Les mondes de l'art et de la technologie, souvent perçus comme distincts, sont de plus en plus interconnectés grâce à des événements majeurs (comme Christie’s Art + Tech Conference) et de nouvelles plateformes (Avant Arte, DALL-E).
L'explosion de l'IA soulève des questions sur son impact potentiel sur les industries culturelles et créatives. Ainsi, il n'a jamais été aussi pertinent d'étudier ce que les artistes et les entrepreneurs de la tech partagent. Qu’ont-ils en commun ? Quelle est leur vision du monde ? Relèvent-ils les mêmes défis ?
Créativité, Expérimentation et Passion
Le terme artiste fait résonner le mot créativité, souvent d’ailleurs la première représentation qui vient à l'esprit. La créativité est en général appliquée aux entrepreneurs sous couvert d’ « innovation ». Toute innovation n'est-elle pas le fruit d'une forme de créativité ?
Dans la rétrospective récente de Mark Rothko à la Fondation Louis Vuitton, la première salle de l'exposition vient surprendre le visiteur dès son entrée. Le style figuratif des débuts de Rothko est très éloigné des œuvres abstraites monumentales qui ont fait sa renommée. Plus tard le visiteur voit alors les prémices d’un changement d’inspiration de la figuration à l’abstraction.
Expérimenter de nouvelles formes de peinture peut être une partie cruciale de la carrière d'un artiste. Ce processus de lutte, d'ébauche (MVP dans la tech), d'expérimentation, d'échec, de pivot et de renouveau sont des éléments clés pour les artistes et les entrepreneurs de la tech. Les œuvres de transition de Rothko rappellent aux entrepreneurs de continuer à itérer et pivoter jusqu'à trouver le bon modèle. Accepter le risque de l'expérimentation peut conduire à des percées.
Les entrepreneurs tech et les artistes sont tous deux animés par la passion. Une nouvelle fois, ils convergent et se concentrent souvent sur le développement de leurs idées : d’où l'importance du système de soutien.
Your network is your net worth
Le pouvoir des communautés et des réseaux de soutien ne doit pas être sous-estimé. Entrepreneurs et artistes peuvent parfois s'inscrire dans une démarche individualiste, alors même que ces deux profils sont soutenus par des écosystèmes conçus pour soutenir leur évolution.
Du côté des entrepreneurs tech, les incubateurs, les initiatives gouvernementales et les VCs, jouent ce rôle de communauté. Dès lors qu’un entrepreneur est soutenu par un VC, il peut alors bénéficier du réseau de ce dernier et bénéficier de l'expérience et d’un appui opérationnel (en Europe, à titre d’exemple, la communauté de ‘VC Platform’ compte plus de 400 membres issus de plus de 300 fonds).
Le concept de communauté est un peu différent pour les artistes. Représentés par des galeries, leur travail est de prendre en charge les aspects opérationnels comme le marketing et la communication. Sarah Rossien, responsable du développement des artistes sur la plateforme d'art génératif ArtBlocks, rappelle que son rôle est de développer des programmes communautaires en faveur des artistes numériques visant à « enseigner aux artistes à réussir et à être totalement autonomes, en traitant les artistes un peu comme des entrepreneurs ».
En adoptant un modèle technologique pour la création de communautés d'artistes, le monde de l'art peut ouvrir les portes aux 5 millions d'artistes mondiaux qui se disputent les 70 000 expositions annuelles référencées par la Contemporary Art Issue.
Le succès peut être aussi insaisissable pour les artistes que pour les entrepreneurs tech. Le soutien (qu’il s’agisse d’un VC de premier plan ou d’une galerie de renom) ne garantit pas toujours le succès.
Plus nombreux sont les entrepreneurs tech à avoir connu le succès de leur vivant, à l’inverse des artistes (ping Van Gogh !).