Fin mars se déroulait à Monaco, le salon E-Commerce One to One, l’occasion pour les principaux acteurs du secteur de se rencontrer et échanger sur les bonnes pratiques à mettre en place. Cette 5ème édition a rassemblé plus de 1100 personnes pendant 3 jours et Maddyness était présent pour aller à la rencontre des jeunes pousses ayant fait le déplacement sur le Rocher. Interview proposée par Jonathan Benoudiz.
10 startups ont eu l'occasion de présenter leurs services devant un panel d'e-commerçants. Parmi ces 10 startups, la rédaction a notamment retenu le témoignage d'Algolia, qui propose une solution cloud de moteur de recherche à destination des éditeurs de sites web et d’applications. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer Jeremy Ben Sadoun, Account Executive chez Algolia.
Bonjour Jeremy, peux-tu te présenter ?
Je suis Jeremy Ben Sadoun, je suis Account Executive chez Algolia. Je travaille au sein de l'équipe parisienne, nous sommes une quinzaine en France. Algolia grandit rapidement notamment aux États-Unis. Nous avons un bureau à San Francisco et espérons en ouvrir un rapidement à New York.
Nous souhaitons répartir la moitié de l'équipe basée à Paris et l'autre aux États-Unis d'ici la fin de l'année. Nous essayons de faire voyager l’équipe parisienne régulièrement aux États-Unis.
Avez-vous divisé les équipes Paris et États-Unis par compétences ?
Non, il n'y a pas de logique de répartition, mais il se trouve qu'actuellement la R&D est en France. Pour la partie business, on se rend souvent aux États-Unis, car il est vrai que nos clients sont majoritairement là-bas, nos investisseurs aussi. Les early-adopters sont majoritairement aux US. Il y a beaucoup de sociétés prêtes à tester Algolia basées aux États-Unis. Même si nous sommes déjà présents dans 50 pays, avec plus de 500 clients (Vestiaire Collective en France, Quicksilver en Australie, ... ). Un tiers sont des sites de e-commerce, 1 tiers sont des sites de médias et le dernier tiers est constitué d'annuaires, de sites d'immobiliers ou de recherche dans des FAQ, recherche géolocalisée pour des applications mobiles par exemple.
Notre offre a pour ambition de pouvoir être intégrée dans n'importe quel site à partir du moment où un utilisateur peut être amené à chercher du contenu sur le site. Sur ce sujet, je parle aussi bien des sites web que des applications mobiles. Notre offre fonctionne sur tous les supports.
A relire : #Finance: Algolia, startup accélérée par Y Combinator, lève 1,2 million de dollars
Tu es business developer chez Algolia, tu peux expliquer ton parcours, comment tu es en arrivé la ?
Je suis ingénieur à la base. J'ai commencé ma carrière dans un cabinet de conseil en stratégie. Je me suis ainsi positionné sur des problématiques business dans des industries techniques (énergie, transports, télécommunications). Je me suis ensuite dirigé vers un MBA à l'INSEAD, afin de compléter ma formation business. Pour m'immerger en parallèle dans l'écosystème startup français, américain, asiatique, j'ai notamment bénéficié de la présence de l'INSEAD à travers le monde. Ma volonté était de rejoindre une startup technique, afin de tirer parti de ma formation d'ingénieur tout en touchant au business.
C'était important pour Algolia - qui a un produit qui s'adresse à des développeurs - que les personnes qui se chargent du business aient une bonne compréhension de la technique et même un intérêt, afin d'être crédible quand ils vont aller pitcher le produit. Cela nous permet de pouvoir répondre à 90% des questions que l'on nous pose. Nous avons un rôle d'évangéliste. Pour être crédible auprès des développeurs, ils font montrer que l’on comprend ce qu’on leur vend.
Tu travailles avec des clients à travers le monde, quelles différences notes-tu entre les startups françaises et celles du reste du monde ?
Je travaille entre l'Europe, les États-Unis et l'Asie. Il est vrai qu'aux États-Unis, nos cibles vont avoir un état d'esprit très early adopters. Les sociétés aiment tester des choses nouvelles. C'est super, c'est comme ça qu'on a pu construire notre crédibilité. C'est grâce à ça que notre produit est sur des sites comme Product Hunt ou encore Crunchbase. Cela nous donne une visibilité mondiale. Grâce à celle-ci, on arrive à adresser d'autres marchés comme le marché européen et asiatique.
Algolia était l'une des premières sociétés françaises à faire Y Combinator, qu'est ce que cela vous a apporté ?
Le fait d’être passé par Y Combinator nous a donné tout de suite accès à un réseau en Californie, ce qui explique notre présence là-bas. Ça facilite beaucoup les choses car, grâce à ce réseau, nous avons construit des relations directes avec beaucoup de startups. Nous faisons partie d'une grande famille avec beaucoup de « cousins » avec qui on peut échanger facilement.
Y Combinator a beaucoup fait évoluer Algolia dans sa culture d'entreprise. Il faut savoir que chez Y Combinator, le focus a été fait sur la croissance, mais aussi la croissance et encore la croissance. On nous demandait de choisir un indicateur et de faire 10% de croissance par semaine. Dans notre cas, l'indicateur que nous avions retenu était le Revenu. Cela a créé un sentiment d'urgence, il fallait aller vite et rapidement faire ses preuves.
