S’il faut admettre qu’une nouvelle entropie liée à l’économie et aux organisations est à l’œuvre, grâce notamment à un capitalisme de la " destruction créatrice ", on comprend aussi que son accroissement induit des dommages difficilement soutenables demain pour l’humanité. Éthique, questions environnementales et sociétales, finance responsable… Le tout pour une Humanité durable où l’Homme prend conscience de son âge géologique et devient le principal facteur de transformation, voilà ce qui se diffuse en ce moment dans les médias.
Alors, certains vous diront : " Nous voilà passés sous la pression sociale de Greta Thunberg " , ou encore : " voilà ces déclinistes, fanfarons de la décroissance, et peut être aussi bientôt des futurs extrémistes d’une certaine deep ecologgy malthusienne." D’autres, diront, en revanche : " Avant de déclarer l’arrivée d’une nouvelle crise financière, la fin du capitalisme et l’entrée dans une Ère de ‘l’apocalypse éclairée’, a-t-on vraiment, bien " raconté " jusqu’à présent l’histoire du capitalisme ? "
Ce questionnement a d’ailleurs été soulevé lors de la toute dernière édition du " CEO Initiative " de Fortune où l’un des participants exprimait :
" Pour chaque article de presse positif sur le capitalisme, il y a en 11 négatifs. Avant de conclure : " le capitalisme a un problème de relations publiques "
Alors, sorte de nihilisme actif pour les fervents du capitalisme, ou expression d’une nouvelle culture du capitalisme ? Rien de véritablement net aujourd’hui! Pour autant, commence à émerger un discours où l’Alpha financier (la super-performance financière) ne s’opposerait en rien à un Alpha ESG (la création de valeurs fondées sur des critères environnementales, sociales et de gouvernance et de développement durable).
Dans son appel " pour un futur pacifique et soutenable ", Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, invite, quant à lui, les dirigeants des grandes entreprises, les politiques, les scientifiques à se saisir des enjeux de résilience de la planète. Mais, pour autant, faut-il y voir uniquement un appel pour faire face à la catastrophe annoncée.
Donner du sens à l’entreprise n’implique pas de ne pas créer de la croissance
Au contraire, c’est élaborer un nouveau modèle débouchant sur des opportunités de nouveaux marchés. C’est desserrer l’entropie sur l’activité́ économique en traitant la rareté́ des ressources, en transformant les externalités négatives en richesse, en réorientant les flux financiers.
Autrement dit, c’est ouvrir la " boite noire " de la fonction de production d’une entreprise, structurée à partir des facteurs capital/travail, en élargissant sa mission et en prenant en compte les dynamiques sociologiques et les changements structurels de la société.
L’ère du dirigeant en première ligne ne signifie pas une " Ère du Clash ", comme l’a proposé Christian Salmon. L’Ère du dirigeant en première ligne invite celui-ci à porter ses choix et ses convictions et à les proposer aux clients et aux investisseurs comme du " good business ". Le nouveau leadership se caractériserait ainsi par l’affirmation d’une stratégie de communication où le business et la mission peuvent s’interpénétrer.
Bernard Michel est président Viparis et Real Estech Europe et Camille Fumard est l'auteure du livre blanc " C-level : Imposez un nouveau leadership " et porte parole du think tank " Gend’her " (lancé par KPMG/Mipim)