C'est la saga de l'année, et elle n'en finit pas d'alimenter les débats dans tous les médias : la guerre des taxis contre les VTC. On s'insurge, on tape du poing, on lance des pétitions, on publie des lettres ouvertes et pourtant, les décisions récentes du gouvernement vont dans le sens contraire de ce qui semble être celui de l'opinion publique. Retour sur les derniers faits et rebondissements marquants de cette saga.
Rappel des faits
La médiatisation du conflit entre les deux professions a réellement commencé en début d'année avec le défilé "escargot" de plusieurs milliers de taxis le 10 janvier dernier. L'objet de la manifestation était double : dénoncer la loi de financement de la sécurité sociale 2013 qui prévoyait d'introduire des procédures d'appels d'offres pour les transports de malades (jusqu'à présent réalisés par des ambulances, les taxis conventionnés par l'assurance maladie et les véhicules sanitaires) et protester contre l'arrivée en masse des moto-taxis et VTC sur le marché qui, d'après l'intersyndicale, représentent une "concurrence déloyale autorisée par les pouvoirs publics" et "ne respectent aucune règle".
L'opération avait été un succès puisque le gouvernement avait annoncé dans la foulée le gel du décret d'application de la réforme législative et la volonté de "clarifier la distinction entre les taxis et les VTC en interdisant notamment l'utilisation d'éléments contribuant à entretenir cette confusion".
Depuis cet épisode, les principaux représentants et acteurs des professions se sont illustrés dans une guerre médiatique particulièrement violente.
Au cours des mois suivants, deux consultations entre les organismes représentants ont conduit à des accords sur le renforcement des sanctions pour les entorses à la loi par les VTC, la mise en place d’une formation obligatoire, l’interdiction de stationner aux aéroports et aux gares sans réservation, et l’augmentation de la visibilité avec l’ajout d’une seconde vignette à l’arrière des véhicules.
Pourtant, une nouvelle menace de grève a été annoncée en juin dernier par l'intersyndicale des taxis pour obtenir de l'État qu'il impose aux VTC et moto-taxis un délai de 2h avant la prise en charge des clients. Des négociations avec le gouvernement ont finalement abouti sur un délai de 15 minutes.
Pendant l'été, une première lettre ouverte rédigée par Dave Ashton, co-fondateur de Snapcar, est adressée à André Rousselet (président des Taxis G7). Didier Hogrel, Président de la Fédération Nationale Du Taxi, répondra fin août par une lettre ouverte également.
S'ensuivit au mois de septembre une série de débats télévisés, et d'articles d'opinions en prévision de la règlementation prévue pour le 10 octobre.
Naissance des Dodos
Jeudi 10 Octobre, le gouvernement proposait un compromis engageant les VTC à respecter un délai de 15 minutes avant la prise en charge de leurs clients abonnés depuis moins de 24h. Cette mesure avait pour objectif principal d'empêcher les VTC de pratiquer le maraudage (prise en charge de client à la volée), et de renforcer de cette façon la distinction avec les taxis, entre professionnels du marché de la maraude (taxis) et marché de la réservation préalable (VTC).
24h plus tard, vendredi 11 octobre, Les ministres Sylvia Pinel et Manuel Valls ont diffusé conjointement un communiqué de presse revenant sur les décisions de la veille. Dans le communiqué, les ministres de l'intérieur et de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme déclarent que "ce délai (de 15 minutes) ne s’appliquera pas aux activités liées au tourisme que sont la prise en charge du client à partir d’un hôtel haut de gamme ou à l’occasion d’un salon professionnel." Par ailleurs, pour développer l'offre de taxis, "il est décidé de mettre en circulation 1 000 véhicules supplémentaires dans la zone parisienne" dont les licences engageront les conducteurs à "travailler sur les jours et les plages horaires où la demande de transport est la plus difficile à satisfaire". Cela signifie pour les consommateurs qu'avec 7 à 8 minutes d'attente en moyenne pour un VTC, à moins d'avoir les moyens d'être client d'hôtel haut-de-gamme ou d'être invité à un salon professionnel, ils devront attendre les 7 à 8 minutes restantes devant la voiture avant de monter dedans.
Devant l'incompréhension et "l'absurdité" de ces décisions, les sociétés Allocab, Chauffeur Privé, SnapCar et LeCab se sont alliées pour lancer le mouvement de protestation des Dodos.
"C'est comme si, pour protéger La Poste, le gouvernement imposait un délai de 15 minutes à la transmission d'email". Le mouvement a lancé une pétition le 18 octobre sur le site www.mesopinions.com. Avec un peu plus de 6000 signatures au 30 octobre, le mouvement est en marche et espère l'annulation du "décret prévu pour le 1er Janvier 2014 visant à renforcer le monopole des taxis, au détriment du développement des offres de VTC alternatives et complémentaires."
Parallèlement, Uber France a réuni, tout seul, plus de 12 000 signatures à sa pétition.
Site web : PourNePasFaireDeConcurrence.com / Twitter : @les_dodos / Facebook Les Dodos