S'assurer de la qualité du travail de ses fournisseurs, les entreprises savent faire. S'assurer que leurs fournisseurs vont pouvoir les livrer dans les temps, aussi. S'assurer que les entreprises pourront les régler dans les temps, les fournisseurs savent faire également - ils ont des outils pour cela. Mais comment obtenir la garantie que ses fournisseurs respectent une certaine éthique, soient conformes à la politique de responsabilité sociétale des entreprises définie au sein d'une société ? À l'heure des réseaux sociaux et de l'indignation éclair, mieux vaut se prémunir contre un bad buzz que des dérives chez un fournisseur ne manqueraient pas d'engendrer.
Fair Makers a donc choisi de dématérialiser les audits de contrôle et d'en élargir les cibles pour donner aux entreprises une image plus précise de ce qui se passe dans les sociétés avec lesquelles elles travaillent étroitement. "La grande majorité des fournisseurs ne sont contrôlés que tous les cinq ans, seuls 20% environ le sont tous les ans, souligne Sanâa Khadir, fondatrice de la plateforme. C'est ce qui explique les scandales récurrents qui touchent par ricochet les marques."
Pas de name and shame
Pour "aller au-delà des contrôles" déjà effectués par des cabinets d'audit, Sanâa Khadir a imaginé des enquêtes régulières portant sur plusieurs points-clés des politiques de RSE : impact social et environnemental, bien-être familial des collaborateurs, bien-être animal, hygiène et sécurité. "Contrairement aux cabinets d'audit qui se concentrent souvent sur la parole des managers, nous avons fait le choix d'inclure l'ensemble des salariés de ces entreprises", précise l'entrepreneure.
À partir de ces réponses, Fair Makers attribue un score aux fournisseurs, qui peut évoluer au fur et à mesure des enquêtes. "Les données sont collectées et actualisées en temps réel et sont disponibles pour des fournisseurs jusqu'au deuxième rang", explique Sanâa Khadir. Une manière d'éviter que des informations plus à jour ne restent en ligne et pénalisent injustement ceux qui font des efforts pour améliorer leur note. La plateforme recense donc les notes des fournisseurs, publiées avec leur accord, et accessibles à leurs seuls partenaires. Pas de name and shame, donc, mais simplement l'assurance pour leurs interlocuteurs d'être rassurés. "Nous voulons sortir du système de sanctions et créer un outil positif, coopératif", atteste la fondatrice.
La startup a réalisé un premier essai avec un grand groupe et est en discussions avancées avec une dizaine de clients potentiels dans des secteurs aussi variés que le luxe, la construction, l'agro-alimentaire ou l'électronique. Et envisage déjà de lever des fonds pour étendre sa zone d'influence.