Alors qu’il y a 15 ans, l’idée d’acheter des vêtements sur Internet était impensable puisque l’essayage était impossible, depuis 2010, il prend des parts de marché de plus en plus importantes dans les ventes de textile et d’habillement. Le prêt-à-porter a même fait son entrée dans le top 3  des biens les plus achetés sur Internet.[hr]

Le marché du textile n’était plus vraiment au beau fixe depuis quelques années. Il a toutefois su se réinventer avec l’arrivée du web. Le e-commerce a en effet changé la donne : un gain de temps important et des prix défiants toute concurrence en font un relai de croissance incontestable pour ce marché. Un marché du textile en ligne qui est devenu le terrain de nombreuses startups, signe d'un avenir prometteur?

Le chiffre d'affaires le plus important du e-commerce

Le marché de l’habillement fonctionne très bien sur internet. La tendance est à une nette augmentation de la part de marché de la vente en ligne par rapport aux autres canaux de distribution. La part de la vente en ligne représente quant à elle plus de 10% des dépenses d’habillement des français alors qu’elle pesait à peine 2% en 2006. Une tendance qui devrait continuer à s’affirmer dans les prochaines années, toujours selon les différentes études menées par la FEVAD.

L’achat en ligne de prêt-à-porter séduit donc de plus en plus les internautes. Parmi les 41,2 millions d’internautes français, 48% des internautes achètent de l’habillement/mode en ligne avec deux signes distinctifs dans leurs comportements :

  • Un taux de transformation faible pour le marché de l’habillement

Le taux de transformation des sites marchands de prêt-à-porter est de 1,3%. C’est le taux le plus faible du e-commerce français.

  • Un pourcentage de retours élevé

En France, le taux de retour moyen du marché du prêt-à-porter en ligne est actuellement de 20%.C’est le plus élevé des catégories de produits en vente sur Internet. Chaque retour coûte en moyenne 8€ au site.

En 2012, le secteur de l’habillement a le chiffre d’affaires le plus élevé sur Internet  avec 4,4 milliards d’euros répartis entre 10 000 sites marchand. Dans le top 15 des sites d’habillement les plus visités par les acheteurs de vêtements en ligne, on retrouve les acteurs clés de la vente à distance comme La Redoute et Les 3 suisses, des enseignes traditionnelles comme Kiabi et les sites de déstockage en ligne tels que Vente-Privée.com et ShowRoomPrivé. Certains pure players comme Asos, récemment arrivés en France, sont également en plein essor et sont le signe d'un marché en pleine vitalité.

Des startups qui émergent dans différents secteurs du textile

Carnet de mode

Carnet de Mode, qui a levé récemment 1 million d'euros auprès d'Elaia Partners

Une révolution pour le textile?

Il y a 10 ans, l’arrivée du ecommerce comme nouveau canal de vente a bouleversé le marché du prêt-à-porter. Les enseignes traditionnelles de la mode se sont jetées dessus, le voyant comme un vecteur d’achat considérable. Si ce canal a apporté un nouveau souffle a un secteur en perte de vitesse, il a aussi fait émerger de nouveaux enjeux.

Les acteurs du prêt-à-porter en ligne doivent aujourd’hui faire face aux limites de ce canal. L’impossibilité de visualiser, toucher ou essayer les produits génère une certaine frustration chez de nombreux internautes. Les erreurs de taille sont fréquentes, tout comme les déceptions liées au fait que le produit ne correspond pas visuellement à ce que le client attendait.

Premier contact en ligne avant d'acheter en magasin

Cette frustration explique la montée du web-to-store (50% des Français vont sur Internet avant d’acheter en magasin) et démontre la complémentarité d’Internet avec le point de vente. Impossible donc de ne pas parler de rupture liée à l’émergence du e-commerce sur ce secteur a minima d’une mutation nécessitant encore des améliorations, qui passeront certainement par l’intégration de solutions innovantes comme les assistants shopping et les cabines d’essayage virtuelles dans une stratégie cross-canal.

L’innovation dans ce secteur est donc primordiale mais pas toujours très soutenue. Il n’y a qu’un seul incubateur en France consacré au textile, Innotex. Il est situé dans la région Nord-Pas-de-Calais, région traditionnelle du textile qui offre 15 000 emplois à ce secteur. 20 projets y sont actuellement en développement. Les deux dernières créations en date sont NU Dress Code et Fitizzy ; Fitizzy qui a maintenant intégré l’accélérateur de startups Euratechnologies.

Avec l’aide des infrastructures disponibles, de technologies comme la réalité augmentée viendront bouleverser de nouveau ce marché. Dans quelques années, on peut même imaginer que l’impression 3D se sera démocratisée dans l’univers de la mode et du textile, comme le laisse présager la dernière Fashion Week de Paris en janvier durant laquelle la créatrice Iris Van Herpen a présenté une collection en robes réalisées grâce à des imprimantes 3D. A terme, il suffira certainement de concevoir un vêtement par la pensée pour qu’il soit imprimé en 3D.

Dossier réalisé avec Aurore Vanacker