C'est un véritable plaidoyer pour les services de conciergerie. Adossés à Airbnb et consors et régulièrement pointés du doigt parce qu'ils encourageraient à la location courte durée, ces derniers participent pourtant à l'économie locale, à leur échelle. C'est la conclusion d'une étude, que Maddyness a pu consulter, réalisée par le cabinet de conseil Rinzen pour le Collectif des conciergeries qui rassemble quatre plateformes phares du secteur (BnbLord, LuckeyHomes, SmartRenting et WeHost). Auteurs de l'étude, les économistes Pierre Bentata et Nicolas Bouzou ont mesuré l'impact économique de ces services.
Un secteur... d'une grosse centaine d'emplois
Première observation : les conciergeries créent de l'emploi. Rien qui puisse rivaliser avec les quelque 100 000 emplois revendiqués par le secteur de l'hôtellerie, certes. Les commanditaires de l'étude comptabilisent à eux quatre 78 créations de postes en CDI depuis leur apparition, il y a quatre ans. 27 autres collaborateurs sont des freelances, dont 8 doivent être embauchés en CDI fin 2018. En ajoutant les salariés des (nombreuses) autres plateformes de conciergerie, le secteur pèse au total une grosse centaine d'emplois.
Bon point pour les plateformes : ces emplois bénéficient principalement aux jeunes, catégorie dont le taux d'emploi est plus faible que la moyenne. La moyenne des employés est ainsi de seulement 26 ans. L'étude met aussi en avant une quasi-parité des recrutements avec 45% de femmes parmi les CDI. Le tout pour des profils hautement qualifiés (développeurs, data scientists, managers...). Mais le millier de taskers, "qui assurent les activités de ménage et de maintenance des biens immobiliers", restent cantonnés à des tâches peu qualifiées avec un statut plus précaire. Et cette situation touche, là aussi, principalement des jeunes - des étudiants qui assurent une partie de leur revenu en se chargeant de la logistique liée à la location - et des femmes.
L'étude évoque en outre 420 emplois indirectement créés par les plateformes. Là, le calcul est plus périlleux : les auteurs ont en fait quantifié l'activité économique des plateformes pour estimer le nombre d'emplois que celle-ci pourrait générer. Les 3 millions d'euros dépensés par les conciergeries pour des services de blanchisserie, d'entretien et de ménage sont ainsi "convertis" en une trentaine d'emplois. Tout comme les 7,2 millions d'euros reversés aux hôtes via les plateformes deviennent 45 emplois créés dans les commerces de loisirs. Et les 23,8 millions d'euros dépensés par les locataires dans les commerces locaux se transforment en pas moins de 240 emplois.
Doper l'économie locale
Second grand enseignement de l'étude : les conciergeries ont un impact positif sur les zones dans lesquelles elles opèrent... et pas forcément celles que l'on croit. Ainsi, "plus du tiers des logements gérés par les conciergeries se situe dans des communes peu touristiques, loin des grands centres tels que Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux ou Nice", affirme le rapport. Villes moyennes et communes rurales aux abords de zones touristiques trouvent eux aussi leur public. Et bénéficient, grâce à ce vivier de logements, d'un attrait touristique inespéré.
Une statistique les auteurs du rapport mettent en exergue pour démontrer que les conciergeries sont complémentaires à l'activité hôtelière et non directement concurrentes. D'autant que leur impact sur l'économie locale est elle aussi légèrement différente, les locataires dépensant davantage pour les loisirs et les courses alimentaires, tandis que les clients des hôtels font davantage marcher les activités de restauration et de transport. Au total, les clients des conciergeries dépenseraient une trentaine d'euros de plus que ceux des hôtels dans les commerces alentour, n'ayant pas accès au panel de services proposés par les hôtels.
Reste que, pour se pérenniser, l'activité des conciergeries devra relever un double défi : s'intégrer durablement au paysage touristique, en bonne entente avec le secteur de l'hôtellerie qui reste un acteur majeur dans le domaine ; et résister aux assauts réglementaires qui imposent de plus en plus de limites aux locations de courte durée.