Comment est née l’idée d’Onoff et comment l’avez-vous concrétisée ?

Je suis un homme de projets et je voulais développer une activité dans un domaine aux possibilités quasi-infinies. J’ai plus de 6000 contacts dans mon téléphone et souvent les fans parviennent à trouver mon numéro, j’avais donc un besoin de numéros virtuels, voire éphémères. La première fois que j’en ai parlé j’étais en tournage en Indonésie avec mes potes et je leur ai expliqué mon idée. On est revenus et je n’ai pas arrêté d’y penser. Il a fallu trouver de grands architectes télécoms, je leur ai fait signer des accords de non-divulgation. Ils ont commencé à chercher comment réaliser ce dont j’avais envie. Il fallait qu’un opérateur nous fabrique une branche antenne, nous l’avons trouvé.

" À partir du moment où je me suis lancé dans l’aventure OnOff, j’ai arrêté les émission télé, j’ai arrêté le sport. Je me suis consacré à 100% à ma société

C’était une course contre la montre et j’ai bossé jour et nuit pour sortir mon business plan, pour créer les premiers designs de l’interface, etc. Je suis un passionné de tout et j’ai même réussi à me passionner pour mon BP ! Je suis directement parti installer la société en Estonie car Onoff a une ambition mondiale. Et puis Skype est né en Estonie et c’est là-bas que je suis allé chercher les meilleurs talents, dont certains débauchés chez Skype.

Comment fonctionne l’application ?

Nous avons beaucoup travaillé sur l’UX et nous avons créé des fonctionnalités que les smartphones n’ont pas. Nous offrons une grande flexibilité, l’utilisateur achète un ou plusieurs numéros (abonnement mensuel de 2,99 euros par numéro, NDLR) et peut décider d’activer ou de désactiver un numéro, de sélectionner les plages horaires durant lesquelles le numéro doit être actif, de planifier l’envoi de sms, etc. Il y a même un mode furtif qui permet de ne pas afficher l’un de ses numéros, et donc l’historique qui va avec, dans l’application.

Au-delà des numéros que l’utilisateur peut choisir, l’application se positionne en frontal avec un Whatsapp un Messenger et un Snapchat mais la forte différence c’est le multicomptes. L’utilisateur peut aussi s’acheter un numéro anglais, par exemple, et les minutes seront décomptées de son forfait français. L’application devient un vrai réseau social qui créé des numéros, si tu changes de téléphone tu récupères tout. Nous avons créé un système d’exploitation virtuel dans le cloud.

OnOffApp

Vous n’êtes pas parti de zéro en tant qu’entrepreneur, que vous ont appris vos expériences passées ?

J’ai une façon de voir les choses assez pragmatique, je me concentre sur les solutions. La seule chose qui définira l'avenir est le travail que tu vas abattre durant la journée. Je ne me demande même pas si ça va fonctionner ou pas, j'ai la confiance du rêve lointain.

" Le sport aussi était une manière d’être entrepreneur, c’était une façon de réaliser des challenges, et au final je suis plus un challenger qu’un sportif

En revanche, après avoir dû arrêter l’activité de ma société précédente, j’ai décidé de me relancer uniquement si je parvenais à respecter 6 points :

  • Choisir un métier où il y a du potentiel
  • Choisir une industrie en passe d’ubérisation et faire comme les Airbnb qui ne possèdent pas d’hôtels ou les Blablacar qui ne possèdent pas de voiture. Avec les télécoms, l’idée est de ne pas avoir recours aux cartes sim et d’utiliser le trafic et les antennes des autres
  • Offrir une expérience utilisateur la plus poussée possible
  • Si on démarre d’en bas, il faut inventer ce que ceux d’en haut n’ont même pas imaginé
  • Avoir un seul produit unique
  • Avoir une distribution mondiale

Est-ce que votre carrière de sportif vous a servi ou au contraire desservi au moment de lever des fonds ?

Avoir été un roller-man reconnu m’a desservi dans le sens où les investisseurs que je voyais se demandaient pourquoi je me lançais dans les télécoms. Mais pour leur prouver ma légitimité, il a fallu que je devienne un expert télécom et que je leur demande de faire venir leurs propres experts pour me questionner et me challenger et que je puisse montrer que mon projet tenait la route.

Les premiers fonds récoltés sont avant tout de la lovemoney. La lovemoney te permet d’être plus flexbible, l’idée de base n’est pas toujours celle que tu vas avoir au bout de trois ans. Ceux qui m'ont fait confiance au début sont des gens qui me connaissaient depuis des années, qui connaissaient ma personnalité et ma ténacité. Personne n’a investi de l’argent parce que j’avais sauté de la Tour Eiffel. Dans mes investisseurs il y a mes amis, des grands noms du rugby, mon cameraman a investi 800 euros par exemple, il y a même mon chirurgien.

" Une boite c’est un projet de vie et si je peux permettre à mes amis d’enfance de participer à l’aventure et qui sait, de pouvoir s’acheter un appart avec un investissement initial de 24 000 euros, alors c’est ce qui compte

J’ai 80 actionnaires et certains sont des ultra jokers qui ont une expertise bien précise : il y a des avocats, des experts telecom, etc. Tous ces actionnaires qui m’ont fait confiance m’ont beaucoup challengé.  Nous avons récemment accueilli au board Ludovic Le Moan (PDG de Sigfox) pour nous aider à nous internationaliser. Nous aimerions également faire une grosse levée de série B d’ici 2017, elle se fera évidemment avec des fonds, l’idée étant de pouvoir, avec cet argent, s’imposer mondialement.

Vous venez de lever 2 millions d’euros, et avez levé au total 5 millions depuis vos débuts, où en est l’activité d’OnOff ?

Nous avons embauché 30 ingénieurs pour développer l’application et peaufiner l’UX et les fonctionnalités. Nous allons d’ailleurs lancer en moyenne une nouvelle fonctionnalité chaque mois. Nous avons rapidement dû obtenir un agrément d’opérateur télécom pour pouvoir acheter des tranches de numéros à l'ARCEP et nous avons signer des partenariats avec d’autres opérateurs pour pouvoir utiliser leurs antennes.

Aujourd’hui nous avons lancé la V1 et ouvert des bureaux dans 5 pays : en Estonie, en France, en Espagne, en Belgique et aux Etats-Unis. L’idée est de se déployer très rapidement aux Etats-Unis et au Canada. On a lancé le marché au Royaume-Uni la semaine dernière et nous souhaitons conquérir entre 20 et 40 pays d’ici cet été. On compte déjà 600 000 téléchargements en France, c’est un bon début. L’objectif est de parvenir à 1 million d’utilisateurs assez rapidement. On a tout entre les mains pour devenir cet opérateur mondial, maintenant il faut aller vite.

" Le but d’OnOff c’est que plus personne n’ait de numéro coincé dans une carte SIM et que tout le monde ait un cloud number

Comment voyez-vous l’avenir, votre objectif est-il de faire la Une de Forbes ?

La vraie réussite personnelle ne serait pas de faire la Une de Forbes mais que l’application devienne mondiale et qu’elle séduise des millions d’utilisateurs. Si je rêve deux secondes, j’aimerais aussi que le succès de l’application me permette de concrétiser pas mal d’autres projets, sportifs ou artistiques. J’ai un long-métrage dans les cartons par exemple. Et puis si ça me permet de réinvestir dans d’autres boîtes alors ce serait génial. Ça montrerait que tout est possible : je n'ai jamais fait d'études mais je suis travailleur.

OnOff