Axeleo Capital veut s’inscrire dans le cadre des thématiques fortes portées par le plan France 2030, comme l’industrie et la transition écologique. Dans cette optique, la société tricolore de capital-risque annonce le lancement d’un fonds greentech avec un premier closing de 125 millions d’euros. Il s’agit donc de la moitié de l’objectif final, fixé à 250 millions d’euros. Pour cette première tranche, Axeleo a pu compter sur le soutien du fonds Révolution Environnementale et Solidaire abondé par le dividende sociétal de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, du Fonds national de venture industriel (FNVI) géré par Bpifrance pour le compte de l’État dans le cadre du plan France 2030, et du groupe Veolia.

Baptisé «Green Tech Industry I», ce véhicule d’investissement vise à épauler les startups industrielles européennes dédiées à la transition écologique, en leur permettant de faire sortir de terre leur première usine. Dans ce cadre, Axeleo Capital souhaite injecter des tickets compris entre 3 et 10 millions d’euros pour soutenir des jeunes pousses évoluant dans les secteurs de l’énergie (nouvelles énergies renouvelables, stockage...), de la chimie et des matériaux (biomatériaux, recyclage des plastiques...), de l'agriculture et l’alimentation (engrais et pesticides biosourcés…), ainsi que de la mobilité (moteurs électriques, décarbonation du transport aérien et du transport maritime…).

Au total, ce sont 15 à 20 participations en Europe qui sont prévues avec ce fonds greentech. Le premier investissement a été réalisé dès décembre 2023 dans la startup Sweetch Energy, spécialisée dans l’énergie osmotique. Celle-ci est générée par la différence de salinité de l'eau douce et de l'eau salée lorsque celles-ci se rencontrent.

Adresser le financement insuffisant des startups industrielles

Avec ce nouveau véhicule d’investissement, Axeleo Capital veut contribuer à résoudre la problématique du financement des startups industrielles, qui n’est pas suffisamment bien adressée à ses yeux à l’heure actuelle. «Il y a un manque dans la chaîne de financement entre les fonds très deeptech, comme Supernova par exemple, et les fonds growth de l’autre côté du spectre. Entre les deux, il n’y a pas grand monde pour prendre le risque de soutenir le financement des premières usines des startups industrielles. Pourtant, le time-to-market est très intéressant. Mais la partie capital-risque, c’est la pièce manquante», observe Mathieu Viallard, co-fondateur d’Axeleo Capital.

«Il n’y a pas beaucoup d’acteurs sur ce créneau compliqué pour lequel il faut des compétences industrielles. Mais il n’y en a pas souvent dans les équipes de VC traditionnelles, davantage tournées vers le software. On parle de décarboner l’industrie, mais on ne peut le faire que par du software», complète Marc Lechantre, Partner chez Axeleo Capital et à l'initiative de ce nouveau fonds avec Guillaume Sarlat. «Les laboratoires qui produisent des technologies fonctionnent. Désormais, ils doivent industrialiser. C’est le stade qui nous intéresse, avec un deal flow assez riche et équilibré. Nous voulons intervenir assez tôt dans le cycle de développement des entreprises, dans la foulée de la phase de conception», ajoute l’investisseur.

«Pendant plusieurs années, les fonds de capital-risque ont mis de côté les sujets hardware»

Ce fonds greentech permet à cet acteur bien connu du capital-risque français d’étendre son champ d’action après avoir lancé plusieurs fonds software B2B. «Pendant plusieurs années, les fonds de capital-risque ont mis de côté les sujets hardware. Cela faisait peur aux VC, car les plans de financement étaient mal analysés et ils n’avaient pas forcément en tête que mettre un produit hardware sur le marché prenait autant de temps. Depuis, l’écosystème a mûri et est davantage conscient des enjeux sur le sujet», analyse Mathieu Viallard. Avant d’ajouter : «Nous voulons être en capacité d’aller chercher de la valeur à moyen terme. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous permettre d’être dépendants de l’Asie et des États-Unis sur les sujets industriels.»

Axeleo Capital, qui compte 300 millions d'euros d'actifs sous gestion, espère donc apporter sa pierre à l’édifice pour soutenir l’industrie verte en Europe, qui compte déjà quelques pépites comme Verkor qui veut devenir un géant européen de la production de batteries électriques. Avec plus de 1 300 entreprises dans le deal flow, ce nouveau fonds greentech vise donc à faire sauter les derniers verrous dans le financement des startups industrielles pour contribuer à l’envol de jeunes pousses provenant de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni, du Benelux, de la Suisse ou encore des pays nordiques, qui savent déjà allier industrie et transition écologique avec des acteurs comme le Suédois Northvolt.