Le WProject, c’est l’association de deux passionnés de voyage et d’entrepreneuriat partis à la rencontre des entrepreneurs français à l’étranger pendant plusieurs mois. Thomas Nanterme et Brice de Matharel ont maintenant terminé leur voyage mais les vidéos restent et d'autres équipes sont aujourd'hui sur la route. Un projet qui continue et qui a pour ambition de réaliser des fiches techniques détaillées par pays et pour les entrepreneurs. Un nouveau site vient d'être en ligne où ils présentent leur série de reportage.


Ils ont passé 1 mois à San Francisco au coeur de la Silicon Valley, à rencontrer différents entrepreneurs (seuls Loïc Le Meur, qui était à Londres pour LeWeb, et Carlos Diaz, en déplacement, n'ont pas pu répondre à leurs questions) pour justement en savoir plus à propos de cet écosystème atypique."On a vraiment été impressionné par la disponibilité des entrepreneurs, investisseurs ou institutionnels rencontrés sur place ! On sent que dans la Silicon Valley il existe une véritable culture du réseau et de l’entraide, particulièrement dans le microcosme des entrepreneurs français de la Valley" témoignent les 2 baroudeurs.

Après avoir bouclé leur tour du monde, Thomas et Brice seraient-ils prêts à monter leur entreprise au bord de San Francisco ? "C’est sûr que quand on voit le dynamisme qui règne dans la région ça fait envie ! En plus de ça San Francisco est vraiment une ville très agréable avec une excellente qualité de vie. Après il faut être réaliste. On ne crée pas une entreprise pour aller dans la Silicon Valley. Ce n’est pas une fin en soit. Il faut y aller pour les bonnes raisons : le marché, un avantage compétitif, un axe stratégique. D’ailleurs la plupart des entrepreneurs que nous avons rencontré ont démarré leur activité en France et ils continuent d’avoir une partie de leur activité dans l’hexagone notamment les équipes IT ou d’ingénieurs car les français sont excellents et beaucoup moins chers. La majorité ont également franchit le pas après une levée de fond auprès d’investisseurs français pour faire face aux coûts d’une création d’entreprise à San Francisco".

"Venir dans la Valley pour créer son entreprise c’est quand même un sacré challenge. Il faut prendre en compte le paramètre visa, le coût de la vie et celui des développeurs (!), la concurrence, le réseau, les attentes du marché, une culture bien particulière. Tout n’est pas si rose. Donc, à choisir, ça dépendrait de notre produit/service et de nos liquidités! Cela viendrait certainement dans une seconde voire troisième phase de développement si cela présente un intérêt."

Si vous deviez comparer les différents écosystèmes que vous avez découverts, qu'est-ce qui diffère la Silicon Valley des autres?

La Silicon Valley c’est avant tout un écosystème exceptionnel qui prend sa source dans des universités prestigieuses comme Stanford ou Berkeley. C’est dans les années 30s que cet environnement s’est structuré avec la réussite de Hewlett & Packard, étudiants à Stanford et co-fondateurs de la multinationale HP. Depuis il existe un véritable cercle vertueux : les projets de recherche sont fait dans l’optique de trouver des applications au marché, de créer des startups qui seront les mastodontes de demain.

Ces projets universitaires passent donc du côté de l’économie réelle et sont accompagnés par « une formidable pompe à finance » comme le dit Phil Jeudy, lobbyiste dans la Valley et fondateur de Geek Trip. Il n’existe nul part ailleurs un tel tissu de financement. Sur une route, Sand Hill Road, à 5 minutes en voiture de Stanford, en plein coeur de la Silicon Valley, se regroupent les plus grands investisseurs et fonds d’investissement (Sequoia Capital, Greylock, Andreessen Horowitz). Cela fait donc plus de 60 ans que l’écosystème se développe et se renforce avec les différents cycles, bulles et crises.

Troisième facteur qui fait de la Silicon Valley, un écosystème hors du commun c’est un état d’esprit bien particulier. Il y a une véritable notion de « paid forward » (reconnaissance) du côté des entrepreneurs qui n’hésitent pas à passer du temps, donner des conseils et investir dans des jeunes pousses. Autres caractéristiques, un marketing orienté client axé sur le « pain point » (ie quel problème on résout) et l’acceptation de l’échec. Là-bas ce n’est pas grave de se tromper. Au contraire il faut se tromper le plus rapidement possible pour trouverla bonne formule et améliorer son produit !

Enfin, la Silicon Valley c’est un lieu incontournable pour les secteurs de l’informatique. Lorsque la France représente 3 à 4% du marché mondiale du logiciel, les Etats-Unis valent 50%. Sur place, on rencontre et côtoie les meilleurs. « C’est la NBA » pour reprendre l’expression de Romain Serman, ancien Consul Général de France à San Francisco et maintenant à la tête de la BPI aux États-Unis.


Pourquoi est-ce que les autres écosystèmes souhaitent s'en inspirer?

La Silicon Valley c’est clairement LA région du monde qui est le plus synonyme d’entrepreneuriat, d’innovation et de technologie. Quel pays ne rêve pas de faire naître le prochain Facebook, Linkedin ou Netflix ? D’être le bassin des innovations technologiques mondiales ? Pour un pays, une région où une ville avoir un pôle d’attractivité comme la Silicon Valley c’est énorme ! C’est en partie là-bas que se construit le monde de demain.

En plus d’avoir un coup d’avance, cela représente une opportunité inouïe pour attirer les cerveaux du monde entier. D’ailleurs les entrepreneurs des quatre coins de la planète se bousculent pour faire des business trip ou s’implanter dans la Baie de San Francisco. Les enjeux économiques sont donc gigantesques, en témoignent la visite de notre Président il y a quelques mois !

L’autre raison c’est que les gouvernements et élites des différents pays se rendent progressivement compte de l’impact positif de l’initiative individuelle et de l’entrepreneuriat sur l’économie. Pour les pays du Nord, c’est une des solutions mises en avant pour se sortir de la crise, pour ceux du Sud, de répondre aux défis du développement. La Silicon Valley a su instaurer un véritable culte des entrepreneurs. Il y a une telle culture de la création d’entreprise qu’un jour où l’autre tout le monde franchit le pas !

Cette mentalité elle est assez positive puisqu’elle donne l’impression que tout le monde peut y arriver, que tout est possible ! Quoiqu’il arrive il serait inepte de la part d’un pays de vouloir recréer exactement la même chose. Chacun doit faire avec ses atouts, son marché et ses possibilités.

En savoir plus : WProject