Depuis 2015, ViensVoirMonTaf aide des élèves issus de centaines d'établissements des réseaux d’'ducation prioritaire (REP et REP+) à trouver leur stage de 3e. Cette vocation est née chez deux journalistes de la radio Europe 1, Virginie Salmen et Mélanie Taravant, qui ont vécu un "déclic d’engagement" à la suite des attentats contre Charlie Hebdo. C'est une discussion entre les journalistes d'Europe 1 et une professeure d’anglais, Gaëlle Frilet, qui a donné corps à l’initiative. "Elle nous a indiqué que ses élèves choisissaient des stages par dépit puisque, bien souvent, ces derniers sont trouvés sans possibilité de s’affranchir du cercle familial, raconte ainsi Virginie Salmen qui, de par son métier, dispose d’un carnet d’adresses fourni. Nous avons fait jouer notre plus value." Tout a alors débuté avec deux classes d'un collège de Romainville, près de Paris, avant de s'élargir à la région Île-de-France… puis à l'ensemble de l'Hexagone, tant la demande était forte.
Réduire les inégalités dans le numérique
Pour cette cinquième édition, l’accent a été mis sur les métiers du numérique. "Un secteur qui recrute beaucoup et représente l’avenir, mais au sein duquel de nombreuses inégalités subsistent" , pointe Virginie Salmen. Des inégalités de milieu social d’abord, mais aussi des inégalités de genre. "Les filles ont tendance à s’auto-censurer. Et cela se traduit dans les discours. On utilise plus communément le terme informaticien que celui d’informaticienne" , explique la journaliste, qui milite pour que "les femmes de sciences" se rendent dans les collèges plus régulièrement afin de créer des vocations. Pour remédier à cette situation, ViensVoirMonTaf a organisé un "stage dating" en lien avec l’association Club XXIe siècle, qui œuvre pour l'égalité des chances.
Plusieurs d’entrepreneur·se·s ont ainsi pitché leur activité à 12 collégiennes, le 14 octobre 2020 dernier. "Cela permet de donner à ces dernières une juste représentation de ces différents métiers, alors qu'elles avaient jusqu’ici – et c’est bien naturel – du mal à s’en faire une idée du fait de leur jeunesse" , expose Virginie Salmen. Toutes ont décroché un stage au sein de sociétés évoluant dans le domaine du numérique à l’issu de cette rencontre. "C’est un bon signal, car le choix de stage constitue la première pierre de l'édifice qu'est l’orientation professionnelle. Cela influence le choix de filière au lycée" , estime-t-elle.
Des ateliers organisés par ViensVoirMonTaf dans les collèges s’étaleront encore sur toute l'année scolaire. Avec un message : "Même si le stage de 3e est facultatif cette année en raison de la pandémie de Covid-19, faites-en un." L’association insistera sur le fait qu'une telle expérience en entreprise "ouvre de nouveaux horizons" . Elle en veut pour preuve un récent sondage mené auprès des élèves précédemment accompagnés : près de 80 % d'entre eux disent avoir revu leur orientation à la hausse à la suite de leur stage de 3e.