«Il faut oser, voilà tout.» Axel Reinaud, cofondateur et président de NetZero, lui a osé. Il fait partie des entrepreneurs qui accompagnent le président de la République lors de sa visite d'État au Maroc. S’il est loin d’être le seul chef d’entreprise présent aux côtés d’Emmanuel Macron, Axel Reinaud est d’autant plus légitime que son entreprise noue des liens forts avec le pays. Innovx, fonds d’investissement à impact, filiale de l’Université Mohammed VI Polytechnique et du groupe OCP (groupe semi-public marocain à portée mondiale sur le marché des engrais), investit 7 millions d’euros dans NetZero. Quelle meilleure occasion qu’un voyage officiel pour annoncer ce nouvel investissement ? 

Le partenariat entre Innovx, le groupe OCP et NetZero sera fortement bénéfique pour la startup française. NetZero permet de transformer le carbone déchet de l’agriculture en produit utile pour les sols. «Plus les sols sont pauvres et acides, plus l'impact est important. Notre procédé contribue donc à améliorer les rendements agricoles et la résilience agricole, particulièrement face à des stress climatiques. Notre modèle transforme un déchet, le CO2 qui réchauffe la planète, en un produit utile pour l'agriculture», développe Axel Reinaud. 

«Être rentable d’ici trois ans»

Déjà implanté au Cameroun, NetZero veut accélérer sur le continent africain. Son modèle peut d’ailleurs s’adapter aux différents climats. «En Europe, nous travaillons avec les résidus agricoles de nos cultures comme le maïs ou le blé mais en Afrique et dans des climats plus tropicaux, cela peut être avec des cultures de cacao, de café ou de cannes à sucre», précise le président. L’objectif de NetZero est de se développer sur tout le continent et de pouvoir y construire des usines. «Le potentiel de l’Afrique se compte en milliers d’usines», insiste Axel Reinaud. «Nous avons commencé à identifier les premières opportunités business il y a quelques mois avec le groupe OCP. Le but est de signer les premiers partenariats d’ici mi-2025 et de commencer les premiers travaux et la construction des premiers sites pour être opérationnel en 2026.»

Ce partenariat avec le groupe OCP et Innovx est à l’image du développement de NetZero. «Notre approche a toujours été de trouver des partenaires industriels qui investissent et peuvent nous aider dans le développement. Nous avons convaincu des groupes comme L’Oréal, Stellantis, ou encore CMA CGM et l’Agence française de développement.» Cette levée de 7 millions d’euros vient compléter une série A de 18 millions d’euros bouclée en mars. En 2023, NetZero a levé 12 millions d’euros. «Nous allons continuer à lever de l’argent car nous investissons en R&D et nous devons construire des usines pour atteindre la rentabilité», explique le cofondateur. NetZero espère être rentable d’ici trois ans. En attendant, la startup qui est déjà bien développée au Brésil, mise sur le continent africain. 

«L’objectif n’est pas d’avoir une implantation dans plein de pays mais plutôt de multiplier les sites dans un petit nombre de pays.» Axel Reinaud dévoile sa stratégie et poursuit : «Nous devrions atteindre une taille critique dans 3 à 4 pays d’ici 3 à 4 ans. Nous allons ouvrir des bureaux dans les pays où nous nous installerons.» 

Deuxième voyage présidentiel pour NetZero 

«Il y a une histoire très particulière qui est en train de se nouer avec le Maroc», confie Axel Reinaud, depuis le pays où il accompagne le président Emmanuel Macron en visite d'État. «C’est un hasard. Nous discutions avec le groupe OCP depuis quelques temps pour qu’il rentre à notre capital et le closing de l’opération se fait juste au moment de la visite présidentielle.» NetZero, déjà identifié par certains conseillers de l’Elysée, réussit donc à se faire une place dans la délégation officielle. C’est même la deuxième fois que la greentech fait partie d’une voyage d’État puisqu’elle était déjà au Brésil avec le président de la République. Un vrai plus pour Axel Reinaud qui pourra présenter NetZero lors d’une séquence officielle dédiée à l’agriculture. 

«Cela nous donne une visibilité et de la légitimité. C’est aussi l’occasion de discuter avec des entreprises marocaines puisqu’un temps d’échange est prévu», raconte l’entrepreneur. Lorsqu’on est sélectionné pour participer à ce genre de voyage, il est impossible de créer son emploi du temps à la carte. «Soit on y est pour tout, soit on y est pas.» Au-delà des moments organisés pour échanger, participer à une délégation permet d’échanger avec les autres parties prenantes du voyage. Là encore, ces moments sont très utiles pour les chefs d’entreprise, et particulièrement les startups. «Il y a plein de temps morts, on attend un bus, le début d’une cérémonie ou d’un dîner officiel. Ce sont autant de moments pour discuter.» 

Aux côtés de NetZero et d’Emmanuel Macron au Maroc, il y a des patrons du CAC40, des entrepreneurs, des représentants politiques, du monde artistique ou culturel… Après son voyage au Brésil, NetZero a pu nouer des liens avec des partenaires locaux pour se développer. «C’était un moment très utile pour nous. Nous sommes là pour faire du business», conclut Axel Reinaud avant de rejoindre une cérémonie officielle.