Lors de l'édition 2014 de la FailCon à Paris en mai dernier, Pauline Laigneau avait réussi à sensibiliser l'auditoire en présentant un début de création d’entreprise plutôt atypique. En effet, après des études brillantes et un parcours sans faute jusqu’au Grand Oral de l’Ecole Nationale de l’Administration (ENA), Pauline Laigneau rencontre son premier échec : elle n’intégrera pas l’ENA.
C’est justement cet échec qui va s’avérer être un tremplin personnel important pour la suite de sa carrière. La jeune fille décide alors d’épouser la carrière d’entrepreneuse, aux côtés de son associé et désormais mari, Charif Debs. Cette structure s’apparente alors à une entreprise familiale, où les deux conjoints sont engagés dans la réussite du projet commun : Gemmyo, jeune pousse spécialisée dans la personnalisation de bijoux sur-mesure. Cette bijouterie d’un genre nouveau vient apporter un service grand public, en affichant une qualité et une expertise Made in France.
Femme entrepreneur
En tant que femme entrepreneur, Pauline Laigneau a tenu à participer à la conférence Lady Pitch Night (et a même remporté le prix du public), organisée par toute l’équipe de Girls in Tech, pilotée par Roxanne Varza (Startup Evangelist pour Microsoft).
S’il n’est pas habituel pour Gemmyo de participer à des concours de startups (lire notre article à ce sujet), Pauline a souhaité y participer afin de profiter de la dimension internationale de l’événement (également organisé à Londres…) et bénéficier du label LeWeb, partenaire média du concours. Mais la principale raison touche plus particulièrement à cet écosystème en devenir : l’entrepreneuriat féminin. Qualifié de dérive sectaire par certains, cet engouement provoque une certaine entraide au sein de cette communauté. Conseils en levée de fonds, challenges sur le business model ou encore mentoring et accompagnement, les femmes entrepreneurs sont en train de construire un réseau sous-jacent qui apporte de vraies valeurs pour ceux qui y appartiennent.
Si en France, de nombreuses initiatives sont lancées sur ce sujet (Les Pionnières, Femmes Business Angels, Girlz in Web, Girls in Tech,Lady Pitch Night, Biilink, Journée de la femme entrepreneur…), la fondatrice de Gemmyo émet certaines réserves quant au modèle français.
«
Même si l’effervescence est présente et que les choses bougent, il manque certainement une figure emblématique française qui puisse incarner ce mouvement. Aux Etats-Unis, certaines femmes, comme Sheryl Sandberg, sont de vrais modèles et ont une influence internationale. En France, je remarque que les femmes entrepreneurs sont plus inquiètes que les hommes à propos de l’équilibre difficile entre vie privée et vie professionnelle. Peur de rater leur vie ? Frein familial ? Si les hommes se posent moins de question à ce sujet, les femmes entrepreneurs elles vivent beaucoup dans le doute. Elles ont besoin d’un modèle de réussite se lancer dans l’aventure ».
Femme d’affaires
Tout cela n’empêche pas la jeune patronne d’avancer sur le développement de son entreprise. En effet, après 3 phases de levée de fonds (plus de 4 millions d’euros levés depuis 2011, dont 3,1 millions auprès d’Alven en 2013), Gemmyo voit maintenant plus loin que les pays francophones (France, Belgique, Suisse...) et vise un lancement au Royaume-Uni en mars 2015. Septembre 2014 est marqué par la sortie d’une nouvelle version du site web et par la publication d’une étude comportementale (en partenariat avec OpinionWay) dont le sujet est « Les français et leur rapport au Luxe ».
Première surprise et premier constat : 90% des français estiment que le luxe est destiné aux étrangers surtout aux asiatiques. Gemmyo a encore un travail d’évangélisation à faire auprès de ses compatriotes, même si le « sur-mesure », garant à la fois d'un produit fini exceptionnel car réalisé de façon artisanale et parfaitement adapté à celui qui l'achète. Cette tendance semble donc gagner une place de choix dans la nouvelle image que se font les Français du Luxe.