En annonçant ce jeudi 24 septembre qu'il piocherait 1 milliard d'euros dans sa fortune personnelle pour investir dans des startups en Europe, Daniel Ek, fondateur et PDG de Spotify, a électrifié la scène tech continentale. Le Suédois souhaite réaliser un "nouveau rêve européen" dans les dix prochaines années en réponse au célèbre rêve américain ("American Dream") a-t-il indiqué lors de l'événement Slush organisé en visio conférence. Selon Forbes, la fortune personnelle de Daniel Ek se monterait à 3,6 milliards de dollars — environ 3,1 milliards d'euros. Il dépenserait donc un tiers de cette somme dans des startups "en travaillant avec les scientifiques, les entrepreneurs, les investisseurs et les gouvernements".
Mais cet argent ne sera utilisé n'importe comment. Daniel Ek a précisé qu'il chercherait à financer des "moonshot projects", ce que l'on peut traduire par des innovations de rupture, comme les deeptech, qui ont souvent des difficultés à trouver des financements car elles présentent un risque technologique fort avec une incertitude qui ne l'est pas moins sur leur rentabilité dans le temps. On peut citer Hyperloop dans le transport par exemple. Daniel Ek a listé les secteurs de la santé, l'éducation, le machine learning et les biotechnologies pour ses futurs investissements.
Évoquant sa frustration de voir de nombreuses entreprises tech rachetées par des géants américains, Daniel Ek a défendu une vision européenne de l'écosystème. "Je veux prendre ma part. Nous savons tous que l'un des plus grands défis est l'accès aux fonds", a-t-il commenté. Selon un rapport du fonds Atomico, il y aurait eu de 34,9 milliards de dollars dépensés en 2019 dans les startups européennes, dont 4,8 milliards en France.
"Je suis vraiment frustré lorsque je vois des entrepreneurs européens abandonner leurs incroyables visions en vendant très tôt à des entreprises non européennes, ou lorsque certains des talents technologiques les plus prometteurs d'Europe partent parce qu'ils ne se sentent pas considérés ici. Nous avons besoin de plus de super entreprises qui montent la barre et peuvent être une source d'inspiration".
Daniel Ek est lui- même bien placé pour poser ce constat car Spotify a dû s'introduire à Wall Street il y a deux ans, faute de bourse tech européenne d'envergure.