Pour bien commencer la semaine, la rédaction de Maddyness propose à ses lecteurs un nouveau rendez-vous baptisé NewsOffStartups. Celui-ci a pour vocation de détailler et d’approfondir les sujets politiques et économiques à propos de l’écosystème startups français. Les startups françaises désirant s’implanter en Chine peuvent bénéficier de l’expérience d’entrepreneurs et d’incubateurs sur place. De nombreux acteurs construisent en ce moment même des ponts entre la France et l’empire du milieu. Reportage à Shenzhen, une zone économique spéciale en pleine expansion située au sud de la Chine.
Des buildings contenant des supermarchés de composants électroniques sur plusieurs étages (photo ci-dessus), de grandes barres d’immeubles de bureaux et d’habitations, des avenues à six voies et des échangeurs dignes de la Californie... Shenzen n’a plus rien du petit village de pêcheurs des années 1970. La ville accueille pas moins de 10 millions d’habitants et est une des municipalités les plus riches de Chine. Elle affiche depuis des années une croissance annuelle à deux chiffres !
Certains composants électroniques sont livrés dans ces supermarchés par des tripodes électriques surchargés dont l’équilibre ne dépend que de l’agilité du conducteur.
Des startups françaises implantées en Chine
Shenzhen bénéficie non seulement de la proximité de Hong Kong mais aussi de celle de la province de Guangdong où se trouvent de nombreuses usines spécialisées dans la High Tech. De plus, cette ville profite du statut de zone économique spéciale où les lois, en termes de taxes et de droits de douanes, sont plus avantageuses pour les entreprises que dans le reste de la Chine continentale. Grâce à cet écosystème favorable, le hardware est devenu roi !
Certaines startups françaises se sont déjà implantées dans la région pour bénéficier de ce dynamisme, le plus souvent avec un partenaire connaissant parfaitement l’écosystème manufacturier local. C’est le pari qu’ont fait les fondateurs des startups d’objets connectés Med, Imaze et Nevo. Leur siège est situé sur le vieux port de Shenzhen.
Ces entreprises ont été cofondées par les entrepreneurs Michael Yun et Sébastien Druvent. Le premier est un industriel chinois très bien implanté, encadrant des usines dans la ville de Donguang, situées à une heure de Shenzhen. Il a trouvé les fournisseurs nécessaires au développement des ceintures et montres connectés pour la santé et le sport. Le second, un ingénieur français qui a décidé de développer ses produits en Chine non seulement pour des questions fiscales et de flexibilité du travail mais aussi parce qu’il a su trouver les partenaires adaptés sur le plan industriel.
Certes les Français ont tout à gagner du système productif local mais les Chinois reconnaissent aussi que les entrepreneurs tricolores peuvent leur apporter tant sur le plan du design que de l’innovation. Ce besoin réciproque permet ainsi de créer des alliances constructives, qui sont indispensables pour permettre aux entreprises hexagonales de pénétrer sur le marché chinois.
Cette startup n’a pas encore lancé tous ses produits. Par exemple, la dernière montre connectée Nevo devrait être disponible au grand public en mars prochain. Les usines locales permettent alors de produire des petites séries, afin de limiter le risque. Elles offrent aussi le moyen de réaliser plusieurs prototypes avec une forte flexibilité et à moindre coût.
Des incubateurs locaux pour se lancer
Développer son prototype en Chine est ainsi un moyen de ne pas consommer trop de cash pour les jeunes startups. C’est d’ailleurs sur ce principe que Cyril Ebersweiler a établi son accélérateur à Shenzhen. Ce multiple entrepreneur et investisseur a ainsi créé Haxlr8r afin d’incuber des startups hardware pendant 111 jours. Sur cette période, les startups passent trois semaines à Shenzhen dans le but d’affiner leur prototypage. Elles achèvent l’aventure en Californie afin de présenter leur produit.
L’investisseur en Capital Venture, Cyril Ebersweiler, explique l’intérêt d’être basé à Shenzhen :
A ce jour, Haxlr8r a incubé 50 sociétés en trois ans. Trente sont américaines, dix asiatiques et dix européennes. Chacune d’entre elles ont reçu jusqu’à 100 000 dollars, afin de financer la réalisation de leur prototype.
Aujourd’hui, 49 entreprises existent encore et 22 d’entre elles ont réalisé une levée de fonds sur Kickstarter, de 250 000 dollars en moyenne. Parmi les « success story » de cet incubateur, Light Up propose un jeu pour enfants sur le thème de l’ingénierie électronique ; Nomiku offre un appareil de cuisine sous vide ; et Darma vend des traqueurs d’inactivité pour les salariés d’entreprises mais aussi pour les astronautes !
Des liens entre la Chine et les incubateurs français
Les incubateurs basés en France s’intéressent aussi à la Chine et essayent d’entretenir des liens avec ce pays, afin de faciliter la tâche des entrepreneurs qu’ils soutiennent. C’est notamment le cas d’Euratechnologies à Lille, un écosystème composé de 150 entreprises allant de la très petite startup à la très grosse entreprise. Raouti Chehih, directeur général d’Euratechnologies invite les startups a tenter leur chance en Chine :