Qui a dit que la France était toujours à la traîne ? N'en déplaise aux French bashers, l'Hexagone fait partie des premiers rôles européens en matière de levées de fonds liées à l'intelligence artificielle, selon une étude réalisée par le fonds Serena, très actif dans le secteur. D'abord en termes de montants investis, puisque la France se classait en 2017 deuxième derrière l'indétrônable Royaume-Uni, qui concentre à lui seul plus d'un tiers des montants investis (782 millions d'euros sur 2,2 milliards de dollars). Avec 438 millions de dollars d'investissements dans des startups de l'IA fondées sur son territoire, la France est un solide concurrent. Certes talonné par l'Allemagne (306 millions de dollars) et les pays nordiques (267 millions de dollars).
Mais il faut rembobiner un peu la bande pour mesurer tout le potentiel français par rapport à celui de ses ambitieux voisins. Car l'Hexagone a connu une impressionnante croissance, notamment en valeur, des deals liés à l'IA ces dernières années. Bien meilleure qu'en Allemagne ou dans les pays du Nord. Car si le volume des deals n'a bondi "que" de 315% entre 2015 et 2017 (contre 618% en Allemagne et 1228% pour les pays du Nord), le montant des investissements a, lui, explosé de 625% dans l'Hexagone contre 364% et 284% pour les deux autres zones géographiques.
Une croissance au service de l'emploi
Surtout, la France se positionne comme un poids lourd des méga-levées, ces tours supérieurs à 20 millions de dollars. Pas moins de 10 tours ont dépassé en 2017 les 10 millions de dollars rassemblés, et 5 les 20 millions. C'est un peu moins qu'au Royaume-Uni (8 et 8) mais davantage qu'en Allemagne (5 et 3). Notre voisin d'outre-Rhin s'impose sur les petits tickets (16 opérations sous le million de dollars, contre seulement 8 en France) mais l'Hexagone fait au moins jeu égal voire s'impose sur tous les segments au-delà de ce fatidique pallier.
Autre donnée intéressante, les Dataiku, Actility et autres Shift ont un impact bien plus important sur l'emploi français que leurs concurrents étrangers. Pour 100 000 dollars investis, les startups françaises de l'IA ont créé 0,78 emploi. De quoi faire jeu égal avec le Royaume-Uni (0,79), alors même que le nombre d'opérations et les montants investis sont sans commune mesure. L'Allemagne, quant à elle, est à la traîne (0,53). En revanche, lorsque l'on considère la répartition interne à l'Hexagone des emplois créés, Paris s'impose largement comme un hub de l'intelligence artificielle, cristallisant 71% des 5152 emplois générés dans le secteur.