Le 11 septembre dernier, devant le jury du Fundtruck, Teddy Bredelet commence son pitch avec un avertissement : il risque de « plomber l’ambiance ». Et pour cause : Tranquillite.fr, la startup qu’il a créée il y a quatre ans, a pour vocation d’accompagner les familles dans les démarches post-décès. Un sujet lourd de conséquences pour ceux qui, chaque année, se voient confrontés à une charge administrative que le deuil peut rapidement rendre insurmontable.
Lauréat de l’étape Bourgogne Franche-Compté de ce concours permettant aux jeunes entrepreneurs de se faire connaître de l’écosystème, il explique. « Après les obsèques, on pense à prévenir le notaire, la banque et les assurances, en imaginant que tout va bien se passer. En réalité, les organismes à solliciter sont très nombreux et les démarches à accomplir complexes et chronophages ». C’est sur ce constat qu’en septembre 2020, il crée Tranquillite.fr, une plateforme conçue pour accompagner les vivants et faire valoir leurs droits.
Parcours du combattant
Car Teddy Bredelet en a fait l’expérience à la mort de son grand-père, survenue quelques années plus tôt : certains capitaux ne s’obtiennent que si on en fait la demande. « Une pension de réversion, par exemple, est un droit, mais elle n’est pas versée automatiquement, explique-t-il. L’obtenir requiert un formulaire de douze pages avec, à la moindre erreur, des aller-retours et des délais accrus. »
Avec le choc émotionnel causé par le deuil qui, rappelle-t-il, place les gens « en situation de vulnérabilité » et les deadlines à respecter pour débloquer certaines aides, cette complexité administrative se transforme souvent, pour les proches du défunt, en véritable « parcours du combattant ». Au point que, chaque année, 7 milliards d’euros ne soient pas récupérés par les ayant droits…
« Simple, rapide, accessible »
« Aujourd’hui, 92% des Français s’attellent à ces démarches sans aide. Résultat, neuf sur dix débouchent sur un retour aux demandeurs dont 75% ne percevront jamais l’intégralité des aides auxquelles ils ont droit », indique Teddy Bredelet pour qui ces chiffres résument à eux seuls l’ampleur du besoin.
« Notre solution permet de bénéficier d’un accompagnement administratif, d’obtenir les aides dues, mais aussi de débloquer des capitaux dont on ignore parfois l’existence, poursuit-il. Ceci via un parcours digitalisé qui dure en moyenne une heure trente et coûte de 89 à 589 euros ». Une formule « simple, rapide et accessible » qui explique que, quatre ans après sa création, plus de 12 000 familles y aient eu recours.
Coup d’accélérateur
Après une première levée de fonds de 460 000 euros réalisée l’an dernier « auprès de business angels de la région » et ayant permis le recrutement de quatre personnes, cette victoire d’étape au Fundtruck devrait donner un nouveau coup d’accélérateur à la startup. Les premiers effets ne se sont d’ailleurs pas faits attendre. « Suite à ce prix, j’ai été contacté par beaucoup d’acteurs de la French Tech, se félicite Teddy Bredelet. Et nombre de démarches initiées auprès d’investisseurs s’en sont trouvées facilitées ».
Pour lui, l’enjeu est de taille. Une nouvelle injection au capital permettrait de recruter les développeurs aptes à simplifier encore le parcours utilisateur et de se doter d’une équipe commerciale pour doper l’activité. Ceci dans le but assumé de s’imposer, à terme, en acteur référence du secteur. « Le reflexe pour toute personne confrontée au deuil » résume-t-il.