Créé en 2018, sous le nom de Gaia Capital Partners, Revaia ambitionne de soutenir les champions européens de la tech durable. La société accompagne des entreprises en phase de croissance sur l’ensemble de leur cycle de vie, de la série B à l’introduction en bourse et au-delà, créant des passerelles entre le venture capital, le private equity et les marchés cotés. 

Revaia avait publié en janvier 2023 un rapport qui analysait les investissements crossover européens, autrement dit les investissements réalisés par des acteurs qui investissent à la fois dans le coté et le non coté, entre 2017 et le troisième trimestre 2022. Elle publie, cette année, une mise à jour de ce rapport, basée sur les données de Pitchbook de 2018 à 2023. « Le phénomène avait été mesuré au pic, et nous avons voulu intégrer le bouleversement que connaît le marché », commente Hadrien Comte, principal chez Revaia.

Pour cela, Revaia a sélectionné 65 investisseurs crossover, spécialisés sur les nouvelles technologies, qui, selon eux, font bouger le marché. Dans le lot, on retrouve des hedge funds, des fonds souverains, des fonds de groupes comme Softbank, des fonds de private equity ou encore des grands fonds de pension. « Dans l’écrasante majorité des cas, ce sont des acteurs internationaux et souvent nord-américains », commente Hadrien Comte. En effet, parmi les 65 investisseurs, le seul français retenu est Bpifrance.

Les investisseurs crossover ont investi 11 milliards d’euros en 2023

« Le crossover est une stratégie d’investissement qui se prête particulièrement bien aux nouvelles technologies. C’est un phénomène qui est d’abord né dans la Biotech, afin de permettre aux investisseurs de continuer à capturer de la valeur après les introductions en bourse », explique Hadrien Comte.

D’après Revaia, ce phénomène s’est intensifié à partir de 2020 quand, dans un environnement de taux bas, certains investisseurs, spécialistes du coté, à l’instar de Tiger Global, ont commencé à s’intéresser à des actifs plus risqués comme les nouvelles technologies. « C'est en partie grâce à ces investissements crossover que les startups françaises les plus visibles ont annoncé des tours de table record en 2020 et 2021 », commente Hadrien Comte.

Dans son rapport, Revaia souligne le rôle majeur de ces investisseurs crossover pour soutenir l’écosystème dont l'Europe a besoin pour rester compétitive. Les investisseurs crossover ont participé à des tours de table européens pour un montant total de 11 milliards d'euros en 2023, soit une forte chute par rapport aux 39 milliards d'euros de 2021. Malgré cette baisse, les investisseurs crossover étaient encore présents dans 20 % des levées de fonds en 2023. « Nous avons observé l’ascension puis la décroissance de ce phénomène. Mais l’investissement crossover en Europe est résilient, car il reste bien au-dessus des niveaux de 2019. Il est important de considérer la période 2020-2021 comme une exception », souligne Hadrien Comte.

40% des capitaux crossover sont encore alloués au logiciel

Fait notable, les investisseurs crossover sont restés plus actifs dans les transactions late stage, qui représentaient 67% de leurs opérations en 2021 et 62% en 2023. Cependant, un changement notable s'est opéré en faveur des transactions early stage, qui représentaient 26 % des transactions crossover en 2023, contre 10 % il y a deux ans. « On peut émettre l’hypothèse que, quand le marché du late stage a ralenti, les fonds se sont mécaniquement rabattus sur des cycles plus early stage », partage Hadrien Comte.

D’après le rapport, les investissements Crossover reflètent les tendances du VC européen : environ 40 % des capitaux Crossover sont alloués à des entreprises du secteur des logiciels, avec une évolution récente vers des startups liées à l'énergie et au climat en 2023, signe que l'industrie s'adapte pour tirer le meilleur parti des nouvelles opportunités de marché dans les secteurs à fort potentiel. 

La dernière édition du rapport de Revaia révèle que, si l'investissement crossover a fait des progrès importants malgré la volatilité récente du marché, l'écosystème européen doit redoubler d'efforts pour mettre en place les structures de financement nécessaires au développement de l’innovation de l'économie de demain. « Ces investisseurs, majoritairement nord-américains, jouent un rôle crucial en comblant le déficit européen de fonds propres. Or, il serait dangereux de ne compter que sur eux pour financer les startups européennes, car n’étant pas spécialisés dans le non coté, leur intérêt pour cette classe d’actifs est fluctuant. Leur objectif est avant tout d’aller chercher la performance là où elle est et souvent avec des horizons d’investissement plus courts », alerte Hadrien Comte.