Après avoir commencé par faire du conseil en stratégie puis rejoint une société londonienne de capital-risque, Aurore Falque Pierrotin a retrouvé Paris pour y déployer le fonds espagnol Samaipata. « Au sein de ce fonds, je me suis spécialisée dans les sujets climatiques. J’ai investi dans des boîtes ayant mis au point une comptabilité carbone, mais aussi dans l’agroalimentaire ou la mode », précise Aurore Falque Pierrotin. Sauf que l’investisseuse constate que le sujet de l’impact environnemental se concentre principalement sur les émissions carbone. « Les startups parlaient très peu de la biodiversité ou de la préservation des ressources comme l’eau. Alors j’ai commencé à chercher des projets qui s’intéressaient à ces thématiques. Mais en France, il n’y avait pas grand-chose. Et au fur et à mesure, je me suis passionnée pour le sujet. Jusqu’au moment où je me suis dit que j’allais créer la société que je n’avais pas trouvé. » 

Quantifier l’impact des entreprises sur la biodiversité

Aurore Falque Pierrotin crée alors Darwin en mars dernier, aux côtés de Cyprien Hallé et Antoine Vallier, un des experts français de la biodiversité. « Je ne rêvais pas de devenir entrepreneuse mais j’ai toujours aimé entreprendre. Chez Samaipata, j’aimais construire la marque, développer l’entreprise en France. C’est cette démarche de construction qui m’inspirait le plus. Puis le sujet de la biodiversité m’est un peu tombé dessus. Et je me suis dit que j’avais envie de passer les 10 prochaines années de ma vie à faire ça », confie la CEO de la startup.

Avec Darwin, Aurore Falque Pierrotin a donc imaginé une plateforme permettant de quantifier l’impact des entreprises sur la biodiversité. L’idée est de savoir comment les activités des entreprises contribuent aux cinq types de pressions que subit la biodiversité. A savoir l’artificialisation des terres, l’utilisation des ressources qui se raréfient comme l’eau, le changement climatique, les pollutions de tous types (sonore, air, eau, sol) et enfin, l’introduction d’espèces invasives. « Pour une industrie qui produit des yaourts, on s’intéresse par exemple aux matières premières, on remonte la chaîne du lait, afin de savoir quelle surface de terres a été nécessaire pour la production, combien de m³ d’eau ont été utilisés, etc », détaille la dirigeante.

Une première levée de fonds

La startup travaillent essentiellement avec des consultants, pour les accompagner sur ces questions. « Pour définir l’impact des entreprises, nous avons besoin de traiter de gros ensembles de données hétérogènes, notre plateforme vient donc les aider à réaliser ce travail », précise Aurore Falque Pierrotin, qui souligne que le marché est porté par les nouvelles directives européennes, comme le CSRD (corporate sustainability reporting directive). Cette réglementation impose par exemple aux entreprises de plus de 250 salariés de publier un rapport de durabilité selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), avec notamment comme pilier l’impact sur la biodiversité.

Pour poursuivre le développement de sa plateforme et la lancer sur le marché en début d’année 2025, Darwin vient de réaliser une première levée de fonds d’1,5 million d’euros auprès d’Asterion et de business angels actifs dans le climat comme Lucie Basch (fondatrice de TooGood To Go et Climate House), Dimitri Farber (fondateur de Tiller), Olivier Pin (CPO de Deepki) et Alix de Sagazan (fondatrice de AB Tasty). Grâce à ce tour de table, la startup qui emploie deux salariés envisage de recruter 15 profils tech dans les 18 prochains mois.