Depuis plusieurs années, les projets en faveur de l’environnement et de la société se multiplient dans la French Tech. Cependant, malgré toute la meilleure volonté du monde, il est parfois difficile de s’y retrouver parmi la quantité d’initiatives lancées, et plus encore quand certains tentent des manœuvres de «greenwashing» pour capter des capitaux ou s’acheter une bonne conscience. «L’impact est pavé de bonnes intentions», observe Antoine Martel, entrepreneur qui a notamment lancé l’éditeur nantais iRaiser pour aider les organisateurs à but non-lucratif à collecter plus facilement de l’argent.

Engagé dans le monde associatif depuis une vingtaine d’années, ce dernier a décidé d’aller encore plus loin il y a deux ans en lançant Good Only Ventures. Derrière ce nom, se cache une structure qui détonne dans le monde du capital-risque français. «C’est un modèle hybride à mi-chemin entre un véhicule d’investissement et un club deal de business angels», résume Geoffroy Vincent, directeur des opérations de Good Only Ventures.

4 associations sollicitées pour étudier les dossiers

Concrètement, cette structure souhaite investir dans des entreprises innovantes avec un impact réel, pour répondre aux défis sociaux et environnementaux de notre époque, et une véritable perspective de croissance dans les phases de seed, pré-série A et série A. Le tout avec une particularité de taille : la validation des dossiers avec quatre associations majeures (Croix-Rouge française, Handicap International, Surfrider Foundation et Fondation Good Planet). «Ces associations mettent à disposition leurs experts pour s’assurer que ces projets répondent à des enjeux prioritaires», souligne Antoine Martel.

Dans le cadre de sa démarche, Good Only Ventures prend en compte trois facteurs clés : l’intentionnalité des dirigeants et de l’équipe, la valeur ajoutée du projet sur le marché ciblé et sa mesurabilité. «Quand on parle d’impact, il faut que l’on puisse le mesurer. Pour cela, on a une grille d’impact en interne qui repose sur 13 critères. Ensuite, il y a le filtre des ONG pour repérer les externalités négatives. Et enfin, on essaie de se rapprocher de l’Impact Score mis en place par le Mouvement Impact France», explique le co-fondateur du véhicule d’investissement. «Notre ambition est de montrer qu’il est possible de contribuer, à notre échelle, à l'innovation et à l'impact social et environnemental en France et en Europe. Cela est possible en finançant des startups avec un modèle économique viable et qui cherchent à obtenir des résultats d’impact concrets et mesurables», complète Geoffroy Vincent, directeur des opérations de Good Only Ventures.

Avec cette approche originale, Good Only Ventures cible une taille de 8 millions d’euros avec l’appui de 150 investisseurs particuliers et professionnels (selon les règles fixées par l’AMF). Grâce à ce véhicule d’investissement, l’objectif est d’injecter des tickets compris entre 50 000 et 150 000 euros, avec la possibilité de monter jusqu’à 300 000 euros, pour réaliser investissements sur trois ans.

Vers un fonds plus classique ?

A ce jour, Good Only Ventures a déjà investi dans une dizaine de startups françaises, dont Willy Anti Gaspi (lutte contre le gaspillage alimentaire), Benevolt (faciliter la rencontre entre bénévoles et associations), Agriloops (production de gambas et légumes en aquaponie), Omni (motorisation des fauteuils roulants) et Uzaje (réemploi et lavage de contenants alimentaires). «Nous sommes un véhicule suiveur, nous n’avons pas vocation à mener des tours de tables. Les fonds aiment bien co-investir avec nous et on souhaite réinvestir sur les seconds tours», précise Antoine Martel.

Devant le potentiel du marché à impact, l’entrepreneur et des investisseurs a déjà des idées pour la suite. «L’objectif est de faire grossir ce véhicule pour le faire passer sous une structure plus classique de fonds», indique-t-il. «Rapprocher deux mondes, celui des ONG, qui portent une vision philanthropique, et celui des entreprises, qui portent une vision capitaliste, cela peut vraiment faire avancer les choses. On veut montrer qu’il est possible d’avoir un impact écologique avec un modèle économique viable», conclut Geoffroy Vincent. Dans cette perspective, Good Only Ventures est en quête d’une quinzaine de projets supplémentaires à financer au cours des deux prochaines années pour atteindre son objectif initial.