Maddyness souhaite mettre en avant tous les mois, un entrepreneur du secteur culturel qui révolutionne le secteur. Premier de cette série de portrait, Edward Silhol, co-fondateur de Stample, se prête au jeu et nous parle d'une startup qui veut créer une "bibliothèque collaborative". Un projet ambitieux qui s'appuie notamment pour grandir sur les nouveaux enjeux liés aux données. Envie d'en savoir plus ? Stample organise également en partenariat avec Créatis la série de conférences Web We Want sur le sujet.
Tu peux nous faire une présentation de l’équipe ?
Stample aujourd'hui c'est un noyau de sept personnes d'origines très variées, absolument passionnées par le partage du savoir, les échanges internationaux et la construction d'un monde qui dépasse les frontières. Nous croyons à une nouvelle forme d'entreprise, qui est motivée évidemment par la poursuite de rentabilité financière, mais aussi par une volonté intrinsèque de pertinence sociale et culturelle. Dans un monde où la competition est souvent érigée en axiome, il est important de se rappeler que les échanges ne fonctionnent vraiment que s'ils sont basés sur un gain mutuel. Nous sommes convaincus que les valeurs portées par une entreprise seront bientôt aussi importantes pour sa rentabilité que les produits et services qu'elle propose.
Concrètement, nous sommes deux fondateurs, deux développeurs très expérimentés, une designer UX, un jeune développeur talentueux en contrat de professionnalisation, et un jeune diplômé de l'ESCP ultra motivé en stage de business development.
Nous tenons énormément à la parité homme-femme au sein de l'entreprise. À sept c'est difficile, mais la huitième personne qui nous rejoindra bientôt rétablira cet important équilibre.
Stample, c'est aussi tout un réseau de partenaires, que nous avons construit au fil du temps autour de nos valeurs et de notre passion pour l'innovation. Instituts de recherche, investisseurs, incubateurs et accélérateurs, grands comptes, PME et startups... Une entreprise c'est un écosystème humain.
Stample, c’est quoi ?
Stample est votre bibliothèque collaborative en ligne. C'est un espace de travail simple et intuitif qui vous permet de gagner du temps et de la perspective en mettant en commun vos efforts de recherche quotidiens. Quelque soit votre métier, si vous travaillez en équipe, vous avez besoin de partager les contenus que vous trouvez sur Internet, pour réfléchir ensemble. Aujourd'hui, la plupart des gens continuent à s'envoyer des liens par email: aucun suivi, aucune contextualisation, aucune capitalisation dans le temps.
Stample vous permet de réunir tous types de contenus numériques (articles extraits du web, fichiers, notes) dans des espaces - partagés ou non, selon votre besoin - et de les contextualiser en les surlignant, en ajoutant annotations et commentaires, afin d'en extraire l'essence. Au quotidien, sans effort, vous créez ainsi progressivement votre bibliothèque numérique personnelle de contenus qualifiés, avec vos espaces privés, vos espaces partagés, vos espaces publics et les espaces publics qui vous intéressent. Notre métier est de vous permettre de naviguer facilement et agréablement dans cette bibliothèque, quelle que soit la quantité d'information qui s'y trouve.
Stample, c'est le réseau social du savoir. On y retrouve toutes les fonctions qu'on attend d'un espace social: commentaires, vote, mentions, conversations, carnet d'adresse, etc.
Notre service a passé un an en beta privée. Nous avons interviewé des centaines d'utilisateurs et avec leurs feedback nous avons remis à plat toute l'expérience utilisateur du service. Entre mai et septembre 2014, nous avons tout reconstruit pour offrir aujourd'hui à nos utilisateurs le produit qui leur correspond le mieux. D'ici quelques semaines, nous allons ouvrir notre plateforme au public.
Si Stample vous intéresse, vous pouvez d'ores et déjà vous inscrire sur notre liste d'attente, sur la page d'accueil du site. Si vous voulez immédiatement intégrer notre programme beta, contactez nous par email ([email protected]).
Qu’est-ce ça signifie pour toi être un "entrepreneur culturel" ?
