Maddyness a rencontré Cédrik de Ternay, directeur des investissements et de la trésorerie de Generali France et Europ Assistance. Depuis le siège de Generali France, à Paris, il est en charge de la politique d’investissement des compagnies d’assurances. Au niveau de Generali France, ces actifs représentent au total 115 milliards d’euros en cumulant Generali Vie, Generali Retraite et des compagnies dommages. « Le vaisseau amiral reste Generali Vie avec 85 milliards d’euros d’encours, compagnie majoritairement dédiée à l’épargne patrimoniale », partage Cédrik de Ternay.

Sur les 85 milliards d’encours de Generali Vie, 61 %, soit 52 milliards, correspondent aux actifs généraux, autrement dit les fonds propres de la compagnie et les actifs en représentation des fonds en euros, et 39 %, soit 33 milliards, correspondent aux actifs en unités de compte. « Notre objectif est de déployer une politique d’investissement liquide, prudente, rentable et durable sur nos fonds en euros », affirme Cédrik de Ternay.

Les marchés privés occupent une place significative dans l’allocation globale

Depuis 2018, le groupe a mis en place une stratégie qu’il qualifie de « bicéphale », basée sur l’assurance et sur l’asset management. Pour l’asset management, le groupe a fait l’acquisition de nombreuses sociétés de gestion qui lui sont aujourd’hui affiliées et qui l’accompagnent tant sur les actifs généraux que sur les unités de compte pour développer des solutions dédiées à ses clients. Certaines de ces sociétés sont spécialisées dans le non coté, comme Infranity par exemple.

La durabilité et les critères ESG sont au cœur de la politique d’investissement. Plus de 95% des actifs financiers détenus en direct répondent à des critères ESG. En termes d’environnement, Generali a complété l’attention portée au climat par un pan biodiversité. La société porte aussi une attention particulière au volet social, notamment à travers son fonds croissance « Générations Croiss@nce Durable » et du fonds à impact « Generali Investissement à Impact », tous deux labellisés Finansol.

Comme pour beaucoup d’assureurs, les produits de taux sont prépondérants dans l’allocation globale. À titre d’exemple, les obligations d’États et d’entreprises représentent 65% de l’allocation des actifs généraux de Generali Vie. Le reste est composé de 5% de trésorerie, 4% d’actions cotées et 26% de marchés privés, comprenant le private equity, l’immobilier, l’infrastructure et la dette privée. « Sur le non coté, nous investissons en tant que Limited Partner ainsi qu’en support de financement par la dette », partage Cédrik de Ternay.

Generali est un investisseur historique sur le private equity et a pu faire preuve de résilience, malgré la volatilité de marché observée en 2022 et 2023. « Être investi depuis de nombreuses années en private equity nous a permis année après année de passer les cycles, en maintenant 5% de private equity dans notre allocation globale », partage Cédrik de Ternay.

Démocratiser l’accès au private equity

Au sein du private equity, Generali recherche la diversification. D’abord au niveau géographique, le limited partner investit en Europe, mais aussi aux États-Unis et en Asie. « Cette diversification géographique est couplée à une diversification sectorielle », indique Cédrik de Ternay. L’Amérique du Nord représente en moyenne plus de la moitié de l’allocation, l’Europe environ 25%, le reste étant investi en Asie.

Generali investit majoritairement dans des fonds et fonds de fonds généralistes, mais vise cinq principaux secteurs : la santé, l’industrie, la tech, la finance et les biens de consommation. « Nous visons davantage le growth que le venture, qui nous permet d’avoir accès à des deals plus matures et ainsi d’être cohérents avec notre politique d’investissement et de gestion des risques », ajoute Cédrik de Ternay.

Generali est signataire des deux phases de l’initiative Tibi. À travers la première phase, le groupe s’est engagé à hauteur de 495 millions d’euros, exclusivement via les actifs généraux. 300 millions d’euros ont été déployés sur le coté et 145 millions d’euros sur le non coté, à travers un fonds de fonds et deux fonds thématiques, dont un fonds à impact. Avec la phase 2, Generali s’est engagé à déployer 200 millions d’euros, notamment sur les unités de compte.

En adhérant aux initiatives Tibi, Generali vise aussi à démocratiser l’investissement non coté, en le rendant accessible aux particuliers via les unités de compte proposées en assurance-vie et épargne-retraite. « Nous nous sommes engagés à rendre cette initiative accessible à nos clients en unités de compte », commente Cédrik de Ternay.