Il peut s’avérer gênant pour un entrepreneur de relancer un client qui n’a pas payé sa facture en temps et en heure. Soucieux de préserver la relation commerciale, il cherche les bons mots pour le contacter tout en le rappelant à ses obligations. « Dans une précédente entreprise, Beekast, ces factures pouvaient représenter une proportion significative qui pouvait atteindre plusieurs millions d’euros d’encours » se souvient Yassine Chabli, CEO et co-fondateur de Billabex. Ce serial entrepreneur qui commercialisait déjà des films gravés au collège avant de concevoir des sites web pour des agences alors qu’il était lycéen, trouvait cette mission ingrate et désagréable sans avoir pourtant d’alternatives.

Après avoir vendu Beekast, avec son associé Quentin Georget, il a planché sur une solution, conscient que l’essor de l’intelligence artificielle leur offrait une opportunité. « Nous avons fait beaucoup de R&D pour créer des agents IA autonomes capables de contacter les clients de façon personnalisée afin de préserver la relation commerciale en conversant. » Les agents numériques comprennent les raisons qui conduisent à l’absence de paiement et règlent plus de 80 % des situations par mail, SMS ou encore par téléphone en générant une voix pour laisser un message vocal. « L’IA négocie directement avec le client pendant que l’humain arrête de courir après son argent. Il n’intervient que si le client exprime une difficulté particulière que l’agent ne peut résoudre. »

Alléger la charge mentale du dirigeant

Un RIB égaré, un oubli, une facture à déposer sur un portail, lancer un recommander, ou encore une erreur d’interlocuteur, l’IA gère la relation et s’assure que la promesse de virement a été suivie. « Nous avons humanisé nos agents en leur donnant un prénom, un nom et une adresse mail. Les clients les considèrent comme un membre de l’équipe à part entière. » L’IA évalue également le niveau de risque crédit de chacun.

Depuis son lancement commercial au printemps 2024, Billabex a pris en charge plusieurs dizaines de milliers de factures par mois pour collecter plusieurs millions d’euros de façon autonome. Artisans, TPE, PME mais aussi grands comptes ont recours à la solution. Parmi eux, CEGID, leader de l’édition de logiciels comptables travaillent notamment à l’intégration de la technologie de Billabex.

Une IA en guise de CEO

La startup se résume pour l’heure à trois membres et « une armée d’agents IA. » Bien que Yassine Chabli prévoie de recruter une dizaine de personnes qu’ils destinent aux relations commerciales ou aux équipes produit, il envisage une décision radicale. « Nous prévoyons d’avoir un agent IA au poste de CEO tandis que je resterai président de l’entreprise. Le CEO est un chef d’orchestre et en ce sens nous avons déjà créé Sarah. Elle est interconnectée à nos comptes bancaires, elle suit nos budgets, étudie les CV, analyse notre situation commerciale, fait remonter les risques, pourra même mesurer le niveau de motivation des équipes. » Même si l’IA ne remplace pas l’humain, elle pourrait devenir irremplaçable.