Il y a quelques jours, la plupart des médias de la place tech recevaient un mail informant du redressement judiciaire de MenInvest, le groupe auquel appartient Menlook. C'est désormais officiel puisque la procédure a été lancée ce matin. L'objectif ? Trouver un repreneur et sauvegarder le maximum d'emplois.
Marc Menasé, fondateur du groupe Meninvest et du site de vente de mode masculine Menlook est dans la ligne de mire d'un corbeau, qui veille au grain et informe les journalistes de ce qui se passe dans cette société, dont il a quitté les fonctions de président en décembre 2016. Après nous avoir informés de son départ quelques jours avant que cela ne soit officiel, ce sont aujourd'hui les détails de la santé financière de la plateforme qui ont été dévoilés. Après vérification, il s'avère qu'alors que le chiffre d'affaires en progression de 50% sur 2016, la rentabilité, elle, n'est pas au rendez-vous. "Les comptes sont catastrophiques", avance même notre source.
L'Allemagne, cause de tous les maux ?
L'une des raisons du "chaos" ? Le rachat de Frontlineshop en Allemagne qui a créé un "véritable chamboulement économique", selon Marc Menasé, "dans un contexte où Menlook a connu plus de 50% de croissance en 2016", précise-t-il. Alors que les deux géants se sont rapprochés en 2015, pensant faire des économies d'échelle, rien ne se passe comme prévu et les licenciements pleuvent. "Le rachat en Allemagne a été une erreur majeure. Les stocks ont été sous-comptabilisé pour ne pas effrayer les fonds d'investissement et les taux de retour produits ont été cachés", avance notre source. Une affirmation qui fait bondir Marc Menasé : "je n'ai jamais caché le résultat de notre rachat en Allemagne. En France on aime parler des choses shiny, mais il faut aussi évoquer les erreurs et les ratés, comme l'Allemagne en ce qui nous concerne."
Pourtant l'histoire commençait bien. Créé en 2010, le site de prêt-à-porter masculin se fait rapidement une place au soleil. Deux acquisitions, le britannique Oki-Ni en 2013 et l'allemand FrontlineShop en 2015, viennent renforcer le groupe MenInvest. Devant cette pépite montante, les investisseurs ne restent pas de marbre. Partech et Axa Private Equity investissent 4,5 millions d'euros en 2011, rapidement suivis par Orkos Capital et 123 Venture qui apportent 5,6 millions d'euros. En 2014, ce ne sont pas moins de 23 millions d'euros qu'investissent Idinvest Partners, Marc et Laurent Grosman (fondateurs du groupe Celio) et Bpifrance.
Un ultime refinancement en décembre 2016
Avant de quitter ses fonctions de président en fin d'année, Marc Menasé, qui reste au board, remet au pot avec ses investisseurs historiques. "J'ai quitté l'aventure en laissant un plan, validé par les 7 membres du comité de direction et en investissant de l'argent personnel, j'y croyais donc vraiment." Pour reprendre sa place à la tête de la société, Mathieu Drida, une quinzaine d'années d'expérience dans le mobile et le e-commerce, est nommé le 20 décembre 2016. "Un nouveau manager a pris la place de Marc Menasé sans connaître l'ampleur des dettes", affirme le mail du "corbeau de Menlook". Une affirmation, que réfute totalement le fondateur de MenInvest, et qui s'inscrit dans un flot d'accusations autrement plus graves. Selon notre source "les comptes étaient faux et la recapitalisation de décembre s'est faite sur des données erronées", une information que nous ne pouvons infirmer ni confirmer puisque les investisseurs contactés n'ont, à ce jour, pas encore donné suite à nos demandes répétées. Marc Menasé tient tout de même à éclaircir un point : "un board ne découvre pas une situation à la fin de l'année alors que nous avons des meetings mensuels".
Aujourd'hui, Marc Menasé se veut confiant et affirme croire en cette solution du redressement judiciaire, qu'il aurait appris la semaine dernière. "Ce redressement a été demandé pour une raison à laquelle je crois énormément : trouver un repreneur", explique-t-il. Selon d'autres sources, MenInvest serait déjà entré en discussion avec quelques groupes intéressés et la reprise devrait se faire d'ici un mois. Aujourd'hui, le groupe MenInvest emploie 130 personnes, parmi lesquels les 70 collaborateurs qui travaillent directement pour Menlook.