Le bon côté de cela est que cela facilite la prise de décision, car lorsque que l'on sait que l'objectif ultime à la fin de la semaine est d'obtenir 10% de croissance, tout le monde a bien compris le sens de sa mission. Dans une semaine, il y a 7 jours. Cela veut dire 1.5% de croissance par jour. Tous les jours, il faut qu'il y ait de nouvelles initiatives proposées pour faire croître la société et nous rapprocher de ces 10% de croissance. C'est vraiment cette philosophie de la croissance que nous a apporté Y Combinator.
Du coup, dès lors qu'on quitte Y Combinator, on garde cet état d'esprit, ce désir de croître, d'aller de l'avant, de tester les choses, de se lancer, de prendre des risques si nécessaire. Il ne faut pas être attentiste.
A relire : #International : Ces startups françaises parties aux US pour intégrer Techstars ou Y Combinator
Vous continuez toujours à faire 10% de croissance par semaine ?
On essaye ! On continue à avoir une très forte croissance. Il est vrai que maintenant, on la mesure plutôt mensuellement. On est toujours sur des niveaux de croissance mensuelle très élevés.
Vous communiquez vos chiffres ?
Non, on ne communique pas sur notre chiffre d'affaires. Ce que je peux vous dire c'est qu'on a aujourd'hui environ 500 clients payants dans 50 pays. Rien que sur le mois janvier, nos clients ont effectué 2 milliards de requêtes.
Avez-vous de nouveaux produits dans le pipe ?
Nous avons beaucoup de choses qui vont bientôt arriver, nous n'avons pas encore fait d'annonce. On renforce actuellement nos équipes aux États Unis afin d'arriver à une parité France/États unis.
Donc vous recrutez actuellement, quels profils recherchez-vous ?
On recrute des personnes pour le marketing, des commerciaux principalement aux États-Unis. Chez Algolia, on aime parier sur des gens qui arrivent avec leurs compétences, une expertise sur un sujet. On essaye d'avoir des gens qui apportent des choses différentes avec des têtes bien faites et motivés, c'est important pour l'équipe. Nous pouvons rencontrer des profils pour lesquels nous n'avons pas forcément le besoin tout de suite, mais pour lesquels nous allons faire la démarche tout de même, car leur profil correspond à notre état d'esprit. C'est clé d'avoir une équipe diverse avec des gens top niveau. C'est fondamental pour nous.
Comment s'organise Algolia avec ses différents bureaux ?
Nous avons une organisation très horizontale, peut être qu'on reverra ça le jour où nous serons beaucoup plus gros. Mais cela fonctionne bien comme cela actuellement. Dans notre bureau parisien, nous avons des employés étrangers donc l'anglais devient la langue la plus parlée, même entre français. On se voit comme une société internationale, multiculturelle. On essaye de recruter des gens de différents horizons afin qu'ils apportent leurs valeurs à la société. C'est notre état d'esprit d'avoir quelque chose d'international, ouvert d'esprit où l'on accueille les différences les bras grands ouverts.
Quel était l’objectif d’Algolia en venant au E-Commerce One To One ?
On a participé la compétition de startups, c'était super. Comme je te le disais aujourd'hui 30% de nos clients sont des sites de e-commerce, notre objectif est de faire comprendre l'importance du moteur de recherche dans la construction de l'expérience utilisateur sur un site marchand. On a directement un impact sur les taux de conversion des sites de e-commerce.
Ce que l'on propose, c'est une offre très performante et très simple à intégrer qui permet aux e-commerçants de ne plus avoir à se préoccuper de la complexité liée à leur moteur de recherche. Cette complexité, nous la prenons en charge, ils peuvent ainsi se concentrer sur l'expérience utilisateur. Notre objectif sur cet événement, était de rencontrer des e-commerçants rencontrant des problématiques de moteurs de recherche (trop lent, trop consommateur en ressource, peu pertinent, ...).
Chez vos clients, vous avez constaté un bond dans les taux de conversions grâce à Algolia ?
Absolument ! Par exemple A Little Market, racheté par Etsy, a vu son taux de conversion augmenté de 10%. Jadopado, un site de e-commerce au Moyen-Orient, a augmenté ses sessions de recherches de 60% et de 270% sur mobile. Ils ont également amélioré le nombre de produits vus de 50%. Nous travaillons avec nos clients sur des AB Tests, afin d'améliorer le service. Nous avons une offre complexe, mais simple d'intégration.
Vous êtes un produit hyper technique aujourd'hui, pensez vous ajouter une couche marketing avec des indicateurs par exemple ?
On a déjà en fait pas mal travaillé sur les analytics. Nous avons développé un dashboard qui permet par exemple à un site de e-commerce, de mesurer les recherches les plus populaires ou alors celles qui n'obtiennent pas de résultat.
C'est extrêmement important pour un site de e-commerce de savoir pourquoi des utilisateurs qui effectuent une recherche, ne trouvent pas de produits. C'est très frustrant pour l'utilisateur et pour le e-commerçant qui perd un client qui était prêt à acheter quelque chose. Il faut savoir que les utilisateurs qui utilisent le moteur de recherche dans un site de e-commerce sont ceux qui convertissent le mieux.