Mon Ami Poto (mespotos.fr) est née officiellement ce jeudi 21 novembre, sur les Champs-Elysées. Un drôle d’endroit pour lancer une marketplace solidaire ? Au contraire, le pavillon luxueux dans lequel Ryad Boulanouar avait réuni ses partenaires (le Groupe SOS, Crésus, La France s’engage et Nickel) est une entreprise d’insertion.

Car il serait regrettable d’opposer rentabilité et solidarité, comme ont pris plaisir à le souligner les participants. On connaissait déjà Ryad Boulanouar, sa détermination et son audace. Il y a dix ans, Nickel, le « compte sans banque » que l’on pouvait ouvrir en cinq minutes au tabac du coin, sans condition de revenu ni de patrimoine, était venu jeter un (gros) pavé dans la mare de la Banque-Assurance.

Mais les conférences de presse réservent parfois de belles surprises, comme ce fut le cas avec l’intervention de Jean-Louis Kiehl, fondateur de l’association Crésus et partenaire, donc,  de mespotos.fr, le nouveau « bébé » de Ryad.  Une silhouette mince, un accent alsacien, quelques années au compteur et surtout des punchlines en série. « L’ESS, c’est tumultueux : chacun veut cultiver ses pauvres ! On rencontre beaucoup d’égoïsme. » « Donner aux associations sans avoir de mesure du ROI, ça n’a pas de sens.» Ou encore : « Si l’argent réglait le problème de la pauvreté, on le saurait : on n’aurait plus de pauvres. »

Derrière ce discours, une réalité : la France est un pays généreux et ses citoyens ne sont pas en reste, eux qui donnent chaque année 3,2 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 2,2 milliards pour les entreprises mécènes, elles aussi invitées à rejoindre Mon Ami Poto. Généreux, donc, mais quand Ryad Boulanouar se déplace de chez lui au bureau, il ne peut que constater l’explosion de tentes et de sans-domicile. « Ce n’est pas à notre honneur. Le pays compte 2 800 associations reconnues d’utilité publique, cependant la dilution des moyens est telle qu’elles ne sont pas suffisamment efficaces. »

Une plateforme qui s'appuie sur une monnaie numérique

La solution, pour lui, passe par une plateforme qui fédère à ce jour 60 associations triées sur le volet et qui ne devrait pas dépasser la centaine. Car « fragmenter les dons, ça ne fonctionne pas ». Mais surtout, elle passe par un système qui autorise « pour la première fois, une vraie traçabilité du don ».

La marketplace s’appuie sur une monnaie numérique (le Poto), non spéculative, avec une parité fixe avec l'euro (1 Poto = 1 Euro), agréée par l’ACPR. Avec un registre public centralisé et des wallets sécurisés (numéro de série unique pour chaque centime en circulation), cette monnaie offre aux donateurs « une transparence totale sur l’usage final de leurs dons ». « Ce n’est pas une crypto monnaie, c’est une monnaie qui a un sens, contrairement au bitcoin qui n’en a jamais eu le moindre », a souligné Ryad Boulanouar, pas avare de punchlines lui non plus.

Mon Ami Poto propose aux donateurs de flécher leurs dons vers des besoins essentiels, tels que l'alimentation, la santé, l’environnement, l’énergie ou le logement. Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS, a souligné que la nouvelle marketplace limiterait aussi les coûts engagés dans la collecte, qui pour certaines associations grimpent à 30% du budget - si ce n’est davantage.