Ces startups ont rapidement trouvé leur public mais continuent à clamer haut et fort la nécessité d’éduquer encore les citoyens pour qu’ils gèrent leur argent tout en contribuant à booster l’économie nationale. Un sujet largement évoqué à l’occasion d'un événement gratuit et ouvert à tous organisé par la plateforme de crowdequity Sowefund.
« Je n’ai pas assez d’argent pour investir. » « Je n’y connais rien et je n’ai pas le temps de m’en occuper. » Les arguments freinant le tout à chacun inexpérimenté à se lancer dans l’univers de la finance et de l’investissement fusent en abondance.
« En restant sur ces positions, il y a une véritable perte du pouvoir d’achat face à une inflation croissante. Le livret A, seul placement sécurisé à garantir 3 % d’intérêt, ne suffit pas » souligne Thomas Perret, dirigeant et co-fondateur de la fintech Mon Petit Placement, qui y voit aussi une perte d’opportunités financières et le renoncement à l’acquisition de connaissances pourtant utiles dans le cas d’une rentrée d’argent imprévue et l’élaboration d’un projet.
Les pouvoirs publics eux-mêmes se mobilisent pour encourager les citoyens à se saisir de la question comme le fait la Banque de France en organisant la Semaine de l’éducation financière. D’ailleurs, selon le baromètre "Les Français, l'épargne et la Retraite" du Cercle des Épargnants paru en mars 2024, 55% des Français se déclarent intéressés par l'épargne et les placements financiers. Un chiffre qui explique le succès rencontré par les jeunes pousses du secteur.
Expliquer pour encourager
Fondée en 2020, Mon Petit Placement dénombre déjà 25 000 clients auxquels elle propose le choix entre trois profils d’investisseurs, du plus rassurant, qui rapporte environ 3%, au plus audacieux qui frise avec les 13 % d’intérêt. « 60 % de nos investisseurs n’avaient qu’un livret A avant de nous rejoindre. » Encore faut-il oser se lancer. « Nous avons une plateforme de conseil en investissement pour échanger avec nos clients en visio, les prendre par la main pour faire fructifier leur argent. » Pour Thomas Perret, tout est une question de langage afin de faire sauter le barrage de l’incompréhension. Déjà de nombreux outils, de nouveaux usages et des contenus contribuent à familiariser l’inculte aux rouages financiers.
Le Sowetalk, évènement qui a réuni des acteurs de la frenchtech autour de la gestion des finances personnelles, a affiché complet en à peine deux jours, traduisant l’engouement et l’envie du public de reprendre le contrôle de ses finances. La plateforme Sowefund, à l’origine du concept, rapproche également les Français de leur épargne. Quand certains pensent, à tort, qu’investir dans une startup innovante n’est réservé qu’aux fonds d’investissement et aux business angels capables de débloquer des sommes conséquentes, Sowefund ouvre les portes de l’innovation à tous en facilitant l'investissement dans ces jeunes pousses. La business angel Claire Calmejane était elle-même présente à l’événement pour participer à la démocratisation de ce type d’actifs.
Parmi les autres façons d’agir, la newsletter quotidienne de Voxe peut faire figure d’incontournable, en particulier pour les femmes. « Nous voulons créer une génération de femmes puissantes, jeunes actives de 25 à 45 ans, capables de prendre des décisions éclairées au quotidien » insiste Léonore de Roquefeuil, sa fondatrice. A travers l’information guidée par des questionnements simples mais aussi la formation, avec notamment un parcours boostcamp pour initier son premier investissement, la startup entend rétablir l’équilibre financier entre les genres.
Françaises, Français, investissez !
À en croire les chiffres et ces experts, les femmes investissent moins, contribuant à s’appauvrir elles-même. « Elles conservent de l’argent sur des comptes épargnes qui rapportent moins que l’inflation. En couple, elles confient la gestion à leur conjoint et se retrouvent démunies en cas de séparation. » Pourtant, elles font des investisseuses bénéfiques pour la société. « Elles veulent savoir ce que leur argent finance et elles investissent mieux en soutenant des entreprises à impact. On a tous intérêt à ce que les femmes investissent ! »
Les sommes endormies sur les comptes épargnes féminins représentent une manne financière qui devrait encourager la fintech à éduquer ce public. « Il y a un réservoir de sommes colossales mais il faut des acteurs comme Sowefund pour leur rendre, notamment, le private equity plus accessible. »
Les Français, et encore plus les Françaises, semblent manquer d’information sur la question de l’investissement par rapport à certains voisins européens comme l’Allemagne, mais encore plus en comparaison aux populations outre-Atlantique. « Plus qu’une question d’éducation financière, c’est un problème de culture financière car on est en retard dans les pratiques. Un livret A qui rémunère sans prendre de risque n’encourage pas à se lancer alors que le produit financier moyen rapporte 5 à 6 % » estime Thomas Perret.