Un ballon dirigeable flotte au-dessus des sites industriels de GRT Gaz, leader européen du transport de gaz ou encore d’Orano, leader mondial de la gestion d’uranium pour les centrales nucléaires. « Attaché au sol par un câble, il intègre des caméras embarquées et des capteurs pour détecter les départs de feu, les fuites de gaz et les intrusions » explique Guilain Yvon, dirigeant de Lium qui complète : « Nous avons la chance de travailler avec des industriels sensibilisés qui se donnent les moyens d’aller chercher des innovations pour se décarboner ou gagner en sécurité. »
Avec cet outil, la startup souhaite non seulement sécuriser les sites industriels mais aussi contribuer à leur décarbonation. Lium se rappelle notamment de la catastrophe Lubrizol en septembre 2019 dont la facture a pesé pour partie sur la collectivité tout en engendrant d’importants dégâts à l’échelle environnementale. « La réglementation qui s’en est suivie oblige les industriels à mieux savoir ce qu’ils émettent avec leur activité mais aussi en cas de catastrophe. »
Une obligation sans réponse ?
Après la France, l’Union européenne s’est également saisie de la question en imposant des exigences minimales spécifiques en rapport avec l’environnement notamment avec la directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité. « Une fuite de gaz, en particulier si c’est du méthane, a un potentiel 10 à 20 fois supérieur sur le réchauffement de l’atmosphère par rapport au CO2. » Le ballon dirigeable de Lium contient des capteurs afin de détecter les fuites au plus vite.
Lium estime pouvoir réduire de 1 % l’empreinte environnementale française d’un groupe industriel multi-sites en détectant les fuites de méthane au plus tôt. « La réglementation Lubrizol force non seulement les industriels à réduire leur impact mais aussi à le quantifier en toutes circonstances. On constate une appétence des industriels, malheureusement, ils n’ont pas d’outils pour le faire. »
Une levée pour un début de solution
Lium est régulièrement sollicité par des industriels désireux de faire face à leurs obligations sans pouvoir encore pleinement leur répondre. « Ils attendent un niveau de précision des capteurs que nous travaillons à développer. Nous cherchons aussi à quantifier et à trouver comment résoudre les fuites. » Pour avancer dans cette direction, la startup finalise une levée de fonds de 800 000 euros pour améliorer ses capteurs et rendre son dirigeable plus robuste. « On nous sollicite aussi pour de la détection de feu de forêt par exemple mais nous n’avons pas encore les moyens industriels de produire en grande capacité pour répondre aux quantités attendues. » La levée, menée par Ava Capital, Valeureux ou encore Aerospace Angels, réunit également deux descendants directs des frères Montgolfier et consolidera la présence de la startup en France et étendra sa solution en Europe.