Les techniques de numérisation des notes manuscrites continuent de se renouveler et de se perfectionner. Par départements R&D interposés, les sociétés inventrices du "stylo intelligent" s’affrontent dans la recherche du "clavier de demain". Une jeune startup grenobloise vient d’entrer dans l’arène en levant près de 350 000 $ sur Kickstarter auprès de 2 395 personnes, séduites par le nouveau produit : iSketchnote.[hr]
Un secteur en mutation, à la recherche d'une technologie plus aboutie
Deux technologies principales permettent aujourd'hui de numériser ses notes papier.
La technologie suédoise Anoto, commercialisée notamment par Livescribe utilise un papier spécial, dit "tramé", et un stylo équipé d’une mini-caméra infrarouge qui repère sur cette trame le tracé exact de l’écriture. À partir de cette technologie, Livescribe propose notamment deux gammes de produits, Echo et Wifi Smartpen. La première propose de transférer les notes via USB une fois prises et enregistrées tandis que la seconde transmet les notes en temps réel sur n’importe quel périphérique connecté au Wi-fi.
La technologie israélienne Pegasus, rachetée 60M$ en 2010 par son distributeur chinois Yi Fang Digital, a besoin d’un boitier équipé d’une pince pour s’accrocher au bloc de papier ainsi que d’un stylo compatible. Le boitier joue le rôle de récepteur ultrason des données émises par le stylo. En connectant le récepteur à l’ordinateur par un port USB, on "récupère" ensuite la trace manuscrite qui peut être archivée ou convertie en données numériques utilisables par le traitement de textes de l’ordinateur.
L’entreprise Suédoise qui se cache derrière la technologie au papier tramé, Anoto, est le leader mais également le pionner sur ce marché. Pourtant, malgré un doublement du chiffre d'affaires entre 2006 et 2010 (passant de 12 M€ à 24 M€), la société Anoto a traversé, avec le marché, une période difficile entre 2011 et 2012 (22 M€ et 22,5 M€ de CA). En réalité, le marché peine à trouver son modèle et une technologie réellement aboutie. Avec un coût élevé pour le grand public (d'environ 100 € à 500 € selon la technologie et le distributeur), une contrainte forte du support (papier tramé ou récepteur clippé à un bloc limité en épaisseur), un choix pauvre de logiciels de numérisation des données au design négligé, le PDG de Kayentis, Philippe Berna, justifiait lui-même en 2008 de tourner le dos au marché public au profit du marché des professionnels en déclarant à L'Expansion : "On a fait rêver les gens sur quelque chose qui ne sera pas là avant trois ans. La reconnaissance d'écriture a encore beaucoup de progrès à faire"
L'arrivée remarquée d'un français sur le marché en 2013
La société grenobloise ISKN a mis en ligne cet été, sur la plateforme de crowdfunding Kickstarter, la page de son nouveau produit iSkectchnote avec un objectif de lever 35 000 $ en 1 mois (du 10/09 au 10/10). Le produit a finalement multiplié par 10 son objectif initial et levé près de 350 000 $. Les plus chanceux ont pu bénéficier d'un tarif "early bird" à 129 $. Les retardataires ont payé 149 $ pour recevoir le produit en mai 2014. iSketchnote se différencie des technologies précédemment évoquées parce qu'elle s'intègre au marché naissant des tablettes et s'adapte à une nouvelle application du dessin et de la prise de note. ISKN fournit une couverture Ipad avec support papier intégré.
En embarquant une technologie capable de reconnaître les mouvements du stylo dans la couverture Ipad, ISKN a réussi le pari de libérer le consommateur de la contrainte papier et stylo dans un contexte de mobilité. Le tracé est repéré grâce à un aimant intégré au stylo. La société compte rapidement développer une accroche aimantée compatible avec n'importe quel crayon. Grâce à ce système, on a le choix du papier, à condition de le poser sur la couverture, et on aura très vite le choix de la couleur, de l'encre et de la mine pour numériser des dessins et schémas plus complexes et plus lisibles.
D'autres pré-commandes seront bientôt possibles sur le site de la société ISKN.