidéo des cérémonies. Cela parait anodin mais quand vous êtes en maison de retraite, il est difficile de se déplacer jusqu’au lieu de la crémation par exemple. C’est un donc un service qui pourra profondément aider le deuil pour les personnes âgées.
E-obseques : Pour les plus adeptes d’Internet, vous pouvez organiser de A à Z vos obsèques directement sur Internet. Il s’agit réellement de pompes funèbres dans la France entière… sans agence.
Epitaphe : Au lieu de se contenter de faire un site d’avis de décès sur Internet, ils utilisent les possibilités du numérique pour enrichir considérablement les traditionnelles épitaphes de la presse locale (photo, participation,…).
Comitam : Un site donc, sur lequel vous pouvez obtenir rapidement des devis pour un décès survenu, prévoir vos obsèques, une personne en fin de vie, une pierre tombale ou encore rapatrier un corps.
En sa mémoire : C’est un service qui permet d’entretenir une sépulture. Alors que la mobilité en France augmente, pouvoir faire fleurir sa tombe est précieux et toujours compliqué.
Qu’est-ce qu’Internet change véritablement dans la mort ?
Je pense que cela change tout. Internet permet d’avoir une relation plus apaisée avec les services liés à la mort. Je le vois pour nous. Nous avons parfois des gens très agressifs qui ont l’impression qu’en plus du décès d’un de leurs proches ils vont se faire arnaquer. Le fait d’avoir un interlocuteur désintéressé permet de leur expliquer sereinement la situation. Ils ont en plus le loisir d’aller se renseigner sur le site. Tout cela permet d’être plus serein et de se concentrer sur l’essentiel : le défunt.
Comment expliques-tu cette relative attirance pour un secteur pas si sexy a priori ?
Il y a deux facteurs qui expliquent cette multiplication d’acteurs dans le funéraire (et encore je ne vous parle pas de la multitude de services qui se sont arrêtés depuis un an que nous avons commencé). Il y a évidemment une partie business. Pour donner une idée le funéraire c’est 530 000 décès par an en légère croissance et sans risque de crise, c’est-à-dire un marché d’environ 2Md€.
Pour une niche, on a vu plus petit. Ajoutons à cela le fait qu’il reste beaucoup de choses à défricher et vous avez forcément des investisseurs qui trouvent ça assez sexy, eux !
Mais ce n’est pas tout. Je ne crois pas que l’idée d’un marché intéressant soit suffisant pour se lever le matin. C’est l’erreur que font beaucoup d’entrepreneurs qui lancent le service parce qu’ils y voient une opportunité financière. Ce qui rend ce marché intéressant, c’est l’aspect utilité. Je peux dire que chaque jour je rends un immense service à une vingtaine de personnes et il en va de même pour les autres acteurs du funéraire en ligne.
Je ne crois pas que ce soit la norme sur Internet mais comme tout secteurs d'activités, le funéraire à sa place sur le web.