Ce mois-ci, la French Tech a récolté un total de 886,8 millions d’euros, un montant en hausse de 60% par rapport à mai (554,3M€) et qui fait du mois de juin le plus actif sur le marché du capital-risque depuis janvier. Lors de ce premier semestre, 365 startups ont permis à l'écosystème de lever plus de 3,8 milliards d'euros. Un chiffre en légère baisse par rapport au premier semestre l'an passé (4,1Mds€).
Mais rien d'alarmant pour autant : l'an passé, nous avions qualifié ce premier semestre 2023 de point de bascule qui réduisait doucement à néant les ambitions de multiplier la présence de licornes tricolores. En effet, lors de la même période en 2022, la French Tech avait dépassé les 8 milliards d'euros de levées de fonds sans trop d'efforts. Au total, 15 nouvelles licornes sont apparues en 2021, 6 en 2022 et une seule en 2023 (Mistral AI). En 2024, seules les pépites Pennylane et Pigment ont accédé à ce rang restreint des startups valorisées à plus d'un milliard d'euros.
Le cycle de contraction du marché du capital-risque se poursuit donc en 2024 : une phase d'assainissement qui provoque une disparition des méga-levées de plus de 100 millions d'euros au profit des plus petites séries. Dans le détail des stades les plus financés, l’early stage creuse son avance avec 59 amorçages (46 en avril et 55 en mai), au détriment du reste qui est composé de 18 séries A, 2 séries B et 1 série C. Le ticket moyen s'élève à 11 millions d'euros, contre 8,7 en mai et 12 en avril. Par conséquent, moins de grandes levées mais aussi moins de fluctuations dans les montants levés depuis janvier.
L'IT & l'IA toujours au sommet !
Le contexte d'incertitude - tantôt sanitaire puis géopolitique et financier - a provoqué une forme d'attentisme persistant chez les investisseurs. Mais cela ne veut pas dire que l'argent n'est plus là : cela signifie que les acteurs du monde de l'equity prennent plus de temps pour choisir les startups qu'ils souhaitent soutenir. Ainsi, certains secteurs tirent largement leur épingle du jeu, à l'image de celui de l'IT & l'IA qui rafle ce mois-ci 494,5 millions d'euros, soit plus de la moitié du montant global. Un exploit dû en partie à Mistral AI qui a bouclé une série B de 468 millions d'euros, très loin devant la pépite de la mobilité Greenspot qui occupe la deuxième place avec 30 millions d'euros levés. Le mois précédent, c'était au tour de l'expert en IA H Company de s'emparer de la tête du classement avec une levée de plus de 203 millions d'euros.
Le secteur IT & IA gagne en puissance à mesure que les yeux des investisseurs semblent restés rivés sur l’intelligence artificielle - en particulier générative. La France souhaite aussi faire sa place, si bien que le secteur est le plus financé de ce premier semestre (860,2M€) devant la mobilité (587,7M€), la Fintech (350,5M€), la Deeptech (336,4M€) et la Medtech (259,5M€). En juin, le classement sectoriel reste peu ou prou similaire : l'IT & IA occupe la première place (494M€) devant la mobilité (55,7M€), la Proptech (42,8M€), la Martech (34,2M€) et enfin la Cybersécurité (32,1M€).
Une concentration des fonds en Île-de-France jamais aussi marquée
Chaque année, c'est le même refrain : la part de venture capital captée par l’Île-de-France ne cesse de croître. Avec un total de 2,8 milliards captés ces six derniers mois, la région représente plus de 75% des fonds levés par la French Tech (contre 72% au premier semestre 2023). Sa moyenne mensuelle s'établit à 480 millions d'euros tandis que les autres régions n'ont jamais dépassé les 100 millions d'euros par mois.
Le mois de juin n’échappe pas à la règle puisque 51 entreprises de la capitale et ses régions limitrophes ont capté 776 millions d'euros, soit plus de 87% du montant mensuel total. Plus encore, le bassin parisien s’est accaparé 70% du montant total levé en janvier, 53% en février, 73% en mars, 79% en avril et 74% en mai.
Logiquement, les montants globaux affichés dans la suite du classement chutent drastiquement. Depuis janvier, la deuxième place du classement régional chute très souvent en dessous de la barre des 50 millions d'euros. Ce mois-ci, la Nouvelle-Aquitaine se replace en deuxième position avec seulement 45,9 millions d'euros au compteur, suivie de l'Occitanie (18,5M€) et des Pays de la Loire (13M€) qui refont leur apparition après un mois de mai au point mort. La suite du classement est occupée par l'Auvergne-Rhône-Alpes (8,2M€), la Normandie (4,2M€), les Hauts-de-France (3,3M€), la Bretagne (2,6M€) et la Provence-Alpes-Côte d'Azur (400K€).
Au niveau semestriel, l'Auvergne-Rhône-Alpes arrive en deuxième position (267,4M€), suivie de la Bretagne (177,8M€), la Nouvelle-Aquitaine (121,5M€), l'Occitanie (121,3M€) et les Hauts-de-France (108,3M€).