Pour bien commencer la semaine, la rédaction de Maddyness propose à ses lecteurs un nouveau rendez-vous baptisé NewsOffStartups. Celui-ci a pour vocation de détailler et d’approfondir les sujets politiques et économiques à propos de l’écosystème startups français. Deux univers différents : celui bien rodé de la grande entreprise française multinationale et celui de la petite startup qui tente d’émerger. Chacun lutte à son niveau pour gagner des parts de marché. L’association privée Paris Region Lab, quant à elle, a décidé de les réunir afin favoriser des synergies.


La première doit être compétitive à l’international. La seconde doit prouver que son nouveau produit ou service trouve sa place sur un marché. La première compte des milliers d’employés. La seconde juste une poignée. Mais grandes entreprises comme startup doivent sans cesse innover pour survivre.

Les startups, une source de sang neuf

Les grands comptes, s’ils ont l’avantage d’avoir les reins solides, ne doivent pas se laisser distancer pour autant. Alors que la concurrence internationale s’est renforcée ces dernière années, chacun d’entre eux tentent de conserver, voire de gagner des parts de marché.

Or, l’importante structure des grandes entreprises et la lenteur de décision, est parfois un frein à l’innovation. Dans ce cadre, la flexibilité et l’inventivité des startups les attirent.

« Les startups font preuve d’une agilité que nous ne possédons plus avec notre chaîne de décision. Travailler avec elles nous permettra d’avancer plus vite et de développer des idées que nous n’aurions peut-être pas trouvées avec notre R&D », témoigne Godefroy de Colombe, président directeur général de Axa Global Direct France.

Les grands groupes y voient aussi un moyen de se réinventer au contact de ceux qui vivent de l’innovation.

« Entrer en contact avec les startups nous offre l’opportunité de nous confronter à des thèmes différents et de nous ouvrir à du sang neuf et de nouvelles idées, ce qui ne peut être que constructif ! », explique pour sa part Grégory Olocco, directeur du i-Lab, une structure d’innovation autonome au sein d’Air Liquide.

Paris Région Lab, une solution d’incubation clef en main

Ainsi, les deux grands groupes par l’intermédiaire de leur filiale fortement positionnée sur l’innovation, ont décidé d’incuber des startups...ou plutôt de les faire incuber chez Paris Region Lab. Souvent, la raison de leur choix est double. Favoriser l’incubation en dehors de l’entreprise préserve la liberté de décision des startups. Mais surtout, le choix de l’association Paris Région Lab est justifié par le fait que cette association incube des startups depuis...1998 ! Cette dernière propose alors une solution clef en main:

« Nous fournissons bureaux, formations et conseils sous forme de services payants aux startups que nous incubons. Nous créons également de plus en plus de partenariats sur-mesure avec de grand comptes qui souhaitent – seul ou à plusieurs – développer des incubateurs sur un thème spécifique », explique Anne Gousset, directrice de Paris Région Lab Incubateurs.

Contre quelques dizaines de milliers d’euros, les grands comptes choisissent la thématique et les startups qui accéderont à l’incubateur. Ainsi Axa a créé « Smart Data for customer intelligence » et Air Liquide a créé « Respirer dans la ville – i-Lab », en relation avec leur stratégie de développement.

« Nous avons choisi une startup qui créé des capteurs de qualité de l’air et une sur la végétalisation d’espaces, qui sont actuellement en phase de test en interne et qui pourrait offrir des perspectives de diversification pour Air Liquide. Sur le plan de la collaboration technique, nous avons également sélectionné une entreprise spécialisée dans le plasma froid pour le traitement de l’air. Nous sommes très intéressés par cette technologie ! », explique Grégory Olocco.

Les grands comptes, des clients en puissance

Les groupes Renault et JC Decaux pour leur part ont créé un incubateur qui s’appelle « Ville de demain ». C’est dans ce dernier qu’est actuellement incubé Park 24, une startup spécialisée dans le stationnement intelligent. Elle propose une solution du guidage qui optimise le taux d’occupation des parkings, que ce soit dans les parkings privés ou dans la ville.

« Nous sommes en train d’équiper un premier parking pour JC Decaux et nous tentons de faire nos preuves. Si nous y parvenons, nous pourrons ensuite accompagner ce grand-compte dans sa stratégie de diversification de son offre aux collectivités locales. Nous avons tout à gagner », souligne Xavier Richard, co-fondateur de Park 24.

Dans un autre incubateur, le « Welcome City Lab » dédié au tourisme, PayinTech tente également de bénéficier de ce contact privilégié avec de grandes entreprises au sein de Paris Région Lab.

« Nous développons une solution de paiement par bracelet muni d’une puce RFID que nous cherchons à commercialiser auprès des grands acteurs du tourisme. Comme ces derniers sont déjà très sollicités, avoir un accès privilégié aux sept grands-comptes qui ont monté l’incubateur nous permet de faire nos preuves », témoigne Bertrand-Sylvestre Boncheval, co-fondateur de PayinTech

Un avenir commun ?

Dans le même incubateur, Parisianist, produisant un guide digital de Paris, a déjà remporté un contrat significatif.

« Nous avons fait un « demoday » devant Aéroport de Paris et AirFrance. La compagnie aérienne nous a ensuite demandé de produire le contenu de son guide pour Paris destiné à ses clients », explique Sedrik Allani, co-fondateur de Parisianist.

Par ailleurs, deux des sept grands-comptes « Welcome City Lab » se sont déjà déclaré intéressé pour investir dans Parisianist à l’avenir. S’il reste à cette startup à transformer l’essai, cela prouve que la démarche des entreprises impliquées est double : Mes grands comptes utilisent ces incubateurs non seulement pour trouver de futurs fournisseurs mais aussi faire émerger des opportunités d’investissements !

« Non seulement, nous sommes prêts à acheter les services des startups capables de nous apporter des solutions Smart Data mais nous sommes aussi prêts à la soutenir à l’international, où nous sommes implantés, et à les financer. Nous avons même en interne un fonds d’amorçage, Axa Seed Factory, qui suit déjà ces entrepreneurs de près ! », précise Godefroy de Colombe.

La majorité des grands groupes exercent ainsi une veille à la fois technologique et d’acquisitions. Les startups pour leur part trouvent potentiellement des clients et des investisseurs. Les ingrédients d’un happy end sont donc réunis.

Le coût de la prestation d’incubation

L’incubation par Paris Région Lab reste à la charge des startups. Mais l’accompagnement permet souvent d’obtenir des financements plus facilement auprès des collectivités locales et organismes dédiés. . Par exemple, Park 24, a dû payer 18 000 euros sur un an pour l’incubation et le loyer. Mais, cette somme a largement été couverte par une subvention de 30 000 euros, obtenue auprès de la région Ile-de-France et la ville de Paris.

PayinTech, qui a conservé ses locaux, a réglé pour 7 000 euros de services d’incubation et de conseils. Mais ces derniers lui ont permis d’obtenir la plus grande avance remboursable proposée par la BPI, de 100 000 euros.

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