Il y a cinq ans, l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen avait marqué les Français. Cette catastrophe avait rappelé à quel point la moindre erreur peut s’avérer fatale sur certains sites industriels sensibles. La même année, la startup Samp a vu le jour pour tenter d’améliorer la gestion et la maintenance de ces infrastructures sensibles.
La société annonce aujourd’hui un tour de table de 6 millions d’euros pour accélérer son développement. Dans ce cadre, elle a pu compter sur l’apport financier du fonds deeptech américain Promus Ventures et du fonds industriel nordique Kvanted. Auparavant, Samp avait bouclé une levée de fonds d’amorçage de 4 millions d’euros auprès d'Engie New Ventures, le CVC du groupe énergétique français, d'Innovacom et d'un fonds de capital-risque allemanden octobre 2022.
Un jumeau numérique pour éviter les mauvaises surprises
Créée à Station F au sein du programme Entrepreneur First par Shivani Shah, une ancienne chercheuse du CEA, et Laurent Bourgouin, un ingénieur en mécanique passé par Dassault Systèmes, la jeune pousse tricolore s’attèle à modéliser en 3D les infrastructures industrielles pour simplifier leur surveillance. Dans ce cadre, la société s’appuie sur les documents techniques du site (schémas, plans, inventaires…) et l’intelligence artificielle pour donner naissance à un jumeau numérique des sites industriels sensibles.
De cette manière, l’objectif est d’avoir un état des lieux en continu des usines. «On récupère les données de ces sites industriels avant que notre IA prenne le relais. Celle-ci a été entraînée sur des centaines de sites industriels notés à la main. Cela permet d’obtenir un mapping pour révélerez les écarts entre les plans et la réalité. La promesse de valeur, c’est zéro mauvaise surprise sur site», résume Laurent Bourgouin, co-fondateur et CEO de Samp. Cette approche a notamment convaincu Suez et Engie.
La révolution industrielle 4.0 : «notre meilleur ami et notre meilleur ennemi»
La technologie de Samp, baptisée «Shared Reality», est d’autant plus pertinente alors que le secteur industriel doit accélérer rapidement sa transformation numérique. «La révolution industrielle 4.0, c’est notre meilleur ami et notre meilleur ennemi. Celle-ci repose sur des technologies basées sur les données existantes. Mais si donnée de départ n’est pas bonne, ça ne fonctionne pas correctement. Il faut donc réconcilier la data avec le réel. Pour rappel, un accident industriel se produit toutes les cinq heures en France», indique Laurent Bourgouin. Avant d’ajouter : «L’industrie 4.0 n’a pas donné satisfaction depuis vingt ans. Mais depuis six mois, je vois une plus grande maturité.»
Avec sa technologie, Samp espère contribuer à accroître cette maturité au sein des acteurs industriels. Ainsi, la deeptech française entend s’appuyer sur son nouveau tour de table pour renforcer sa R&D et accélérer son déploiement en Europe, où elle a initié des projets au Royaume-Uni, en Allemagne, au Portugal, en Italie et en Belgique. A l’heure actuelle, elle couvre 350 industriels en Europe, dont 150 en France. «C’est une levée de fonds pour conquérir l’Europe de l’Ouest. Mais l’arrivée d’un fonds américain (Promus Ventures, ndlr) nous permet de préparer le coup d’après. Nous allons nous concentrer sur l’Europe pour les 18 à 24 prochains mois, mais nous irons ouvrir une branche nord-américaine d’ici un ou deux ans. C’est un marché colossal», note Laurent Bourgouin. Après des années d’incertitudes, la révolution de l’industrie 4.0 semble enfin bel et bien lancée et Samp entend bien en être l’un des acteurs phares pour épauler les industriels dans cette transformation indispensable.