Cap sur la France ! Nous en parlions il y a un an, presque jour pour jour : Crime Science Technology, la govtech spécialiste de la sécurisation des documents d’identité, entend bien convaincre le marché français - son pays de naissance - après s’être taillé une renommée à l’export.

Elle poursuit sa croissance en annonçant ce matin que C4 Industries, entre au capital. C4 Industries est le fonds de Pascal Cagni et président de Business France - « mais ce n’est pas à ce dernier titre qu’il investit », précisent les deux parties. Via son activité d’investissement dans les startups, C4 Industries a soutenu depuis 2014 plus de 50 startups, dont neuf sont devenues des licornes. 

Impossible en revanche de connaître le montant de l’opération : C4 Industries se montre rarement bavard sur le sujet, et le cœur de métier de Crime Science Technology demande de rester discret. La startup travaille en effet avec des acteurs publics sur des sujets de sécurité nationale : « Ce type de chiffres relève de l’intelligence économique », résume Cosimo Prete, un ancien de la police scientifique, qui a fondé C.S.T. à Lille en 2010, avant d'être rejoint par ses deux associés Jérôme Comar et Gautier Alloyez.

Prochain objectif : accélérer son industrialisation

Quinze ans plus tard, la govtech a conquis une clientèle internationale sur les cinq continents. Elle dispose de 52 brevets ou familles de brevets délivrés dans 30 pays, et compte parmi ses clients de grands noms comme le FBI ou Scotland Yard.

Initialement soutenue par Bpifrance, ainsi que par les fonds régionaux des Hauts-de-France, Finovam, FIRA et Nord France Amorçage, Crime Science Technology a imaginé une technologie qui permet de distinguer à l’œil nu un document authentique d’un faux, « grâce à l’introduction de molécules qui changent de couleur en fonction de l’angle et des conditions d’observation. Quand on évoque les “papiers d’identité”, c’est plutôt de plastique dont il faudrait parler aujourd'hui, puisque tout est plastifié. Nous avons offert au plastique ses lettres de noblesse, en travaillant sur les deux composants : le support… et l’encre ! » 

Cette technologie, baptisée OVM (Optical Variable Material), est reconnue par exemple par l’Organisation internationale de l’aviation civile, instance de régulation de l’ONU pour l’élaboration des documents d’identité ou encore par Frontex, l’agence de gardes-frontières de l’Union européenne. « Nous sécurisons aujourd’hui de nombreux documents d’identité à travers le monde, tels que les cartes d’identité, passeports et permis de conduire. Les Etats définissent leurs cahiers des charges et CST fournit une brique technologique critique qui permet d’y répondre. 

Avec cette nouvelle levée, CST entend poursuivre son industrialisation, car « dans notre domaine, c’est une course de vitesse permanente entre le faussaire et l’innovation ! » résume Cosimo Prete, ancien membre de la police scientifique. 

A noter enfin, son entreprise s’est lancée plus récemment sur le marché de l’authentification et de la traçabilité des biens de consommation, en nouant un partenariat avec Philaposte (La Poste Groupe), pour garantir l’authenticité des timbres, vignettes tabac, alcool ou produits de luxe… « Crime Science Technology est rentable, depuis quelques années déjà, conclut le CEO. Nous avons des revenus récurrents et une excellente visibilité sur la trésorerie, puisque la durée de vie d’un document d’identité est de sept ans minimum. »