Ayant accédé au pouvoir après leur victoire aux élections de juillet 2024, le nouveau gouvernement britannique doit répondre à de grandes attentes.
L'investissement et l'innovation semblent être au cœur du plan de Keir Starmer pour relancer l'économie. Tout comme son prédécesseur Rishi Sunak, le nouveau premier ministre a courtisé la capacité d’investissement des entreprises technologiques britanniques.
Le Premier ministre britannique a comme enjeu d'attirer des capitaux pour maintenir la réputation du Royaume-Uni en tant que premier écosystème scientifique et technologique européen.
Aux côtés de la chancelière Rachel Reeves, Keir Starmer a déjà annoncé la création d'un nouveau National Wealth Fund, « pour catalyser l'investissement dans nos industries de croissance et de transition écologique », rassemblant 7,3 milliards de livres d'investissements publics. Cela inclut 1,8 milliard de livres pour l’industrie portuaire, 1,5 milliard pour des gigafactories, 2,5 milliards pour l'acier propre, 1 milliard pour la décarbonation et 500 millions pour l'hydrogène vert.
Il y a quelques jours, le Royaume-Uni accueillait le Sommet international de l'investissement (International Investment Summit), une rencontre business pour affirmer clairement le positionnement du Royaume-Uni : « ouvert aux affaires » avec près de 38 000 emplois créés à travers le pays et 63 milliards de livres d'investissements.
Retour sur l’événement.
Qu'est-ce que le Sommet international de l'investissement ?
Le Sommet international de l'investissement est une conférence d'une journée organisée au Royaume-Uni. Elle rassemble 300 leaders mondiaux des secteurs de la technologie, de l'industrie et de l'investissement. L'événement de cette année a eu lieu au Guildhall, un lieu symboliquement pertinent, longtemps considéré comme le cœur de la City de Londres.
Ce n'est pas le premier sommet de ce genre. L'année dernière, le Royaume-Uni a organisé le Sommet mondial de l'investissement au palais de Hampton Court, où le gouvernement avait annoncé 29,5 milliards de livres de financements devant un public composé de dirigeants de Blackstone, Goldman Sachs et JP Morgan Chase, pour ne pas tous les nommer.
Mais pour Keir Starmer, c'était la première grande occasion de présenter ses plans pour attirer des investissements étrangers et le rôle que cela jouera dans la reprise économique. Dans son discours au Sommet, Keir Starmer a aussi déclaré : « Ce n'est pas seulement que la stabilité mène à la croissance… la croissance mène aussi à la stabilité. La croissance permet à un pays de mieux se préparer à se réunir et à reprendre son avenir en main. »
La stratégie du gouvernement britannique pour augmenter les investissements s'est concentrée sur plusieurs domaines clés.
La croissance durable et verte est une priorité absolue. Le nouveau gouvernement britannique a établi des références écologiques claires avec l'annonce de Great British Energy, un organisme dont la mission est d’investir dans de nouvelles sources d'énergie propre. Ce projet cherche à attirer jusqu'à 60 milliards de livres d'investissements privés.
En parallèle, il a aussi été annoncé que la centrale à charbon récemment déclassée de Ratcliffe-on-Soar, sera reconvertie en un pôle technologique et énergétique zéro carbone pour les East Midlands. D’autres projets similaires devraient suivre pour les autres centrales désaffectées du pays. Ils ont également levé l'interdiction de l'énergie éolienne terrestre en vigueur depuis 2015.
Le climat n'est pas le seul domaine d'intérêt. La nouvelle Stratégie industrielle se concentre sur huit industries clés à forte croissance : l'énergie propre, les industries créatives, la défense, le numérique et les technologies, les services financiers, les sciences de la vie, et les services professionnels et commerciaux.
Le gouvernement est également soucieux de garantir une distribution équitable des investissements à travers le Royaume-Uni. Le GB Energy mentionné précédemment sera basé à Aberdeen, tandis que de nouveaux clusters de capture du carbone ont été annoncés à Teesside et Merseyside, des projets visant à attirer 8 milliards de livres d'investissements privés.
« Qu'il s'agisse de nouveaux studios de cinéma, de technologies de pointe ou d'énergie verte, il est clair que chaque partie du Royaume-Uni a le potentiel de bénéficier d'investissements du secteur privé », déclare Jonathan Reynolds, le nouveau secrétaire d'État aux affaires et au commerce.
L'autre priorité du gouvernement est de créer un environnement favorable à la confiance des investisseurs. Lors du Sommet, Starmer a annoncé son intention de procéder à une révision réglementaire, cherchant à réduire la bureaucratie autour des technologies émergentes afin de positionner le Royaume-Uni en tête de file des investissements du secteur.
« Nous éliminerons la bureaucratie qui bloque les investissements et nous nous assurerons que chaque régulateur de ce pays prend le sujet de la croissance, aussi sérieusement que cette salle », a déclaré le Premier ministre dans son discours.
Qui a assisté au Sommet ?
Ces sommets ont attiré les grands noms du monde des affaires, et la conférence de cette année n'a pas fait exception.
Eric Schmidt, ancien PDG de Google, investisseur éminent et conseiller clé du président Joe Biden sur l'intelligence artificielle, est l'une des personnalités de premier plan présentes au sommet. Il est monté sur scène pour une discussion avec Keir Starmer, animée par Dame Emma Walmsley, PDG de GSK.
Étaient également présents Ruth Porat, ancienne collègue de Schmidt chez Google/Alphabet, où elle est actuellement présidente et directrice des investissements. Porat supervise la stratégie d'investissement et les fonds de capital-investissement de cette entreprise qui pèse plusieurs trillions de dollars.
Parmi les autres intervenants figuraient Alex Kendall, PDG et fondateur de Wayve, l'entreprise de technologie de véhicules autonomes qui a levé cette année le plus grand tour de financement jamais enregistré en Europe pour une entreprise d'IA (1,05 milliard de dollars). David A. Ricks, président et PDG du géant pharmaceutique Eli Lilly, Pushmeet Kohli, vice-président de la recherche chez Google DeepMind, et Larry Fink, PDG et président de BlackRock, ont également pris la parole.
Aux côtés de nombreux autres dirigeants, des représentants de Barclays, HSBC, Octopus, Lloyds, M&G et TSL Group, tous co-sponsors de l'événement, étaient également présents. Étaient également présents des cadres supérieurs d'investisseurs américains tels que BNY Mellon, Brookfields et Blackstone.
Pourquoi ce Sommet est-il si important ?
Le Sommet international de l'investissement a été une occasion cruciale pour le nouveau gouvernement britannique de mettre l'économie sur la voie de la reprise.
La chancelière Rachel Reeves a passé ses premiers mois en fonction non seulement à annoncer des réformes économiques significatives, mais aussi à rencontrer des investisseurs internationaux clés, attirant déjà des dizaines de milliards de livres de capitaux internationaux. La France reste un partenaire stratégique clé, étant le cinquième plus grand investisseur au Royaume-Uni et deuxième en termes de stock d'IDE depuis 2003. La France est le quatrième partenaire commercial du Royaume-Uni, avec un commerce bilatéral de 105 milliards de livres, en hausse de 5 % par rapport à l'année dernière.
Crucialement, le Sommet a eu lieu seulement deux semaines avant que Reeves ne présente son Budget (le 30 octobre), première véritable occasion de présenter ses plans de dépenses dans leur ensemble. Des plans d'investissement ambitieux sont attendus pour relancer la croissance et restaurer la confiance dans l'économie britannique. Stratégiquement, le Sommet international de l'investissement n'aurait pas pu se tenir à un moment plus crucial.
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