À travers une série d’entretiens qu’elle a mené auprès de personnalités visionnaires qui l’ont toujours inspirée, Vanessa Perez - ex vice présidente de la communication chez Dassault Systèmes et directrice de la communication de l’Institut européen d'innovation et de technologie digitale - a voulu vérifier l'une de ses certitudes, à savoir qu'il "existe un dénominateur commun entre tous ceux qui accomplissent leurs rêves, que l’on soit entrepreneur, salarié, bénévole ou même artiste" .
Déconstruire le mythe de la startup nation
"Pendant longtemps, j’ai cru que l'accomplissement de soi passait par le statut d’entrepreneur. Comme si "faire entreprendre" rendait officiel l’accomplissement de ses rêves" , reconnaît Vanessa Perez. Aujourd'hui galvaudé, le terme d’entrepreneur se réfère pour beaucoup aux chef·fe·s d’entreprise ou aux startupeur·euse·s en quête d’innovation et de croissance. Mais "entreprendre, ça commence tout petit sur la plage" , lorsqu’on bâtit un château de sable, que l’on imagine des contreforts et des douves pour protéger des crues. "J’ai voulu montrer "qu’entreprendre" , c’était avoir la force de croire en sa singularité pour contribuer à un monde de progrès" . Un·e entrepreneur·e, pour l'autrice, c'est ainsi une personne qui "s’engage, qui commence et persévère au nom de son rêve" .
Une vision différente avant tout
À première vue Gad Elmaleh, Bertrand Piccard, Clara Gaymard et Serge Papin ne semblent pas avoir grand chose en commun. S’ils ont connu des parcours différents, de leur enfance jusqu’à leur réussite professionnelle, ils ont pourtant chacun, chacune, une certaine vision du monde. Pour entreprendre, il faut avant tout "jeter un regard neuf sur le monde et commencer par changer le regard que nous posons sur nous" , explique Vanessa Perez. Ce constat, Bertrand Piccard l’a fait tout au long du projet Solar Impulse. Pour réussir, il faut, selon lui, être doté d’un "esprit pionnier qui remette fondamentalement en question les croyances et les habitudes. Il faut regarder ce que l’on croit le plus et se dire : et si je pensais autrement, où cela me mènerait ?" .
Même constant dans l’humour. "Tu vas prendre une histoire puis la tordre" , explique Gad Elmaleh. Pour Serge Papin, à la tête de Système U pendant 13 ans, cela signifiait "inventer un métier qui n’existait pas encore" et une nouvelle manière de commercer et de créer du lien entre clients, vendeurs et producteurs.
Suivre son instinct
Tous les entrepreneur·e·s interrogé·e·s par Vanessa Perez ont également en commun plusieurs traits de caractère. Ils ont tous et toutes envie de "se dépasser, coûte que coûte et d’aller au bout de leur projet" , souligne Bertrand Piccard. Bien que salarié, Maurice Lévy a toujours fait preuve d’une grande abnégation pour son travail. L'histoire est connue : alors que les bureaux de Publicis étaient en feux, Maurice Lévy n’a pas hésité à pénétrer dans ces derniers pour sauver les dossiers et le travail réalisé par son équipe. Pourquoi ? Parce que Publicis était aussi son projet.
Un autre trait de caractère prédomine chez tous les interviewés : leur capacité à fédérer autour d’eux. Serge Papin le reconnaît, "je ne suis pas ceux qui gueulent mais de ceux qui associent, qui fédèrent et qui font" . C’est de cette manière qu’avec Jean-Claude Jaunait ils ont réussi à développer le groupement Système U dont le modèle inspire aujourd’hui d’autres enseignes. Dans l’humour aussi, l’adhésion du public est essentiel. "Il faut réussir à emmener le public avec toi. Les gens croient savoir où tu vas les emmener mais ils se trompent" , confie Gad Elmaleh.
La crise, un accélérateur d'entrepreneuriat ?
Clara Gaymard a co-fondé le fonds Raise Impact pour "soutenir une économie bienveillante" et investir dans des projets qui se battent pour plus d’inclusion et de responsabilité dans la société. Entreprendre à toujours une résonance plus ou moins positive. Dans son ouvrage, Vanessa Perez s’est concentrée sur les entrepreneurs du monde nouveau, c’est à dire, ceux qui veulent avoir un impact positif sur le monde autour d’eux et oeuvrer pour l’intérêt général.
La crise du Covid-19 pourrait encore accélérer ce mouvement. "Cette situation est une opportunité pour se réinventer, repartir et concentrer son énergie en donnant à son action le sens que l’on souhaite qu’elle ait pour soi, pour les autres et pour la planète pour finalement s’accomplir" , explique Vanessa Perez avant de confier qu’il n’y a pas de monde nouveau. "Le monde dépend du regard que l’on y porte et l’essentiel serait peut-être de porter désormais un regard empreint d’altruisme, d’authenticité et de sincérité nous mieux déceler ce que l’on qualifie d’essentiel pour notre futur et celui de la planète" . Enfin, à travers ces témoignages, Vanessa Perez veut montrer que l'entrepreneuriat est à la portée de tous.
Entrepreneurs d'un monde nouveau est paru aux Editions Kawa.