C'est une stratégie de communication qui fait les beaux jours des événements tech français : Kat Borlongan, nouvelle directrice de la French Tech, avait été intronisée lors de Viva Tech fin mai et a dévoilé sa feuille de route ce mercredi lors du Web2Day à Nantes. En anglais, elle a déroulé plusieurs thématiques qui constitueront le fil rouge de son action à la tête de la mission French Tech, l'emblématique écosystème technologique français.
Place aux scaleups !
Après avoir longtemps mis l'accent sur le développement et le financement des startups early stage, la French Tech change de braquet : ce sont désormais les scaleups qui auront ses faveurs - sans toutefois qu'elle délaisse les entreprises en phase d'amorçage, que celles-ci se rassurent. « La French Tech a déjà beaucoup investi dans l’early stage et aujourd’hui, c’est au moment de la série C que l’on constate les plus grandes difficultés pour les entreprises françaises en termes de management, d’internationalisation… Nous devons ouvrir des marchés pour nos scaleups, en favorisant les partenariats avec des corporates », a calmement expliqué Kat Borlongan.
Penser international
Et si « la première version de la French Tech était dédiée à la communauté française et à l’early stage », la nouvelle mouture doit faire la part belle à l'élargissement des horizons. Car si le label et la communauté se sont d'abord développés autour des écosystèmes régionaux, les deux se sont internationalisés : le premier a été accordé à plusieurs villes étrangères abritant de nombreuses entreprises françaises et la seconde a fortement grossi hors des frontières françaises, forte des réseaux d'entrepreneurs expatriés. « Nous voulons nous ouvrir encore plus grand à la communauté French Tech disséminée à travers le monde, pour la rendre plus inclusive et diverse », a ainsi prôné Kat Borlongan.
La diversité comme colonne vertébrale
La nouvelle directrice de la French Tech l'a répété à plusieurs reprises : la diversité doit être partie intégrante du projet de la mission dont elle a pris les rênes. Et elle compte bien aider les entrepreneurs à élargir le champ de leurs possibles, quels que soient leur origine, leur lieu de résidence ou leurs moyens. « S’il y a une barrière géographique ou financière qui empêche les meilleurs talents de faire ce qu’ils veulent faire, nous devons la lever », a ainsi souligné Kat Borlongan. Elle a d'ailleurs annoncé que le fonds dédié mis en place par la French Tech à l'échelle de la région Île-de-France sera doublé pour pouvoir couvrir tout le territoire national.
Rester au contact du terrain
Pas question pour la nouvelle égérie de la French Tech de se déconnecter de cet écosystème si dynamique pour plonger dans les affres de l'administration. Et si Kat Borlongan reconnaît que les entrepreneurs prennent parfois la French Tech pour « une conciergerie », elle juge plutôt cela bon signe. « L'idée est de faciliter les choses pour les startups. Pour cela, il faut être au courant de ce qui se passe dans nos entreprises pour régler les problèmes auxquels elles font face, même s'ils ne relèvent pas exactement de notre compétence au départ. »
Et cette Superwoman de l'entrepreneuriat français a démontré qu'elle ne s'en laisserait pas conter. À un spectateur un peu insistant qui vantait le modèle irlandais, elle a demandé s'il s'en faisait le chantre « parce que les entrepreneurs n'ont besoin d'aller à la préfecture qu'une seule fois au lieu de deux chez nous ». Et a renvoyé l'intervieweur dans les cordes lorsqu'il a fait mine de s'étonner que la French Tech soit portée par le gouvernement. « Si on exclut les pouvoirs publics, on oublie les visas du ministère des Affaires étrangères, on oublie l'intelligence économique du ministère de l'Économie, bref, on oublie tout ce qu’on a bâti depuis des années comme avancées pour les startups et l’écosystème Tech. » De quoi laisser présager une présidence tambour battant, sans concession.