Créé en 2010, Suez Venture s’appelait initialement Blue Orange. Le fonds de VC corporate du groupe Suez se dédie aux technologies et solutions innovantes dans les domaines de l'eau, des déchets et de l'environnement. Il est rattaché à la direction de l’innovation. 

Depuis sa création, Suez Ventures a déployé près de 80 millions, et ambitionne de déployer entre 10 et 15 millions d’euros par an. Le fonds investit des tickets entre 1 et 5 millions sur des premiers tours et peut, de manière exceptionnelle, monter jusqu’à jusqu’à 20 millions, comme cela a été le cas avec la série B de Prodeval, une société qui transforme le biogaz en biométhane pour le réinjecter dans le réseau national de gaz naturel. Maddyness a rencontré Jean-Luc Ventura, directeur général de Suez Ventures.

Une thèse qui a évolué au fil des années

Pour Jean-Luc Ventura, le soutien de l’innovation est profondément ancré dans le groupe Suez. « Je pense que cette envie de soutenir l’entrepreneuriat a toujours été dans l’ADN du groupe. Dès les années 80, Suez a investi dans l’innovation, notamment avec M6, aujourd’hui bien installée, mais surnommée à l’époque “la petite chaîne qui monte” », partage-t-il.

Le CVC a vu le jour en 2010, mais sa thèse a évolué au fil des années et du marché. « Il y a eu un premier cycle d’investissement, de 2010 à 2021, où Suez a découvert le métier du VC. L’offre était moins dense qu’aujourd'hui et essentiellement concentrée sur la phase l’amorçage. À partir de 2017, le fonds s’est tout de même intéressé aux séries A, avec un positionnement plus stratégique », raconte Jean-Luc Ventura. 

Depuis, le fonds a opéré un véritable pivot et sa thèse d’investissement est aujourd’hui très stratégique et proche des métiers du groupe. « L’idée est d’investir dans des technologies dont Suez pourra être la première référence industrielle », précise Jean-Luc Ventura. Le fonds se concentre donc sur des sociétés avec un certain niveau de maturité. « Nous visons des sociétés qui ont déjà franchi l’étape du laboratoire, et qui sont en phase de développement industriel. Nous avons, de notre côté, la capacité de leur offrir des cas d’usage », commente Jean-Luc Ventura.

Dix-neuf startups et quatre fonds financés

Depuis ses débuts, Suez Ventures a réalisé dix-neuf investissements, dont onze en France, avec un rythme d’investissement moyen de 2 à 3 investissements par an. « Ce rythme nous permet de soigner les synergies », souligne Jean-Luc Ventura. Les synergies commerciales sont en effet au cœur de la thèse d’investissement. « Il n’y a pas d’investissement sans contrat de partenariat », précise Jean-Luc Ventura. Le CVC investit généralement en lead et prend systématiquement une place au board des sociétés dans lesquelles il investit.

À date, le portefeuille compte cinq startups dont trois françaises : Hesus, Prodeval et de Purple alternative Surface. Purple Alternative Surface est le dernier investissement annoncé. Cette société recycle du plastique pour en faire des dalles de parking, Suez va lui apporter 40% des flux de plastique. Sur les 19 investissements, il y a eu quatre rachats industriels par d’autres groupes, cinq sociétés ont été rachetées par Suez et quatre n’ont pas survécu.

En parallèle, Suez Ventures fait aussi un peu d’investissement indirect. Quatre fonds ont ainsi été financés entre 2013 et 2019, dont Demeter. L’investissement indirect représente aujourd’hui entre 10 et 15% du portefeuille et Suez Ventures ne s’interdit pas de renouveler ce type d’investissement. « Cela nous a permis de développer notre réseau et d’apprendre les bonnes pratiques », commente Jean-Luc Ventura. « À mon sens, il est essentiel que les CVC apprennent à bien travailler avec les VC. Quand on travaille en minoritaire, il faut toujours réfléchir à trouver des alliances pour faire prospérer les participations », ajoute-t-il.