Cette année encore, Bpifrance organise son traditionnel Tour de France des initiatives deeptech pour célébrer la dynamique collective et renforcer les liens entre les différents acteurs du secteur. « Cette initiative fait partie intégrante du plan Deeptech lancé il y a 5 ans par l'État et opéré par Bpifrance dans le but de faire émerger 500 startups deeptech d'ici 2030 », commente Paul-François Fournier, directeur exécutif de Bpifrance Innovation, lors de l'étape à Paris célébrée ce 6 juin. Ce dernier rappelle que le seuil des 320 startups a été dépassé l'an passé, un signe encourageant pour pallier « la désindustrialisation généralisée qui a eu lieu en France depuis 10 ans ».
Car si les projets deeptech naissent principalement au sein de laboratoires, leur objectif est bien de proposer de l'innovation de rupture au service de l'Industrie avec un grand "I". « Il ne faut pas non plus oublier l'accompagnement des PME, PMI et ETI car le tissu industriel français est très riche et ne se limite pas aux startups », complète Nathalie Drach-Temam, présidente de l'université Paris-Sorbonne, qui partage aussi l'intérêt d'un meilleur transfert technologique du monde de la recherche vers celui de l'innovation.
Booster le transfert technologique
L'université qu'elle représente va par ailleurs plus loin que l'accompagnement de pépites deeptech : elle vient d'annoncer en janvier dernier le lancement de "Sorbonne Venture", un fonds d’amorçage dédié aux projets deeptech et healthtech. De son côté, Stéphanie Allassonnière, professeure et vice-présidente Valorisation à l'University Paris Cité - mais aussi elle-même fondatrice de la deeptech Sonio - insiste sur l'importance d'un bon « product market fit pour être plus robuste avant de se lancer » et s'engage pour la santé planétaire.
« L'université s'est totalement transformée pour s'ouvrir pleinement au monde socio-économique, décrit Cédric Denis-Rémis, vice-président développement innovation et entrepreneuriat à l'Université PSL. Il n'y a plus d'opposition entre faire de la recherche d'excellence et entreprendre ». Tout l'enjeu pour lui est d'inciter les chercheurs à créer des entreprises plutôt que de devenir licenciés. La clé reste de trouver davantage de talents chercheurs aptes à se lancer dans l'aventure entrepreneuriale mais aussi des fonds pour qu'ils puissent concrétiser leurs ambitions.
Théau Peronnin, cofondateur de la pépite quantique Alice & Bob, explique avoir justement bénéficié de ces leviers de transfert technologique après son doctorat à l'ENS de Paris. « J'avais en tête de continuer mes recherches mais j'aurais surtout regretté de ne jamais avoir tenté ma chance dans l'entrepreneuriat », justifie-t-il. Sa startup, qui avait déjà levé 27 millions d'euros en 2022, a décroché en mars dernier une subvention de 16,5 millions d'euros via le plan France 2030 afin d'accélérer l'industrialisation de son calculateur quantique.
Un besoin en financement critique
Le plan France 2030, lancé en 2021, vise notamment à accélérer le transfert de technologies des laboratoires au monde économique. Une partie de ce soutien s'adresse, via le plan Deeptech, aux sujets de santé (Biotech, Medtech…), d'environnement (Climate tech, RSE, sobriété énergétique, bilan carbone, …) mais aussi d'industrie et de souveraineté (informatique quantique, robotique, IA générative, Agritech…).
Après une année 2023 exceptionnelle pour la Deeptech (1,66 milliard d'euros), 2024 reste pour l'instant un peu plus timide en raison d'une contraction du marché du capital-risque persistante. D'où l'importance de muscler cet écosystème en soutenant des investissements en pré-seed, seed et série A dans des startups deeptech. « Cette recherche de fonds en amorçage est cruciale », rapporte Stanley Durrleman, cofondateur et CEO de Qairnel, un spin-off de l'Institut du Cerveau de Paris, qui développe des solutions numériques basées sur l'IA pour mieux détecter et anticiper la progression de la maladie d'Alzheimer.
« Cela fait plus de 10 ans que la recherche pour prédire le déclin cognitif est en cours, détaille-t-il. Mais si nous ne prévoyons pas d'inclure ces avancées dans le parcours de soin des patients, nous n'aurons résolu qu'une partie du problème ». Ainsi, sa plateforme permet de détecter les troubles de la mémoire plus tôt mais aussi de proposer les traitements les plus adaptés. Au total, Qairnel compte plus de 4000 visiteurs mensuels et espère boucler un tour de table ces prochains mois. L'événement Deeptech Tour est un bon moyen pour attirer l'attention d'investisseurs potentiels.
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Pour en apprendre davantage sur la Deeptech et comment elle transforme notre société, mais aussi trouver des outils pour se lancer ou accompagner des projets, rendez-vous sur la plateforme lesdeeptech.fr proposée par Bpifrance et ses partenaires.