Cap vers le Nord pour le Fundtruck qui garera sa désormais célèbre camionnette à La Turbine de Dunkerque le 25 juin 2024 et sur le parvis d’EuraTechnologies à Lille le lendemain. Les rencontres promettent d’être denses et enrichissantes tant la région des Hauts-de-France s’affirme comme un territoire qui compte dans le domaine de la tech avec 1500 startups et PME, soit 8 % du total français, et 850 millions d’euros levés en 2023.

Terre minière et fer de lance de l’industrie textile, qui en avait fait pourtant la renommée et la richesse, la région a su profiter de ses qualités pour devenir un des leaders de la tech à l’échelle nationale mais aussi internationale. Avec de fortes ambitions : « nous ne voulons pas être le plus gros poisson du bocal mais celui de l’océan » affirme Sam Dahmani, directeur général délégué de la French Tech Lille.

Une fulgurance politique inspirée

Selon lui, « tout est parti dans les années 90 d’une fulgurance politique territoriale dans les Hauts-de-France qui a compris que le numérique représentait un secteur d’activités prometteur pour pallier les destructions d’emplois et s’inscrire dans l’avenir ». Même si l’éclatement de la bulle internet du début des années 2000 a freiné quelques élans, elle eu le mérite de poser quelques bases d’une relation forte entre la région et le numérique.

Résultat : entreprises et pouvoirs publics s’accordent alors à réhabiliter les anciennes usines textiles Le Blan et Lafont pour créer à Lille EuraTechnologies, le plus grand incubateur de startups en Europe en 2009. Plus d’un demi-milliard de fonds ont été levés par ses startups depuis. Et dans son sillon, émergent la verticale santé avec Eurasanté et les industries culturelles et créatives avec La Plaine Images à Tourcoing.

« Ces lieux ont permis de mettre un point rouge sur la carte nationale au même titre que la Silicon Sentier à Paris » explique Sam Dahmani. L’écosystème voit alors l’émergence de belles réussites avec quelques champions de la tech comme OVH, qui concurrence les plus grands acteurs internationaux, mais aussi Sarbacane sur l’e-mailing, Exotec, Innovafeed ou encore Verkor et sa Gigafactory à Dunkerque. « Ça crée un actif industriel dans tous les secteurs à forte valeur ajoutée » dans une région qui compte déjà de grands acteurs dans la mobilité comme Renault par exemple ou le retail avec la galaxie Mulliez.

Un vivier de talents et de financements

L’écosystème tech a aussi à sa disposition un vivier de talents avec notamment l’université de Lille qui est la plus grande de France avec 80 000 étudiants. « Le tissu de structures post-bac, qu’elles soient privées ou publiques, est dense d’où une dynamique de recherche appliquée, de nombreux laboratoires et l’accélération du transfert technologique vers l’industrie » analyse Sam Dahmani. La région dispose aussi d’un réseau d’affaires et de financement très actif comme Finorpa, dont une partie des souscripteurs sont des acteurs publics, Finovam ou encore IRD Invest. Dernier atout : une culture de l’international avec une situation géographique au cœur de l’Europe entre Paris, Bruxelles, Londres et Amsterdam.

La création de la French Tech Lille en 2019 avec « une politique commune publique-privée très en avance par rapport à ce qui se fait en Europe » a permis d’accélérer le mouvement tech. Surtout qu’elle poussé à ce que cette dynamique touche l’ensemble des Hauts-de-France. Quatre communautés ont été créées sur le territoire régional, Littoral, Grand Hainaut, Artois, Picardie, pour alimenter l’écosystème. La French Tech Lille est également en collaboration avec 14 communautés French Tech internationales. « Il y a aussi une qualité particulière dans la région : nous avons compris que nous réuissirons qu’ensemble d’où une certaine humilité et une culture du collectif » souligne Sam Dahmani.