Alors que les élections américaines approchent à grands pas, les initiatives touchant à la DEI (diversité, équité, inclusion) subissent un rejet inédit et croissant depuis le début de l’année 2024. La DEI constitue un pilier fondamental de la dimension 'S' de l'ESG, et s’avère cruciale pour généraliser la responsabilité sociétale d'entreprise et la justice sociale. De notre point de vue, les entreprises qui intègrent la DEI prospéreront grâce à un engagement accru des employés et des visions stratégiques diversifiées. Cette démarche les conduira à devenir plus résilientes. Un conseil d'administration et une main-d'œuvre diversifiés enrichissent la prise de décision, favorisent l'innovation et permettent de mieux répondre aux besoins variés des clients et des partenaires.

Aux Etats Unis, la DEI est souvent critiquée comme étant du "wokisme" et fait face à une résistance de la part des entreprises dans les États ou secteurs les plus conservateurs. Plusieurs grandes entreprises américaines se retirent de leurs engagements DEI en raison de défis juridiques, de pressions politiques et de dépriorisations de ces sujets. John Deere, par exemple, a diminué ses initiatives DEI après des réactions négatives du marché. Microsoft, Zoom, Meta et Google ont réduit leurs équipes DEI, soulevant des questions, car il s’agissait jusque-là d’entreprises locomotives sur ces sujets, terrains d’expérimentations et modèles à suivre.

Elon Musk et le fondateur de Lululemon ont été ostensiblement critiques de la DEI, poussant l'Amérique corporative à se concentrer davantage sur la conformité minimum que sur la justice sociale. Fort heureusement, on peut cependant noter que des investisseurs et des figures de renom comme Rosalind Brewer, Mary Barra et Mark Cuban restent engagés malgré le backlash observé dans ce domaine.

De l’autre côté de l’Atlantique, l’Europe, et notamment les pays nordiques, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, soutient fermement la DEI, impulsée par la voie réglementaire et motivée par la reconnaissance de ses bénéfices à long terme. Ces pays se distinguent par des politiques DEI complètes, soutenues par la directive sur le rapport de durabilité des entreprises (CSRD). Ils considèrent la DEI comme essentielle pour les engagements ESG, et portent une attention particulière aux environnements de travail inclusifs et aux biais systémiques.

L'Allemagne et la France mettent l'accent sur l'égalité des sexes et la représentation des femmes dans les postes de direction. La France exige des entreprises qu'elles déploient des stratégies pour promouvoir l'égalité femmes / hommes et pour réduire les écarts de perspectives d’évolution et de salaire.

La DEI continuera d'évoluer sous l'influence de divers facteurs politiques, sociaux et économiques. Les élections américaines pourraient avoir un impact significatif sur les efforts DEI, et contenir les initiatives au niveau interne de chaque entreprise dans un climat qui ne valorise plus autant l’ESG afin d’éviter de possibles tensions avec des partenaires qui ne valoriseraient pas ces démarches sans contraintes législatives ou réglementaires.