Engie New Ventures, filiale à 100% d’Engie, est un fonds corporate de capital-risque dédié aux startups innovantes accélérant la transition énergétique. Présent à Paris, San Francisco et Tel Aviv, ce CVC est un élément stratégique d'Engie pour réinventer les modèles commerciaux existants et créer de nouvelles opportunités dans son secteur.
Créé en mai 2014 et doté de plus de 250 millions d'euros, Engie New Ventures prend des participations minoritaires dans des cleantechs ayant pour mission de digitaliser, de décarboner ou de décentraliser le monde de l'énergie. Pour en savoir plus, Maddyness a rencontré Johann Boukhors, directeur général d'Engie New Ventures depuis maintenant cinq ans.
Un fonds stratégique
Comme beaucoup de CVC, Engie New Ventures est avant tout un fonds stratégique. « Nous avons bien évidemment des considérations financières, mais notre ambition principale est stratégique », affirme Johann Boukhors. Aujourd’hui, le CVC a deux objectifs stratégiques. Le premier est un objectif d’intelligence de marché, le second est la création de synergies commerciales entre les startups et des entités du groupe. « Au moment de l’investissement, nous définissons le cadre dans lequel le groupe va travailler avec la startup », commente Johann Boukhors. Aujourd’hui, Engie New Ventures a réussi à matérialiser des collaborations avec près de 80% des startups du portefeuille.
Le fonds investit en partie dans des technologies ayant déjà réalisé un pilote et proches du lancement commercial. Il investit également dans des startups qui ambitionnent de disrupter les business models classiques, notamment autour de l’efficacité énergétique. « L’objectif initial était de mettre un pied dans l’innovation externe », rappelle Johann Boukhors. Le fonds a donc une phase durant laquelle il investissait indirectement dans des fonds. « L’objectif principal était d’apprendre ce nouveau métier. Au bout de cinq ans, nous avons stoppé l’investissement indirect, car nous avions appris le métier, et nous étions convaincus que l’investissement direct répondait mieux à nos objectifs stratégiques », partage Johann Boukhors.
Au fil des années, les objectifs et la thèse d’investissement se sont précisés. Aujourd’hui, le groupe comme son CVC se concentrent sur le sujet de la transition énergétique. Dans ses statuts, Engie s’est engagé à atteindre le net zéro carbone d’ici 2045 sur l’ensemble des trois scopes, en incluant donc ses fournisseurs, partenaires et clients en plus de ses activités. Engie New Ventures s’intéresse donc à trois piliers principaux : l’efficacité énergétique, l’électrification à base de renouvelable et le stockage d’énergie et enfin, les gaz renouvelables.
Une soixantaine d’investissements réalisés en 10 ans
Engie New Ventures investit des tickets initiaux allant de 1 à 5 millions d’euros, dans l’objectif de prendre entre 5 et 15% du capital d’une startup. Le fonds participe principalement à des tours de seed et de séries A. « Avant, nous faisions aussi des tours de série B, mais avec l’explosion des valorisations, nous nous sommes concentrés sur des tours plus précoces et moins chers, mieux à même de répondre à nos objectifs stratégiques », partage Johann Boukhors.
Au total, le groupe a investi dans une soixantaine de startups partout dans le monde en se concentrant sur l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie. Historiquement, les trois zones représentaient chacune un tiers du portefeuille, aujourd’hui, l’Europe en représente 50%.« Nous nous concentrons sur les régions où l’innovation est la plus importante par rapport à l’empreinte géographie d’Engie », indique Johann Boukhors.
À date, le portefeuille compte près de 30 startups, dont sept sont françaises, incluant la dernière en date, CarbonX. Le CVC a déjà réalisé près d’une vingtaine de sorties, principalement via des acquisitions et quelques IPO. « Nous avons déjà fait bon nombre de ventes, et évidemment, il y a eu quelques faillites », confie Johann Boukhors. « Quand on sort d’une startup, cela ne signifie pas la fin de la relation avec Engie. La plupart du temps, les relations commerciales vont même s’intensifier, car ces sorties signifient que les startups ont bien grandi », commente Johann Boukhors, précisant qu’aucune acquisition n’est prévue par Engie.