Après une année 2015 record en termes de montants investis, la FinTech a connu un retour à la réalité l'année dernière. L'Europe a été particulièrement boudée par les investisseurs même si les perspectives de développement du secteur y sont plus intéressantes.
Serait-ce la banqueroute pour les FinTech ? Avec seulement 24,7 milliards de dollars investis dans les entreprises financières innovantes en 2016, le secteur accuse un recul de près de 50% par rapport à 2015 (46,7 milliards), selon les chiffres présentés dans le rapport annuel Pulse of FinTech de KPMG. Bien sûr, 2015 avait constitué une année record, ce qui implique que l'échelle de comparaison est quelque peu faussée. 2016 reste ainsi une des meilleures années de la FinTech depuis le début des années 2010. Mais les investisseurs reviennent à une certaine réalité après s'être emballés.
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En cause : le Brexit, l'élection présidentielle américaine et un relatif ralentissement de l'économie chinoise. Soit autant de mauvaises nouvelles pour les services financiers. "Tous ces facteurs ont contribué à rendre les investisseurs plus prudents tout au long de l'année, précise le rapport. Ce recul des montants investis reflète l'incertitude qui a plombé tout le marché de l'investissement."
L'Europe pâtit de la frilosité des investisseurs
L'Europe a particulièrement pâti de cette frilosité des investisseurs, avec un recul des montants investis de près de 80% ! Ces derniers ont chuté de 10,9 milliards de dollars en 2015 à 2,2 milliards l'année dernière. Seule consolation pour les FinTech européennes : les fonds d'investissement se montrent optimistes et les montants qu'ils ont investis ont même légèrement augmenté (de 1,2 milliard à 1,4 milliard).
Cette baisse générale des montants investis cache une hausse paradoxale des montants moyens investis à chaque étape de développement. Tous les tours de table, de l'early stage à la série B, voient le montant du ticket moyen grimper. La première levée auprès de fonds d'investissement se négocie désormais en moyenne à 2,7 millions de dollars ! Mais cela signifie que les startups qui cherchent des montants moins importants se trouvent de fait exclues du marché.
... et prend du retard sur ses concurrents
Et ce n'est pas la seule inquiétude que doivent avoir les startups financières européennes. KPMG note en effet "une prolifération de hubs FinTech à travers l'Europe : le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Irlande, la France, l'Espagne ou les pays nordiques ont chacun développé leurs propres écosystèmes pour soutenir et conduire l'innovation dans le secteur". Une bonne chose ? Pas forcément. "On peut se demander si cette diversité géographique ne pourrait pas rendre plus difficile pour ces hubs FinTech la compétition avec des centres plus importants, comme les Etats-Unis, la Chine ou Singapour", s'interroge KPMG. Et l'Hexagone est d'autant plus concerné qu'il n'apparaît pas dans le top 10 des levées européennes les plus importantes des quatre derniers mois de l'année. Et est a fortiori absent du top 30 mondial...
" Il devrait y avoir des opportunités de niche
pour les entreprises de la FinTech "
KPMG anticipe cependant un regain d'attention du secteur bancaire - et des investisseurs - pour certains domaines spécifiques de la FinTech. En effet, la nouvelle réglementation européenne PSD2, qui sera effective en 2018, obligera les banques à ouvrir leurs données à des entreprises tierces. De quoi les inciter, voire les forcer, à se tourner vers des startups de la FinTech pour améliorer les services qu'elles proposent à leurs clients. "Il devrait également y avoir des opportunités de niche pour les entreprises de la FinTech qui sauront tirer bénéfice du PSD2 pour développer des produits spécialisés qui n'auraient pu être bénéficiaires sans l'obligation d'ouvrir les données", prédit KPMG. De quoi redonner un peu de baume au coeur des startups de la FinTech après cette année 2016 en demi-teinte.
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