Fondé par Didier Protat et Jean-François Thau, Mer Angels est un club de business angels et d'entrepreneurs animés par la passion commune de la mer. Ensemble, ils ambitionnent de répondre aux enjeux majeurs de la transition écologique, de l'économie bleue et de la préservation des ressources marines en finançant des startups innovantes à forte valeur ajoutée.
Dès leurs débuts, les investisseurs de Mer Angels ont décidé de se dédier à la phase d’amorçage, qu’ils estimaient trop peu adressée, avec des tickets allant de 150 000 à 500 000 euros. Maddyness a rencontré Jean-François Thau, vice-président et co-fondateur de Mer Angels.
Un club d’investisseurs passionnés
« Mer Angels est né de la rencontre de passionnés de bateaux et de la mer », introduit Jean-François Thau. « Nous étions convaincus que l’économie bleue pouvait faire l’objet d’une thèse d’investissement dédiée », poursuit-il. L’idée émerge avant le covid, puis elle est mise sur pause pendant la pandémie. Le 1ᵉʳ juillet 2021, les statuts sont symboliquement signés au Yacht Club de France et la structure d’investissement Mer Angels voit le jour juridiquement.
Le réseau compte aujourd’hui 58 membres actifs, dont la majorité sont français. La plupart des investisseurs sont des entrepreneurs ou des chefs d’entreprises encore en activité. « Nous sommes des entrepreneurs très opérationnels qui investissent, mais s’investissent aussi en temps, opérationnellement et en conseil », commente Jean-François Thau. « Nous sommes donc appréciés des entrepreneurs, mais aussi des réseaux et fonds d’investissements avec lesquels nous collaborons, en particulier pour notre capacité à aller trouver les bons dossiers », ajoute-t-il.
Les porteurs déposent leur projet sur une plateforme et une fois par mois un conseil d’administration analyse le dealflow. Un certain nombre de dossiers sont présélectionnés et une pré due diligence est effectuée par un groupe de membres. « Nous recevons entre 200 et 300 dossiers par an, nous en regardons 60 et nous réalisons entre 5 et 7 investissements par an », partage Jean-François Thau. Chaque membre décide ou non d’investir au cas par cas. Dans une charte signée pour faire partie du club, ils s’engagent néanmoins à investir au moins 100 000 euros au cours des 3 à 5 premières années.
L’économie bleue, d'un sujet de niche à une thèse majeure
« Au début, nous avons été perçus comme des investisseurs de niche. Puis très rapidement, il y a eu une grande prise de conscience, et les montant déployés au service de l’économie bleue ont significativement augmenté », raconte Jean-François Thau. « L’économie bleue qui n’intéressait que des passionnés est devenue une thèse d’investissement majeure. La France, qui possède le deuxième plus grand domaine maritime mondial, derrière les États-Unis, devait naturellement s’imposer sur cette thématique », poursuit-il.
Mer Angels s’organise avec des personnes dédiées aux différentes façades maritimes. « En amorçage, les investissements et notamment les co-investissements restent assez régionalisés, il est donc important d’avoir des personnes implantées localement », commente Jean-François Thau. La répartition des rôles se fait également autour de quatre grandes thématiques d’investissement : la décarbonation du trafic maritime, la protection des fonds marins, les biotechs marines et le nautisme.
Pour le moment, les sociétés du portefeuille sont exclusivement françaises, mais il est question d’ouvrir les investissements à d’autres pays. Dernier investissement en date, Birdyfish, réalisé en juillet 2024, une entreprise qui construit des dériveurs à foils. Parmi ses participations, Mer Angels compte également Azuvia, une startup qui traite les eaux usées industrielles par un principe de serre filtrante naturelle et biologique, ou encore Towt, une société leader du transport maritime à voile, dont le voilier-cargo vient de réaliser sa première traversée transatlantique.
Mer Angels, qui totalise vingt participations, dont cinq ont intégré le French Blue Index lancé par le gouvernement en décembre dernier, souhaite aujourd’hui professionnaliser sa structure. Pour cela, les fondateurs ont décidé de lancer Mer Angels Finance Services dont Jean-François Thau sera le directeur général. « L’idée est de professionnaliser l’accompagnement des startups. Nous voyons cela comme une étape intermédiaire avant la structuration d’un fonds en tant que tel », commente Jean-François Thau.