Le phénix de la mobilité Heetch lève 20 millions de dollars pour concurrencer Uber à Londres et mettre en place un système de tarifs majorés dont les bénéfices reviennent aux chauffeurs. Une façon de cannibaliser le vivier de chauffeurs.
Pour une startup qui renaît de ses cendres, Heetch fait un phénix en très bonne forme. Un peu moins d'un an après son retentissant procès qui lui avait valu - ainsi qu'à ses dirigeants - une condamnation pour exercice illégal de la profession de taxi, ces ennuis semblent aujourd'hui bien loin. La startup annonce ce vendredi avoir bouclé un nouveau tour de table de 20 millions de dollars (16,5 millions d'euros) auprès de Félix Capital, Via ID, Alven Capital et Indinvest Partners. Fin septembre, la startup avait déjà levé 10 millions d'euros pour se relancer.
Après avoir mordu la poussière avec la première mouture de son offre, Heetch avait lancé en mai 2017 "La Base", son nouveau service de covoiturage urbain entre particuliers. Son offre s'était étoffée quelques semaines plus tard du service "Le Pro", une offre professionnelle qui concurrence directement l'activité des VTC. "Nous étions sur un marché nocturne de niche, on nous a forcé à aller jouer dans la cour des grands, ironise Teddy Pellerin, cofondateur de Heetch. Aujourd’hui, nous sommes plus gros qu’avant notre condamnation. Bien sûr, ce n’est qu’une étape : nous avons l’ambition, à terme, de contester le leadership d’Uber en Europe. L’appétit vient en mangeant !" Et le leader du VTC a du souci à se faire, Heetch ayant annoncé qu'il allait emprunter à la startup américaine l'une de ses recettes : son système de majoration de prix en cas de forte demande. Sauf que, contrairement à son concurrent, Heetch promet de reverser l'intégralité des bénéfices de ces majorations au chauffeur, avec une commission fixe de 15%.
Pour l'instant déployé dans 10 villes de 5 pays différents (France, Belgique, Italie, Suède et Maroc), Heetch affiche clairement l'ambition de ce tour de table : attaquer deux à trois nouveaux marchés européens cette année. On peut imaginer que Londres intéressera particulièrement la jeune pousse, Uber ayant perdu récemment son droit d'opérer dans la capitale britannique. Pour se préparer à ce combat sur la scène européenne, la startup française entend doubler son équipe d'ingénieurs. "Nous avons désormais les moyens de nos ambitions, ce qui va nous permettre de changer la relation très froide du client-plateforme-partenaire en une communauté unie qui comprend et respecte les caractéristiques de chacun, notamment via des fonctionnalités sur l’application qui cassent les codes et créent du lien", renchérit Teddy Pellerin. Et, qui sait ? Peut-être que le David tricolore pourra prendre l'ascendant sur le Goliath californien.
Heetch en quelques chiffres
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