Charles-Henri Gougerot-Duvoisin a connu Jérémy Di Meglio pendant ses études à l'Ecole Supérieure de Publicité, Laurent Vessiere lors d'un emploi dans une entreprise toulousaine dans la logistique, et Stevy Llong Tai au travers d'un échange avec des amis alors que ce dernier était à Londres. Il les a donc réunis pour s'associer et donner naissance à Obvy, une application qui permet aux particuliers de vendre des biens via petites annonces en toute sécurité.
Quel a été votre constat de départ ?
Aujourd'hui, le commerce entre particuliers est une nouvelle économie de masse, portée par 30 millions de français réalisant 70 millions de transactions tous les ans. Il n'y avait toutefois pas de solution de paiement mobile dédiée à la sécurisation de ces transactions, finalisées dans les 3/4 des cas en re mise en main propre. Ces transactions sont sujettes à de réels problèmes : vols, arnaques en tous genres (faux chèque de banque, chèque en bois, faux argent liquide...) ou encore à des négociations forcées.
Il s'avère également que le côté pratique n'existait alors pas : argent à manipuler ou à encaisser, appoint ou monnaie à rendre, manque de confiance et de traçabilité (utile pour l'acheteur dans le cas de vice caché ou de vente d'une contrefaçon)... Autant de sujets auxquels répondre.
Quelle est votre solution ?
Nous avons alors créé Obvy, diminutif d' "obvious", parce que la création d'une telle solution était évidente. Obvy est une application de cantonnement de fonds grand public, intrinsèquement pensée pour le commerce entre particuliers et ce pour tous types de biens et tous types de montants.
Le principe est très simple : Jean vend sa télévision sur une plateforme de petites annonces, et Camille souhaite lui acheter. Cette dernière va retrouver Jean sur l’application et pouvoir voir les notes et avis laissés par les autres utilisateurs ayant déjà effectué des transactions avec lui. Si le profil lui convient, elle va envoyer au vendeur une demande d’achat, que Jean sera libre d’accepter ou de refuser. S’il accepte, l’argent de Camille sera prélevé de son compte bancaire et déposé sur un compte inviolable sur l’application jusqu’à leur rencontre.
Cela s’appelle le cantonnement de fonds. Jean est donc absolument certain d’être payé, et Camille n’aura pas de liquide à manipuler et évite de potentiels désagréments. Lorsque Jean et Camille se rencontrent, l’acheteuse inspecte le téléviseur, et si tout est en ordre elle va procéder au paiement en scannant un QR Code sur le téléphone de Jean.
Dans le cas où le téléviseur ne serait pas en adéquation avec la description faîte, elle est libre d’annuler jusqu’au dernier moment la transaction gratuitement et de voir son argent déposé sur son compte Obvy, argent qu’elle peut conserver sur l’app ou virer vers son compte bancaire. Enfin, après le scan, Jean et Camille sont invités à se noter et à laisser un avis sur la transaction, et auront tous deux leur vente archivée dans leur historique, comprenant toutes les informations relatives à la transaction. L’intérêt ? Disposer d’une réelle traçabilité mais aussi d’avoir une preuve en cas de problème.
Il s'avère également que la solution Obvy sera d'ici peu disponible sur navigateur et directement intégrée à une quinzaine de plateformes de petites annonces au travers d'un bouton de paiement, à l'image d'un bouton "Payer avec PayPal". Cette démarche vise à démocratiser notre solution et montre notre volonté d'en faire un standard dans ces paiements particuliers.
Quel est votre business model ?
Notre business model repose sur la prise de commissions auprès de l'acheteur. Nous prenons 3,5% du montant lorsqu'il payé par carte bancaire et lorsque ce dernier est sous la forme d'un prélèvement, 2,5% du montant avec un plafonnement à 29€ de frais entre 1200€ et 50 000€.
Pouvez-vous nous raconter votre plus belle anecdote de startupper ?
Lorsque nous avons sorti Obvy, des utilisateurs ont eu des usages auxquels nous n'avions pas pensé (paiement de covoiturage, paiement pour un travailleurs indépendant) et continuent de nous interroger sur des usages autres (caution, billetterie). C'est un sentiment unique de voir des utilisateurs s'approprier notre solution et de l'utiliser dans des cas particuliers ! Cela nous permet d'identifier leurs attentes et d'axer nos développements.
Quelle a été votre plus grosse galère ?
Notre projet initial était également dans la finance et l'économie collaborative mais nécessitait un agrément spécifique ainsi qu'une très grosse somme de fonds. Nous avons donc été poussés à trouver un pivot et à repenser l'intégralité de notre projet de départ. Finalement ce n'est pas plus mal, là ou certaines startups ne savent pas forcément où elles vont, nous avons déjà notre "masterplan".