Je pense que c'est un terme riche de nombreux sens. La culture, par définition, est insaisissable et changeante. Il est difficile aussi d'en parler sans utiliser des mots galvaudés et ternis par la scène politique (social, inclusion, cohésion...) Pour moi, être un entrepreneur culturel, c'est construire un service ou un produit qui aide la société à avancer dans le respect de la diversité des points de vue, qui aide les gens individuellement ainsi que collectivement. Mais encore une fois, c'est juste une facette de la question, un regard.
Un autre point important: c'est aussi agir, et agir politiquement sans être partisan. Ma génération est de façon générale assez désabusée par la sphère politique.
Nous n'avons aucune envie d'attendre assis sur nos chaises que les décisions soient prises pour nous. La technologie a le potentiel de révolutionner la démocratie, et cette révolution est urgente et indispensable. Je dis souvent que le mote clé du XXIè siècle est "feedback". Aujourd'hui, les dirigeants (politiques comme économiques) ne peuvent plus tambouriner des mensonges dans l'oreille des gens et espérer que ça passe. Il faut qu'ils apprennent à ÉCOUTER, vraiment. Sinon, ils seront balayés.
La culture fait-elle sa révolution ?
À mon avis, sans l'ombre d'un doute. Mais les révolutions aujourd'hui n'ont souvent plus lieu dans la rue. Elles se composent de milliards d'actions insignifiantes réalisées d'un coup de pouce sur un fauteuil de bus, dans un lit, ou n'importe où. Chaque geste, chaque clic que nous faisons est un acte politique, et cumulativement ces gestes sont en train de bouleverser la société à l'échelle planétaire. Bien sûr, on n'a pas du tout envie de penser à ça quand on écrit à ses amis sur Facebook, quand on recherche un terme sur Google, quand on commande une voiture sur Uber. Mais c'est un fait dont il faut mesurer l'importance.
L'exemple d'Uber est frappant: cette entreprise qui défie les lois, dans le monde entier, dans laquelle le géant de la recherche en ligne et quelques autres titans ont investi plus de 100 millions de dollars, est la favorite de ses utilisateurs. Et pour cause! Qui irait reprocher à cette application d'être facile à utiliser, ultra-rapide et accessible dans toutes les capitales de la planète? À ses conducteurs de ne pas vous facturer le trajet avant leur arrivée, de vous accueillir respectueusement et avec le sourire, de vous demander quelle radio vous voulez écouter avant même que vous n'y pensiez, et par dessus tout, de ne pas vous imposer d'aller tirer des espèces sous la pluie parce qu'en 50 ans ils n'ont pas été capables de se doter d'un lecteur de cartes bancaires?!
La culture du service américaine, incomparablement supérieure à la nôtre, s'impose. Parce que quand on a le choix, à menu comparable, on va dans le restaurant où on nous accueille chaleureusement.
C'est comme ça, et c'est très bien. Alors? C'est à nous de nous améliorer. Les chauffeurs de taxis, en se plaignant, ne font qu'aggraver leur sort. Il feraient bien mieux de s'acheter un lecteur de carte bleue Square (ils les offrent même, leurs lecteurs, maintenant, chez Square). Les utilisateurs de grands services internationaux comme Uber ont maintenant l'habitude qu'on se plie en quatre pour eux, et ils aiment ça.
L'envers du décor, c'est qu'Uber, comme Google, Facebook et les autres géants du numérique, ne joue pas selon les mêmes règles que les autres. Forts du vote tacite de leurs millions ou milliards d'utilisateurs, elles imposent leurs propres lois. Pour le meilleur et pour le pire.
Si vous voulez approfondir cette question, nous organisons à La Gaité Lyrique à Paris, en partenariat avec Créatis, une conférence gratuite sur ce thème le 22 Octobre prochain, de 19h à 21h.
Le choix de Creatis
La conférence du 22 est la troisième d'un cycle qui a duré toute l'année et autour duquel a démarré notre collaboration avec Créatis et la Gaité Lyrique. Créatis est un incubateur unique, par la diversité des entrepreneurs et entrepreneuses qui y ont élu domicile. C'est un espace vivant, où se mêlent admirablement l'amour de l'art, de la culture et de l'ingénierie, qui nourrissent depuis des siècles le rayonnement de notre pays.
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