Deux ans après un tour en seed, Faircraft reboucle une levée de fonds, cette fois en série A. La biotech lève 15 millions d’euros. En 24 mois, elle est parvenue à mettre au point son protocole de fabrication de cuir de synthèse. Aujourd’hui, Faircraft prépare son industrialisation. La startup française a réunit plusieurs investisseurs étrangers : Kindred Ventures et Heirloom, deux fonds américains, Entrepreneur First et Blue Wire Capital, fonds britanniques, Sake Bosch, fonds hollandais. Côté français, Alliance for Impact, Cap Horn et Bpifrance ont également investit dans cette série A. 

Faircraft a été fondée en 2021 par Haïkel Balti, ingénieur en science des matériaux, et César Valencia Gallardo, docteur en biologie et spécialisé en biochimie et biologie cellulaire. Autour d’eux, une équipe de 20 personnes composée d’ingénieurs et de scientifiques, de 8 nationalités différentes. «Nous avons beaucoup travaillé sur la matière elle-même mais également sur les procédés de fabrication de cette matière», explique Haïkel Balti, CEO de Faircraft. «Nous avons réalisé un vrai travail scientifique, il n’y avait pas de publication existante. Nous avons recruté des ingénieurs qui ont conçu des bio-réacteurs, des machines pour nous permettre de fabriquer cette matière.»

Le processus de fabrication est maintenant maîtrisé par Faircraft. «Nous sommes déjà en mesure de produire de la matière mais en petite quantité. Nous fabriquons quelques mètres carrés par mois. Cela peut être suffisant pour des collections capsules mais pas plus», analyse Haïkel Balti. En effet, Faircraft vise, pour son cuir in-vitro, le marché de la mode et, en priorité, la maroquinerie de luxe. «Au fur et à mesure, nous élargirons notre cible aux marques premium. Puis, si nous voulons avoir un impact, nous devrons cibler des marchés avec des volumes plus importants.»

L’ouverture d’une usine d’ici trois ans

Au-delà de préserver le bien-être animal, en proposant une alternative aux peaux, le procédé de fabrication de Faircraft permet de limiter grandement l’impact du cuir sur l’environnement. «Nous avons réalisé une étude d’impact qui se base sur une projection d’usine type. Notre technologie utilise 1/20ème de l’eau nécessaire pour produire du cuir. En CO2 équivalent, nous divisons par 10, les émissions de CO2», développe le CEO. «Mais ce qui me plaît le plus, c’est toute la créativité permise par notre peau in vitro.»  

Au démarrage de Faircraft, Haïkel Balti échange avec plusieurs maisons de luxe qui semblent toute de suite très intéressées par le projet. «Elles nous ont confié travailler sur ce sujet depuis 8 ou 9 ans avec des laboratoires.» L’enjeu est important pour ces marques qui cherchent à conquérir les nouveaux consommateurs de luxe : la génération Z. Les exigences des plus jeunes sont importantes et se concentrent sur les valeurs, le respect de l’environnement et des animaux. Le seul nom n’est plus synonyme de succès commercial. 

Avec ces 15 millions d’euros, Faircraft veut accélérer son développement industriel et commercial. La startup va recruter de nouveaux profils ingénieurs mais également produit pour bien comprendre les besoins des designers. «Avec ce tour de table, nous allons pouvoir travailler avec davantage de marques. Cela nous permet de travailler notre industrialisation pour nous permettre d’arriver à notre structure de coût cible.» L’objectif de Faircraft est de proposer une alternative au cuir animal à parité prix pour les marques. «D’ici 2 à 3 ans, nous allons pouvoir ouvrir une usine en France», raconte Haïkel Balti.